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Afghanistan

La communauté internationale au chevet de Hamid Karzaï

Gerhard Schröder et Hamid Karzaï à l'ouverture de la  troisième conférence internationale à Berlin sur la reconstruction de l'Afghanistan. 

		AFP
Gerhard Schröder et Hamid Karzaï à l'ouverture de la troisième conférence internationale à Berlin sur la reconstruction de l'Afghanistan.
AFP
Berlin accueille mercredi et jeudi une conférence internationale destinée à faire le point, plus de deux ans après la chute du régime du mollah Omar, sur la reconstruction économique et politique de l’Afghanistan mais aussi sur les moyens de rétablir la sécurité dans un pays encore largement aux mains des «seigneurs de guerre». Une soixantaine de délégations et les chefs de la diplomatie d’une vingtaine de pays, parmi lesquels le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, participent à cette rencontre baptisée «L’Afghanistan et la communauté internationale, un partenariat pour l’avenir».

Intervenant à l’ouverture de la conférence, le président Hamid Karzaï a lancé un vibrant appel à la communauté internationale pour qu’elle ne laisse pas son pays redevenir un «sanctuaire pour trafiquants et terroristes». «Ce que nous avons accompli est prometteur, mais permettez-moi de dire avec franchise que la reconstruction ne fait que commencer», a-t-il ainsi déclaré. Le chef de l’Etat afghan et son gouvernement estiment en effet que le pays a besoin d’une assistance d’au moins 27 milliards et demi de dollars sur sept ans pour faire face aux défis qui l’attendent. Lors de la dernière conférence des donateurs qui s’est tenue en décembre 2002 à Tokyo, une aide de 4 milliards et demi de dollars avaient été débloquée. Cette somme est désormais jugée insuffisante au regard des coûts réels de la reconstruction et surtout des difficultés auxquelles doit faire face le gouvernement.

Près de deux ans et demi après la chute des Taliban, l’Afghanistan n’a en effet toujours pas été pacifié. Moins de 20% du territoire sont aujourd’hui sous le contrôle des Américains et de leurs alliés et les efforts des autorités de Kaboul pour désarmer les multiples milices qui tiennent le pays sous leur coupe semblent vains. L’objectif du gouvernement, qui avec l’aide des Nations unies s’est engagé à désarmer les quelque 100 000 miliciens et à intégrer 40% d’entre eux dans la nouvelle armée afghane d’ici le mois de juin, semble à ce titre bien difficile à mettre en œuvre.

Ce climat d’insécurité, aggravé par le regain d’activités des Taliban dans la ceinture pachtoune au sud-est du pays, est largement à l’origine du report au mois de septembre des élections générales qui devaient se tenir dans trois mois. Par peur de représailles, moins d’un Afghan sur dix s’est en effet enregistré sur les listes électorales. Sans compter que les circonscriptions n’ont toujours pas été définies et la loi électorale toujours pas rédigée. Alors que les accords inter-afghans de Bonn, qui ont donné naissance à l’actuel gouvernement, prévoyaient que les élections devaient avoir lieu au plus tard en juin, leur report semble paradoxalement soulager la communauté internationale qui s’en est félicitée. «Tant que des armes se trouvent entre les mains de factions rivales, il n’y a pas de garantie de sécurité pour les citoyens au niveau de la vie quotidienne et certainement pas pour une élection», a ainsi justifié le nouveau représentant des Nations unies en Afghanistan, le Français Jean Arnauld.

Drogue: production en évolution constante

Pour faire face à l’insécurité grandissante, les autorités de Kaboul souhaitent que l’Otan, qui commande les 6 000 militaires de la Force internationale de stabilisation de l’Afghanistan (ISAF) aujourd’hui confinés à Kaboul, étende son activité à l’ensemble du pays. La question doit être abordée à la conférence de Berlin qui devrait annoncer une extension du mandat de l’ISAF. Elle devrait également annoncer la création de nouvelles équipes de reconstruction provinciales (PRT) en plus des onze déjà actives dans certaines provinces afghanes. Ces équipes tentent de faire aboutir des projets humanitaires et de sécuriser les régions où elles opèrent.

Mais outre l’insécurité, le gouvernement de Hamid Karzaï doit également faire face à l’énorme fléau que constitue la drogue. L’Afghanistan est en effet le premier producteur mondial de pavot. Les revenus du trafic d’opium représentent, avec 2,3 milliards de dollars, la moitié du produit intérieur brut et sont une rente importante pour les potentats locaux et les milices armées. Le problème est jugé à ce point sérieux que le président afghan a dans un plaidoyer improvisé lancé un signal d’alarme à la communauté internationale. Le trafic de drogue «menace l’existence même de l’Etat afghan», a-t-il ainsi déclaré à Berlin. «L’Afghanistan va devoir se battre contre la drogue mais le problème est trop immense» pour qu’il y réussisse seul», a-t-il ajouté en appelant les participants à la conférence de Berlin à aider à créer des alternatives économiques à la culture du pavot qui s’étend sur quelque 80 000 hectares en Afghanistan. Des alternatives qui s’annoncent d’ores et déjà difficiles dans la mesure où un hectare de blé rapporte 600 dollars alors que pour la même superficie la culture du pavot rapporte quelque 10 000 dollars.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 31/03/2004 Dernière mise à jour le 31/03/2004 à 16:30 TU

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Valérie Rohart

Envoyée spéciale de RFI à Berlin

«Pour convaincre de la nécessité de ce nouvel effort financier de la communauté internationale, Hamid Karzaï s’engage à mener son pays vers l’autonomie financière d’ici 10 ans.»

[31/03/2004]

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