Côte d''Ivoire
Calme précaire à Abidjan
Après la manifestation interdite du 25 mars chaque camp compte ses morts. Macabre exercice qui tend à conforter les convictions des uns et des autres dans la légitimité de leur action. Mais au-delà, c’est bien de la remise en cause du processus de retour à une légalité institutionnelle dont il s’agit.
Le bilan est lourd, très lourd pour une manifestation qui se voulait «pacifique» et par ailleurs interdite par les pouvoirs publics. Mais les organisateurs n’y ont pas renoncé parce que le droit de manifester fait partie «des dispositions internationales relatives aux droits humains qui lient la Côte d’Ivoire», rappelle la fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), à propos de la répression exercée par les forces de maintien de l’ordre. La FIDH réclame la constitution d’une commission d’enquête «afin de faire la lumière sur les événements sanglants, dégager les responsabilités (…) », précise-t-elle dans un communiqué.
Selon le cabinet du ministre de la Sécurité intérieure, la manifestation aurait fait 25 tués dont 2 policiers. Les autorités ivoiriennes se sont vantées d’avoir mis au point un dispositif mixte et dissuasif «composé de policiers en première ligne, suivi de gendarmes et enfin des militaires pour assurer la défense du territoire du district». Pour elles, la responsabilité des échauffourées incombe aux manifestants armés pour certains de «fusils calibre 12, de gourdins, de barres de fer». Ces mêmes autorités précisent que des communiqués à l’attention des forces de l’ordre leur recommandaient «l’usage d’armes conventionnelles, lacrymogène et matraque, sauf en cas de légitime défense». Déplorant le nombre de victimes, les autorités policières annoncent l’ouverture d’une enquête auprès de la police judiciaire «pour établir les circonstances de leur mort».
Du côté des organisateurs de la manifestation, le point de vue est tout autre. Les forces de l’ordre sont rendues entièrement responsables des affrontements qui ont fait plusieurs dizaines de morts. Ils appellent d’ailleurs les militants de leurs partis à continuer à manifester jusqu’à pouvoir atteindre la place de la République, au quartier Plateau, le centre administratif et des affaires. Dans ce quartier la circulation est presque nulle et plupart des magasins sont restés fermés. A part des coups de feu sporadiques entendus dans la nuit du 25 au 26 mars, la matinée a été relativement calme. La ville est toujours quadrillée par les forces de maintien de l’ordre. Malgré le calme apparent la vie n’a pas repris son cours normal à d’Abidjan. Le quartier d’Abobo, théâtre des affrontements les plus violents, les habitants sont restés aujourd’hui terrés chez eux.
Le gouvernement réduit au tiers
Côte politique, l’heure est au montage des stratégies d’actions. Le gouvernement, pour ce qu’il en reste, essentiellement des membres du Front populaire ivoirien (FPI), le parti du président Laurent Gbagbo multiplie les réunions de crise. Les états-majors des autres partis politiques organisent eux–aussi des réunions pour étudier les suites à donner au mouvement qu’ils ont engagé. De fait, le processus de retour aux institutions démocratiques et à la paix en Côte d’Ivoire prend un coup d’arrêt. Le départ du gouvernement des ministres des partis signataires de l’accord de Marcoussis en janvier 2003 crée une situation de blocage inédite. Le Premier ministre Seydou Diarra se retrouve à la tête d’un gouvernement réduit des trois-quarts de ses membres.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien chef de l’Etat Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara détiennent chacun sept portefeuilles ministériels contre neuf pour les Forces nouvelles (ex-rebelles), deux pour l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) du défunt et ex-président de la République, Robert Gueï et un pour le Mouvement des forces de l’Avenir (MFA). Le gouvernement de réconciliation nationale ne compte désormais que 15 membres 41 à l’origine. Le FPI détient 10 portefeuilles, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) 2 et l’Union démocratique citoyenne (UDCY) 1. A ce décompte il faut ajouter les deux ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, René Amani et Martin Bléou issus de la société civile, nommés par Laurent Gbagbo et qui ont été à l’origine de la première crise de gouvernement.
En attendant le discours à la nation du président Laurent Gbagbo, le représentant du secrétaire général de l’ONU et président du comité de suivi des accords de Marcoussis et Accra II a commencé des consultations tous azimuts et convoque des réunions au siège de Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Minuci), à Abidjan.
Selon le cabinet du ministre de la Sécurité intérieure, la manifestation aurait fait 25 tués dont 2 policiers. Les autorités ivoiriennes se sont vantées d’avoir mis au point un dispositif mixte et dissuasif «composé de policiers en première ligne, suivi de gendarmes et enfin des militaires pour assurer la défense du territoire du district». Pour elles, la responsabilité des échauffourées incombe aux manifestants armés pour certains de «fusils calibre 12, de gourdins, de barres de fer». Ces mêmes autorités précisent que des communiqués à l’attention des forces de l’ordre leur recommandaient «l’usage d’armes conventionnelles, lacrymogène et matraque, sauf en cas de légitime défense». Déplorant le nombre de victimes, les autorités policières annoncent l’ouverture d’une enquête auprès de la police judiciaire «pour établir les circonstances de leur mort».
Du côté des organisateurs de la manifestation, le point de vue est tout autre. Les forces de l’ordre sont rendues entièrement responsables des affrontements qui ont fait plusieurs dizaines de morts. Ils appellent d’ailleurs les militants de leurs partis à continuer à manifester jusqu’à pouvoir atteindre la place de la République, au quartier Plateau, le centre administratif et des affaires. Dans ce quartier la circulation est presque nulle et plupart des magasins sont restés fermés. A part des coups de feu sporadiques entendus dans la nuit du 25 au 26 mars, la matinée a été relativement calme. La ville est toujours quadrillée par les forces de maintien de l’ordre. Malgré le calme apparent la vie n’a pas repris son cours normal à d’Abidjan. Le quartier d’Abobo, théâtre des affrontements les plus violents, les habitants sont restés aujourd’hui terrés chez eux.
Le gouvernement réduit au tiers
Côte politique, l’heure est au montage des stratégies d’actions. Le gouvernement, pour ce qu’il en reste, essentiellement des membres du Front populaire ivoirien (FPI), le parti du président Laurent Gbagbo multiplie les réunions de crise. Les états-majors des autres partis politiques organisent eux–aussi des réunions pour étudier les suites à donner au mouvement qu’ils ont engagé. De fait, le processus de retour aux institutions démocratiques et à la paix en Côte d’Ivoire prend un coup d’arrêt. Le départ du gouvernement des ministres des partis signataires de l’accord de Marcoussis en janvier 2003 crée une situation de blocage inédite. Le Premier ministre Seydou Diarra se retrouve à la tête d’un gouvernement réduit des trois-quarts de ses membres.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien chef de l’Etat Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara détiennent chacun sept portefeuilles ministériels contre neuf pour les Forces nouvelles (ex-rebelles), deux pour l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) du défunt et ex-président de la République, Robert Gueï et un pour le Mouvement des forces de l’Avenir (MFA). Le gouvernement de réconciliation nationale ne compte désormais que 15 membres 41 à l’origine. Le FPI détient 10 portefeuilles, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) 2 et l’Union démocratique citoyenne (UDCY) 1. A ce décompte il faut ajouter les deux ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, René Amani et Martin Bléou issus de la société civile, nommés par Laurent Gbagbo et qui ont été à l’origine de la première crise de gouvernement.
En attendant le discours à la nation du président Laurent Gbagbo, le représentant du secrétaire général de l’ONU et président du comité de suivi des accords de Marcoussis et Accra II a commencé des consultations tous azimuts et convoque des réunions au siège de Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Minuci), à Abidjan.
par Didier Samson
Article publié le 26/03/2004