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Argentine

Le gouvernement décide de ménager le FMI

A la dernière minute l’Argentine a décidé de verser 3,1 milliards de dollars au Fonds monétaire international afin de ne pas couper les ponts avec l’institution financière dont elle attend d’autres financements dans un avenir proche.
Comme il l’avait fait en septembre dernier, le président argentin Nestor Kirchner a fait mine de ne pas vouloir rembourser l’échéance de 3,1 milliards de dollars due au FMI le 9 mars. Mais, à quelques heures de l’expiration du délai, ce montant a finalement été versé. Un défaut de paiement au FMI aurait en effet présenté le risque, pour l’Argentine, de lui fermer la voie à tout nouvel octroi de crédit et de lui aliéner les marchés financiers mondiaux.

Ce geste de bonne volonté à l’égard du FMI a d’ailleurs été payant à court terme car Anne Kruger, directrice générale par intérim du FMI, après la démission-surprise de Horst Köhler, devrait recommander au conseil d’administration, le 22 mars prochain, l’approbation d’un accord révisé entre l’institution financière internationale et l’Argentine pour les trois ans à venir. Cela permettra de débloquer une deuxième tranche de crédit de 12,5 milliards de dollars accordés en septembre dernier.

Mais l’Argentine n’est pas pour autant tirée durablement d’affaire. La dette de ce pays, troisième puissance économique d’Amérique latine, après le Mexique et le Brésil, s’élève à 166 milliards de dollars, soit deux ans de son PIB. Environ 30 milliards de dollars de dette ont été contractés auprès du FMI et des autres institutions financières internationales comme la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.

La plus grosse partie de la dette, 88 milliards de dollars intérêts compris, est due à des créanciers privés qui ne sont plus remboursés depuis décembre 2001. Le FMI souhaiterait que soient davantage pris en considération ces créanciers privés auxquels l’Argentine a proposé de rembourser 25% seulement des montants dus. Proposition qui n’a guère reçu d’écho favorable.

Entre le marteau et l’enclume

Le gouvernement argentin peut-il vraiment faire beaucoup mieux ? La crise économique sans précédent, en 2002, a entraîné une dévaluation de 70% du peso et, depuis, le pays en faillite tente de se redresser. Plus de la moitié des 36 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le chômage dépasse les 16%. Un million et demi de sans-emploi survivent avec une allocation publique de 50 dollars par mois.

L’économie argentine est cependant sur une bonne pente. La croissance a atteint 8,4% en 2003 et on attend un redressement de 5 à 6% cette année. Tiraillé entre ses créanciers et les besoins sociaux immenses de ses citoyens, comme entre le marteau et l’enclume, le gouvernement met en avant qu’il ne peut pas verser plus sans mettre en danger la reprise économique et aggraver le sort de la population. Des manifestations ont eu lieu à Buenos Aires pour exiger du président Kirchner qu’il cesse les remboursements au FMI. Les manifestants plaident que si l’argent consacré au remboursement de la dette était injecté dans l’économie, la réactivation de l’activité productive permettrait à terme de ne plus avoir à solliciter de crédits.

L’ancien directeur du FMI Horst Köhler en annonçant sa démission, il y a quelques jours, a émis des critiques sur la façon dont cette institution gère les crises financières. Et, concernant l’Argentine il a tenu à souligner les progrès enregistrés depuis l’accession de Nestor Kirchner à la présidence. A côté des succès rencontrés par le FMI dans les crises brésilienne et turque, un ancien économiste en chef du FMI Michael Mussa a, pour sa part, jugé «catastrophique» l’échec du FMI en Argentine.



par Francine  Quentin

Article publié le 10/03/2004