Politique française
Régionales : la tentation communautaire
La plupart des grands partis avaient promis de leur ouvrir leurs listes. Mais les Français d’origine maghrébine, africaine ou antillaise sont les grands oubliés des régionales et cantonales en métropole. Et pour se faire entendre certains ont choisi la carte communautaire. Ils sont certes très minoritaires, mais commencent à faire des émules.
Elles sont rares, mais les listes communautaires pour ces élections se font remarquer après le débat sur la quasi-absence d’élus issus des minorités. Abel Djerari, adjoint d'une mairie de secteur à Marseille, est l’une de ces têtes de liste en région Provence Alpes Côte d'Azur. La grande majorité de ses candidats sont d'origine maghrébine. Mais il réfute l'étiquette de porte-drapeau d'une communauté. «Je suis né à Istres, je suis un enfant du pays», insiste-t-il avec une pointe d’accent provençal. «Le choix de faire cette liste n’est pas une question de couleur ou de représentativité en terme d’origine ethnique ou sociale. C’est simplement une question de pratique, ajoute Abel Djerari. S’il n’y a que des hommes blonds aux yeux bleus qui pratiquent une politique dans laquelle je me reconnais moi, enfant de la France, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’ils soient blonds aux yeux bleus. Maintenant, s’ils me mettent un ‘bronzé’ parce qu’ils croient me faire plaisir, et que ce ‘bronzé’ pratique une politique dans laquelle je ne me reconnais pas, je ne vais pas applaudir pour autant.»
Echaudés par l'attitude des grands partis aux régionales, d'autres envisagent également de faire cavalier seul. C’est le cas de Dogad Dogui. Président de l’association Africagora, qui milite pour une meilleure représentation des originaires d’Afrique ou des Antilles dans la politique, il envisage de présenter une liste dite de la «diversité» aux élections européennes de juin. Il espère notamment rallier des personnalités d’origine africaine, antillaise, voire maghrébine, membres de partis politiques existants qui se sont vues refuser une position éligible aux élections régionales.
«Ce n’est pas votre tour»
Et il présente son projet comme une réponse au manque d'ouverture des formations traditionnelles. «Au moment de la préparation des élections régionales, nous avions proposé aux différents partis républicains de mettre en position éligible des français d’origine africaine, caribéenne ou du Maghreb, raconte-t-il. La réponse qui nous a été donnée, à droite comme à gauche, c’est que ce n’est pas notre tour, qu’il n’est pas encore temps. Alors nous pensons que la solution pour que des citoyens puissent s’exprimer, c’est qu’ils se présentent aux suffrages des électeurs.»
Dans le parti de Jacques Chirac on accueille ce type d’initiative avec méfiance. L’entourage du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, rappelle l’hostilité de l’UMP à l’égard du communautarisme et met en avant les progrès réalisés par l’actuel gouvernement, avec notamment la nomination de deux ministres d’origine maghrébine. Mais il pronostique aussi l’échec des listes «ethniques». «Cela m’inquiéterait si ces listes parvenaient à faire un bon score. Mais je crois que bon nombre de nos concitoyens issus de différentes communautés sont très largement en faveur d’un certain idéal de la république française et eux-mêmes rejetteront ce type d’initiatives», affirme Christian Estrosi, député UMP proche de Nicolas Sarkozy.
Cela dit, la plupart des partis politiques français reconnaissent aujourd’hui qu'ils doivent s'ouvrir davantage aux minorités. Certains commencent même à donner l’exemple, comme les centristes de l’UDF qui présentent six candidats antillais en Ile de France, dont une tête de liste dans le Val d’Oise. Mais d’une manière générale, un nombre infime de français «d’ailleurs» sont en position éligible pour les scrutins des 21 et 28 mars. Et pour les élections européennes, les déçus des régionales attendent plus que de simples promesses.
Echaudés par l'attitude des grands partis aux régionales, d'autres envisagent également de faire cavalier seul. C’est le cas de Dogad Dogui. Président de l’association Africagora, qui milite pour une meilleure représentation des originaires d’Afrique ou des Antilles dans la politique, il envisage de présenter une liste dite de la «diversité» aux élections européennes de juin. Il espère notamment rallier des personnalités d’origine africaine, antillaise, voire maghrébine, membres de partis politiques existants qui se sont vues refuser une position éligible aux élections régionales.
«Ce n’est pas votre tour»
Et il présente son projet comme une réponse au manque d'ouverture des formations traditionnelles. «Au moment de la préparation des élections régionales, nous avions proposé aux différents partis républicains de mettre en position éligible des français d’origine africaine, caribéenne ou du Maghreb, raconte-t-il. La réponse qui nous a été donnée, à droite comme à gauche, c’est que ce n’est pas notre tour, qu’il n’est pas encore temps. Alors nous pensons que la solution pour que des citoyens puissent s’exprimer, c’est qu’ils se présentent aux suffrages des électeurs.»
Dans le parti de Jacques Chirac on accueille ce type d’initiative avec méfiance. L’entourage du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, rappelle l’hostilité de l’UMP à l’égard du communautarisme et met en avant les progrès réalisés par l’actuel gouvernement, avec notamment la nomination de deux ministres d’origine maghrébine. Mais il pronostique aussi l’échec des listes «ethniques». «Cela m’inquiéterait si ces listes parvenaient à faire un bon score. Mais je crois que bon nombre de nos concitoyens issus de différentes communautés sont très largement en faveur d’un certain idéal de la république française et eux-mêmes rejetteront ce type d’initiatives», affirme Christian Estrosi, député UMP proche de Nicolas Sarkozy.
Cela dit, la plupart des partis politiques français reconnaissent aujourd’hui qu'ils doivent s'ouvrir davantage aux minorités. Certains commencent même à donner l’exemple, comme les centristes de l’UDF qui présentent six candidats antillais en Ile de France, dont une tête de liste dans le Val d’Oise. Mais d’une manière générale, un nombre infime de français «d’ailleurs» sont en position éligible pour les scrutins des 21 et 28 mars. Et pour les élections européennes, les déçus des régionales attendent plus que de simples promesses.
par Christophe Champin
Article publié le 18/03/2004