Terrorisme
La France menacée à son tour
Une lettre de menace a été adressée au Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, par un groupe terroriste inconnu qui promet de s’en prendre aux intérêts français si la loi sur l’interdiction du port du voile islamique à l’école, adoptée récemment par le parlement, n’est pas retirée. Le chef du gouvernement a immédiatement rendu publique l’existence de ce courrier, tout en tenant des propos rassurants et en appelant les Français à rester sereins. Il s’est aussi engagé à dire toute la vérité sur les menaces terroristes. Dans un contexte marqué par les attaques contre le Premier ministre espagnol, José Maria Aznar, accusé d’avoir dissimulé les informations concernant les auteurs des attentats de Madrid, Jean-Pierre Raffarin prend les devants en jouant la carte de la transparence.
Plus jamais ça, autrement dit plus jamais de mensonges et de dissimulations. Jean-Pierre Raffarin semble avoir tiré les leçons du message que les Espagnols ont adressé à leurs dirigeants depuis l’attentat qui a coûté la vie à 201 personnes, la semaine dernière à Madrid. Face à la menace terroriste, il s’est engagé à être honnête et sans détour: «Nous tenons à une politique de vérité dans l’information. Nous disons et nous dirons toujours clairement ce que nous savons sur la situation telle qu’elle est aujourd’hui».
Dans la perspective des élections régionales dont le premier tour doit avoir lieu dans quelques jours, le Premier ministre ne veut pas laisser s’insinuer un doute quelconque dans l’esprit des Français. L’exemple des législatives espagnoles à l’occasion desquelles les électeurs ont sanctionné l’attitude du gouvernement après les attentats sanglants de Madrid en votant massivement pour l’opposition, a montré que la sanction du mensonge pouvait être immédiate. Jean-Pierre Raffarin a donc choisi, dès que la lettre de menace reçue par Le Parisien et Le Monde lui a été transmise, d’en informer les Français.
«N’ayons pas peur, ce serait la première victoire des terroristes»
Ce message menace clairement la France d’attentats sanglants. Les auteurs qui se présentent comme «les serviteurs d’Allah, Le Puissant et Le Sage» affirment qu’ils plongeront «la France dans la terreur et le remords» et feront «déborder le sang» au-delà des frontières du pays, si leur revendication n’est pas entendue. Les terroristes réclament le retrait pur et simple de la loi qui interdit le port du foulard islamique, «hijab», dans les écoles françaises. Une loi qui a fait, selon eux, basculer la France dans le camp «des ennemis les plus acharnés de l’islam». Le message ne donne pas d’autres indications sur la menace mais Jean-Pierre Raffarin est prévenu de son caractère «inéluctable».
Ce texte de deux pages rédigé en français et dactylographié a été envoyé de Paris par la poste ordinaire à deux quotidiens, Le Parisien et Le Monde, qui l’ont immédiatement transmis aux services de police. Il est signé par le «Mosvar Barayev commando», un groupe jusque-là inconnu des services de renseignement et dont le nom fait référence au terroriste islamiste tchétchène responsable de la prise d’otages réalisée au théâtre de Moscou en octobre 2002, qui avait été tué lors de l’intervention de libération menée par les forces spéciales russes. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a indiqué que la «phraséologie» du message ne correspondait pas «au rythme habituel» des textes envoyés par des extrémistes. D’autre part, le nom du terroriste tchétchène a mal été orthographié et deux lettres ont été inversées. Les auteurs ont, en effet, écrit «Mosvar» au lieu de «Movsar».
Malgré ces indications qui font planer un doute sur l’origine exacte du message, les autorités françaises ont affirmé que la menace était prise «avec sérieux», comme toutes les menaces terroristes. Pour autant, le Premier ministre a appelé les Français à ne pas céder à la panique : «N’ayons pas peur, ce serait la première victoire des terroristes». Et il a rappelé que la France avait pris des mesures pour assurer la sécurité de la population : «Nous sommes dans un pays qui ne doit pas avoir peur, nous avons des capacités de sécurité renforcées, nous avons mis beaucoup de moyens, des moyens policiers, des moyens de gendarmes, des moyens financiers pour suivre l’ensemble des renseignements qui sont nécessaires».
Cette lettre de menace n’a pas entraîné une modification des niveaux d’alerte en France. Mais le ministre de l’Intérieur a néanmoins précisé qu’ils étaient déjà au degré maximum (rouge) dans les gares et les aéroports. Une réunion des responsables des services de police et de renseignement a tout de même été organisée immédiatement au ministère de l’Intérieur pour «évaluer la situation». Et le Premier ministre a indiqué qu’il «pilotait» lui-même avec les ministres concernés «la mobilisation nationale sous l’autorité du chef de l’Etat». Ce dernier a d’ailleurs déclaré en conseil des ministres, le 17 mars, que les démocraties ne se laisseraient pas «impressionner» par le terrorisme et qu’elles devaient «renforcer encore leur unité» et «défendre leurs valeurs».
Après les terribles attentats de Madrid, dont l’organisation a été attribuée à Al Qaïda, l’envoi d’une lettre de menace à la France par un présumé groupe islamiste arrive à point nommé pour accentuer la crainte de nouvelles attaques terroristes en Europe. Les Britanniques ne cessent d’ailleurs de rappeler qu’un attentat contre Londres est «inévitable». Dans ce contexte, les Européens ont décidé de renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme. Des mesures devraient donc être annoncées lors du sommet de Bruxelles les 25 et 26 mars prochains.
Dans la perspective des élections régionales dont le premier tour doit avoir lieu dans quelques jours, le Premier ministre ne veut pas laisser s’insinuer un doute quelconque dans l’esprit des Français. L’exemple des législatives espagnoles à l’occasion desquelles les électeurs ont sanctionné l’attitude du gouvernement après les attentats sanglants de Madrid en votant massivement pour l’opposition, a montré que la sanction du mensonge pouvait être immédiate. Jean-Pierre Raffarin a donc choisi, dès que la lettre de menace reçue par Le Parisien et Le Monde lui a été transmise, d’en informer les Français.
«N’ayons pas peur, ce serait la première victoire des terroristes»
Ce message menace clairement la France d’attentats sanglants. Les auteurs qui se présentent comme «les serviteurs d’Allah, Le Puissant et Le Sage» affirment qu’ils plongeront «la France dans la terreur et le remords» et feront «déborder le sang» au-delà des frontières du pays, si leur revendication n’est pas entendue. Les terroristes réclament le retrait pur et simple de la loi qui interdit le port du foulard islamique, «hijab», dans les écoles françaises. Une loi qui a fait, selon eux, basculer la France dans le camp «des ennemis les plus acharnés de l’islam». Le message ne donne pas d’autres indications sur la menace mais Jean-Pierre Raffarin est prévenu de son caractère «inéluctable».
Ce texte de deux pages rédigé en français et dactylographié a été envoyé de Paris par la poste ordinaire à deux quotidiens, Le Parisien et Le Monde, qui l’ont immédiatement transmis aux services de police. Il est signé par le «Mosvar Barayev commando», un groupe jusque-là inconnu des services de renseignement et dont le nom fait référence au terroriste islamiste tchétchène responsable de la prise d’otages réalisée au théâtre de Moscou en octobre 2002, qui avait été tué lors de l’intervention de libération menée par les forces spéciales russes. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a indiqué que la «phraséologie» du message ne correspondait pas «au rythme habituel» des textes envoyés par des extrémistes. D’autre part, le nom du terroriste tchétchène a mal été orthographié et deux lettres ont été inversées. Les auteurs ont, en effet, écrit «Mosvar» au lieu de «Movsar».
Malgré ces indications qui font planer un doute sur l’origine exacte du message, les autorités françaises ont affirmé que la menace était prise «avec sérieux», comme toutes les menaces terroristes. Pour autant, le Premier ministre a appelé les Français à ne pas céder à la panique : «N’ayons pas peur, ce serait la première victoire des terroristes». Et il a rappelé que la France avait pris des mesures pour assurer la sécurité de la population : «Nous sommes dans un pays qui ne doit pas avoir peur, nous avons des capacités de sécurité renforcées, nous avons mis beaucoup de moyens, des moyens policiers, des moyens de gendarmes, des moyens financiers pour suivre l’ensemble des renseignements qui sont nécessaires».
Cette lettre de menace n’a pas entraîné une modification des niveaux d’alerte en France. Mais le ministre de l’Intérieur a néanmoins précisé qu’ils étaient déjà au degré maximum (rouge) dans les gares et les aéroports. Une réunion des responsables des services de police et de renseignement a tout de même été organisée immédiatement au ministère de l’Intérieur pour «évaluer la situation». Et le Premier ministre a indiqué qu’il «pilotait» lui-même avec les ministres concernés «la mobilisation nationale sous l’autorité du chef de l’Etat». Ce dernier a d’ailleurs déclaré en conseil des ministres, le 17 mars, que les démocraties ne se laisseraient pas «impressionner» par le terrorisme et qu’elles devaient «renforcer encore leur unité» et «défendre leurs valeurs».
Après les terribles attentats de Madrid, dont l’organisation a été attribuée à Al Qaïda, l’envoi d’une lettre de menace à la France par un présumé groupe islamiste arrive à point nommé pour accentuer la crainte de nouvelles attaques terroristes en Europe. Les Britanniques ne cessent d’ailleurs de rappeler qu’un attentat contre Londres est «inévitable». Dans ce contexte, les Européens ont décidé de renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme. Des mesures devraient donc être annoncées lors du sommet de Bruxelles les 25 et 26 mars prochains.
par Valérie Gas
Article publié le 17/03/2004