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Côte d''Ivoire

Polémique autour d'un bilan

Au lendemain de la manifestation du 25 mars à Abidjan le bilan officiel, selon les autorités politiques et policières était de 25 morts. Les organisateurs, eux annonçaient déjà plus de 160 victimes. Mais depuis chaque camp a revu à la hausse ses chiffres. Les organisateurs parlent maintenant de près de 500 morts, mais de sources diplomlatiques on en serait à au moins 300, alors que les autorités politiques d'Abidjan affichent un bilan de 37 victimes. Le comité de suivi des accords de Marcoussis réclame une commission internationale d'enquête.
Le bilan de la manifestation du 25 mars alimente le débat politique en Côte d’Ivoire. Les partis politiques qui ont appelé à la manifestation affirment aujourd'hui que le bilan s’élève à près de 500 victimes. Ils avancent des preuves de leur affirmation en faisant référence aux répressions qui se seraient poursuivies les 26 et 27 mars. «Arrestations, enlèvements, opérations commando, rafles», les mots ne sont plus assez forts pour l’opposition qui affirme que la riposte qui s’est exercée sur ses militants est «disproportionnée». Malgré tout «les forces politiques réaffirment que le mot d’ordre de marche reste en vigueur jusqu’à ce que la liberté qui leur est reconnue par l’article 11 de la constitution de manifester et d’exprimer leur différence soit respectée», affirment, dans un communiqué, les initiateurs du mouvement.

Côté pouvoir le démenti est cinglant. On s’en tient maintenant au nombre officiel de 37 morts. Le président Laurent Gbagbo dans son discours à la nation le 26 mars, a appelé la population au calme, tout en félicitant les forces de l’ordre pour leur sens du devoir. Il a déploré «les morts tragiques», mais impute la responsabilité des événements à ceux qui ont voulu «porter l’insurrection au cœur de la République et prolonger la souffrance des habitants de ce pays», a-t-il déclaré. Lors d’un point de presse dans les jardins du palais présidentiel il a ajouté que «La guerre est finie, l’affaire est pliée, nous allons vers la paix». Il a aussi lancé un appel à l’endroit de tous ceux qui ont suspendu leur participation au gouvernement en les incitant à revenir sur leur décision. Mais, à l’issue d’une concertation le 26 mars entre les partis politiques à l’origine de la manifestation, une fin de non recevoir a été signifiée au président de la République.

Tout le monde est inquiet

«C’est la fin du régime de monsieur Gbagbo», a déclaré Guillaume Soro, le secrétaire général des Forces nouvelles (...).«Nous n’allons plus tergiverser, nous irons jusqu’au bout, il faut que les populations de nos zones manifestent pour protester contre les tueries, pour dire que trop c’est trop», a-t-il lancé à l’endroit des groupes de manifestants à Bouaké, fief des Forces nouvelles. Les manifestants de Bouaké ont aussi dit leur détermination à chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. «On tue nos frères à Abidjan, il faut qu’on marche pour aller les sauver», criaient-il dans les rues de Bouaké.

A Abidjan, les mouvements de foule ne sont plus signalés. Selon des habitants joints par téléphone, «la ville est morte, pas de taxis, ni bus, on a peur de sortir», confient-ils. Seuls quelques commerces ont ouvert leurs portes, deux jours après la manifestation réprimée. La présence des forces de maintien de l’ordre est toujours aussi impressionnante mais plus importante dans certains quartiers que d’autres. Par ailleurs, alors que toute manifestation de rue est interdite par un décret présidentiel jusqu'au 30 avril, les jeunes patriotes, supporteurs de Laurent Gbagbo tiennent meeting le 27 mars à Treicheville, commune de l'agglomération abidjanaise. Environ 2500 manifestants y ont crié leur soutien à Laurent Gbagbo. La manifestation était sous haute surveillance de la Garde répubicaine.

L’inquiétude est forte dans la communauté internationale. L’Union européenne, le Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union africaine, la CEDEAO et la France expriment tous leur préoccupation devant les événements graves qui contrarient le processus de retour à la paix en Côte d’Ivoire. Quant au Premier ministre, chef du gouvernement de réconciliation nationale, Seydou Diarra, il est resté muet depuis le début de la crise. Le ministre de la Défense issu de la société civile, René Amani,lui,aurait manifesté son intention de démissionner. A quelques jours du déploiement des Casques bleus de l'ONU tout semble être remis en cause.



par Didier  Samson

Article publié le 27/03/2004 Dernière mise à jour le 29/03/2004 à 16:31 TU