Musique
Claude Nougaro est mort
Le chanteur toulousain est mort ce jeudi 4 mars des suites d'un cancer. Chanteur et poète éclectique, Claude Nougaro avait chanté sa ville (Toulouse), le jazz, la java et les rythmes africains ou brésiliens.
Le «Petit Taureau», comme on l'appelle affectueusement, a deux passions : le jazz et Toulouse, sa ville natale. Du jazz à la java, «Nougayork» est un artiste complet à la voix puissante, héritée de son papa baryton. Pionnier de la world music, avec ses influences brésiliennes précoces, il reste à près de soixante-dix ans un chanteur curieux et ouvert sur la création.
Apparu dans les années 60 sur le devant de la scène française, Claude Nougaro malgré un parcours parfois difficile, est devenu désormais un grand maître incontesté des mots et de la musique.
L'artiste est né à Toulouse dans le sud de la France, le 9 septembre 1929. Son père Pierre Nougaro est chanteur baryton. Sa mère Liette, pianiste et professeur. D'où une vie de tournées incessantes qui les obligent à confier Claude à ses grand-parents. Il passe une partie de son enfance dans le quartier populaire des Minimes où il côtoie les exilés de la guerre d'Espagne. En 39, la seconde Guerre mondiale éclate et la vie est encore plus difficile.
Dès son plus jeune âge, il écoute avec attention la TSF, à travers laquelle il découvre Edith Piaf et Charles Trenet, mais aussi le blues de Bessie Smith et le jazz scintillant de Glenn Miller. Son environnement musical est aussi enrichi par l'héritage parental : Massenet, Rossini, Verdi ou Bizet sont les compositeurs qui marquent son enfance.
Chaotique
Son adolescence se passe de façon un peu chaotique. Il est bringuebalé de collège en collège, de renvois en fugues. L'échec au baccalauréat est le point final de son parcours scolaire.
En 1947, Claude Nougaro s'essaie au journalisme et tente de survivre en signant quelques piges au «Journal des Curistes» à Vichy ou à «l'Echo d'Alger» en Algérie. Puis en 1950, débarrassé de ses obligations militaires, il vient à Paris où ses parents se sont finalement installés. Mais il se sent seul et désemparé. Il commence à écrire des poèmes.
En 1952, il rencontre le grand poète Audiberti qui devient à partir de ce moment-là un grand ami. A cette même époque, il croise également Brassens et Mouloudji. Il écrit aussi des textes pour Marcel Amont («Le Balayeur du roi») et Philippe Clay («Joseph»).
En 1955, l'artiste parvient à vaincre sa timidité et ose chanter ses premières chansons sur la scène du Lapin Agile, cabaret parisien situé sur la butte Montmartre. Il y crée en 58, «Il y avait une ville» qui est le premier titre de son premier enregistrement. Un 33 tours 25 cm de neuf chansons est gravé en 1959. Mais le succès n'est pas pour tout de suite, même si Nougaro fait le lever de rideau de Dalida le temps d'une tournée.
Une autre rencontre déterminante va accélérer les événements, celle du jeune pianiste et compositeur Michel Legrand, avec qui il enregistre un nouveau disque pour la firme Philips. Très influencés tous deux par le jazz, la couleur est donnée. «Une petite fille» est donc en 62 le premier succès discographique de Claude Nougaro. Les critiques sont dithyrambiques.
Cette année-là, il épouse aussi Sylvie rencontrée au Lapin Agile. Elle lui donne une fille, Cécile. Il rencontre aussi Edith Piaf à qui il rendra plus tard un bel hommage avec «Comme une Piaf».
L'année 63 confirme son succès. On entend partout «Cécile ma fille», extrait du troisième 45 tours paru en avril. Malheureusement, un accident de voiture immobilise le chanteur pendant plusieurs mois, et c'est sur des béquilles qu'il affronte le public de l'Olympia.
Brésil
En 1964, il rencontre le guitariste brésilien Baden Powell et sur le morceau «Berimbau», il va écrire «Bidonville». Le Brésil, devenu patrie de cour, lui inspirera plus tard, «Brésilien» (en 75) ou le célèbre «Tu verras» (en 78), reprise d'une chanson de Chico Buarque.
Toujours fidèle à sa musique de prédilection qu'est le jazz, Nougaro écrit en 1965 «A bout de souffle» inspiré de «Blue rondo à la turk» de Dave Brubeck. C'est à cette période que se constitue sa famille musicale avec l'organiste Eddy Louiss et le pianiste Maurice Vander, que l'on retrouve tout au long de la carrière du chanteur.
En juillet, Audiberti meurt alors que Claude Nougaro est en tournée sur la Côte d'Azur. Le chanteur l'avait hébergé durant un an. Sa peine est immense. En hommage, il écrit et enregistre aussitôt «Chanson pour le maçon».
Puis viennent «Armstrong», arrangé par Maurice Vander et «Sing Sing Song» d'après un morceau de Nat Adderley. En 1966 et 1967 il écrit et compose respectivement «L'Amour sorcier» et «Toulouse». En 68, c'est «Paris Mai», titre inspiré des évènements socio-politiques. Il obtient la consécration en passant deux semaines à l'Olympia en mai. Il enregistre à cette occasion son premier disque live «Une soirée avec Claude Nougaro».
En 1971, il chante trois semaines à Bobino et autant au Théâtre de la Ville en 73, toujours à guichets fermés. Durant cette période, il élabore de grandes chansons comme «Sour âme», «Locomotive d'or» ou «Victor», accompagné d'un montage audiovisuel. Puis ce sera «Montparis», évocation politique de la capitale française.
En 1974, il crée les éditions du Chiffre Neuf, dorénavant propriétaire de tous ses textes et mélodies à partir de cette date. A l'automne, il investit l'Olympia durant cinq semaines en compagnie du guitariste brésilien Baden Powell avec lequel il va tourner en 1975, puis avec Tania Maria, autre artiste brésilienne en 76 et enfin avec le duo des Etoiles.
Jazz
Claude Nougaro propose aussi en 1976, un nouvel album, «Femmes et famine», son premier disque chez Barclay. En février de l'année suivante, il crée à l'Olympia «Victor» et «Plume d'Ange» avec Maurice Vander et d'autres musiciens, spectacle complété par des projections de diapositives à partir de toiles du jeune peintre Daniel Estrade qu'il a pris sous son aile depuis 72.
Le Prix Spécial de la chanson française de l'Académie du disque lui est décerné en 78 pour «Tu verras». Inlassable, il triomphe à nouveau à l'Olympia en 79, puis part en tournée. Sur sa lancée, il sort un nouvel album, «Assez». En 80, Maurice Vander va former son propre groupe comme Eddy Louiss l'avait fait quelques temps auparavant. Le chanteur recrute alors de nouveaux talents toujours issus du jazz : l'accordéoniste Richard Galliano et le batteur italien Aldo Romano, etc. C'est le début d'une grande formation. En 81, il sort un album intitulé «Chansons nettes», puis début 82, il tente une nouvelle expérience en se produisant dans un célèbre club de jazz parisien, le New Morning. Cela ne l'empêche pas de partir en tournée pendant environ trois ans en passant par Paris en 83, pour dix jours au Palais des Sports à guichets fermés.
Au printemps 84, c'est l'apparition d'une nouvelle formation plus petite et moins électrique, avec le retour de Maurice Vander et l'arrivée de Pierre Michelot à la contrebasse et Bernard Lubat à la batterie. Au cours de cette période de mutation, il y a aussi la rencontre déterminante avec Hélène qui sera sa troisième épouse et dont il dit que c'est «la femme de sa mort».
Deux albums «Bleu Blanc Blues» en 85 et «Nougaro sur scène» en 86, plus de 300 concerts avec son trio pourraient laisser penser que tout va bien pour l'artiste. Pourtant, le chiffre de vente de ses disques est jugé insuffisant par sa maison de disques Barclay qui décide de se séparer de lui.
Rock
Cette rupture constitue un véritable électrochoc pour Claude Nougaro. Il décide de vendre son appartement parisien et part à New York pour tenter de trouver une nouvelle voie. Il rencontre un jeune surdoué des claviers, Philippe Saisse. Ensemble, ils vont sortir «Nougayork», album mâtiné de funk et de rock qui propulsera Nougaro dans une nouvelle ère.
Disque d'or avant même sa sortie puisque 100.000 exemplaires sont précommandés par les disquaires, la chanson qui lui donne son titre est un grand succès. Cet album lui permet de toucher un public beaucoup plus jeune. Dans la foulée, il sort un autre album américain «Pacifique», un peu moins abouti que le précédent mais qui renferme quand même le tube «Vive l'Alexandrin».
Fort de son nouveau succès, il décroche même les Victoires de la Musique du meilleur artiste et du meilleur album pour l'année 88. Après un Olympia en février 89, il se produit dans la grande salle du Zénith (6000 places) en avril et part en tournée avec une formation américaine.
Puis c'est le retour aux sources avec Maurice Vander, formule voix et accompagnement d'un piano solo. En 91, sort chez Philips le disque «Une voix Dix doigts». L'année suivante, c'est l'Olympia pour trois semaines de concerts puis une tournée de 220 dates.
Après cette parenthèse intimiste, Claude Nougaro sort un nouvel album en 93,»Chansongs» pour lequel il s'est assuré les services de musiciens hors pairs : Maurice Vander évidemment, le violoniste Didier Lockwood, Richard Galliano ou le zaïrois Ray Lema. Entre rap et jazz, musique irlandaise et tango, Claude Nougaro propose un tour du monde musical qui finalement, donne une nouvelle couleur à ses chansons.
Swing
En avril 94, il se marie avec sa compagne Hélène et retourne à l'Olympia en novembre.
Après une grave opération du cour en avril 95 et un long repos dans sa maison du sud de la France, il doit cesser toute activité. Il revient en 1997 à l'âge de 68 ans avec un nouveau disque «L'Enfant phare», une chanson-titre que lui a inspiré la fanfare dirigée par son ami Eddy Louiss. Toujours aussi «swing», Claude Nougaro compose une musique pleine d'énergie et écrit des paroles où les mots se jouent les uns des autres. Il est un «motsicien» comme lui-même se définit.
Pendant plus de deux semaines du 1er au 19 octobre 97, il se produit sur la scène du Casino de Paris. Ses problèmes de santé n'ont en aucun cas ôté sa jeunesse et son enthousiasme au chanteur. Entouré d'une formation d'excellents musiciens dont le fidèle Maurice Vander au piano et quelques jeunes issus du groupe de Didier Lockwood, Nougaro habille une nouvelle fois son répertoire d'un jazz élégant entre swing et douceur.
A la fin de l'été 98, Claude Nougaro donne un concert lors du festival de théâtre de Ramatuelle. Il présente ainsi les nouvelles chansons qu'il a enregistré en public quelques semaines plus tôt à Toulouse au bord de la Garonne. Un album live, retraçant cette soirée, sort le 21 septembre. La tournée se prolonge jusqu'en janvier 99 avec un passage au Palais des Congrès en octobre pour un spectacle très jazz.
A l'issue de cette série de concerts, Nougaro rencontre le jeune arrangeur Yvan Cassar que les stars de la chanson française s'arrachent. Le chanteur lui confie ses textes et mélodies. Pendant six mois, les deux hommes vont se retrouver dans un home studio et concocter ce qui devient «Embarquement immédiat», album de l'an 2000 aux sonorités très jazzy (participation d'un big band comme dans «Jet set») mais aussi africaines («Bozambo») ou celtes, etc. Les chansons légères («les Bas») côtoient des chansons graves («la Vie en noir») donnant ainsi une image assez fidèle de l'esprit de Nougaro. De son propre aveu, l'artiste livre là les derniers titres originaux de sa carrière.
Dossier réalisé par www.rfimusique.com
Le site de Claude Nougaro
http://www.nougaro.com/
Apparu dans les années 60 sur le devant de la scène française, Claude Nougaro malgré un parcours parfois difficile, est devenu désormais un grand maître incontesté des mots et de la musique.
L'artiste est né à Toulouse dans le sud de la France, le 9 septembre 1929. Son père Pierre Nougaro est chanteur baryton. Sa mère Liette, pianiste et professeur. D'où une vie de tournées incessantes qui les obligent à confier Claude à ses grand-parents. Il passe une partie de son enfance dans le quartier populaire des Minimes où il côtoie les exilés de la guerre d'Espagne. En 39, la seconde Guerre mondiale éclate et la vie est encore plus difficile.
Dès son plus jeune âge, il écoute avec attention la TSF, à travers laquelle il découvre Edith Piaf et Charles Trenet, mais aussi le blues de Bessie Smith et le jazz scintillant de Glenn Miller. Son environnement musical est aussi enrichi par l'héritage parental : Massenet, Rossini, Verdi ou Bizet sont les compositeurs qui marquent son enfance.
Chaotique
Son adolescence se passe de façon un peu chaotique. Il est bringuebalé de collège en collège, de renvois en fugues. L'échec au baccalauréat est le point final de son parcours scolaire.
En 1947, Claude Nougaro s'essaie au journalisme et tente de survivre en signant quelques piges au «Journal des Curistes» à Vichy ou à «l'Echo d'Alger» en Algérie. Puis en 1950, débarrassé de ses obligations militaires, il vient à Paris où ses parents se sont finalement installés. Mais il se sent seul et désemparé. Il commence à écrire des poèmes.
En 1952, il rencontre le grand poète Audiberti qui devient à partir de ce moment-là un grand ami. A cette même époque, il croise également Brassens et Mouloudji. Il écrit aussi des textes pour Marcel Amont («Le Balayeur du roi») et Philippe Clay («Joseph»).
En 1955, l'artiste parvient à vaincre sa timidité et ose chanter ses premières chansons sur la scène du Lapin Agile, cabaret parisien situé sur la butte Montmartre. Il y crée en 58, «Il y avait une ville» qui est le premier titre de son premier enregistrement. Un 33 tours 25 cm de neuf chansons est gravé en 1959. Mais le succès n'est pas pour tout de suite, même si Nougaro fait le lever de rideau de Dalida le temps d'une tournée.
Une autre rencontre déterminante va accélérer les événements, celle du jeune pianiste et compositeur Michel Legrand, avec qui il enregistre un nouveau disque pour la firme Philips. Très influencés tous deux par le jazz, la couleur est donnée. «Une petite fille» est donc en 62 le premier succès discographique de Claude Nougaro. Les critiques sont dithyrambiques.
Cette année-là, il épouse aussi Sylvie rencontrée au Lapin Agile. Elle lui donne une fille, Cécile. Il rencontre aussi Edith Piaf à qui il rendra plus tard un bel hommage avec «Comme une Piaf».
L'année 63 confirme son succès. On entend partout «Cécile ma fille», extrait du troisième 45 tours paru en avril. Malheureusement, un accident de voiture immobilise le chanteur pendant plusieurs mois, et c'est sur des béquilles qu'il affronte le public de l'Olympia.
Brésil
En 1964, il rencontre le guitariste brésilien Baden Powell et sur le morceau «Berimbau», il va écrire «Bidonville». Le Brésil, devenu patrie de cour, lui inspirera plus tard, «Brésilien» (en 75) ou le célèbre «Tu verras» (en 78), reprise d'une chanson de Chico Buarque.
Toujours fidèle à sa musique de prédilection qu'est le jazz, Nougaro écrit en 1965 «A bout de souffle» inspiré de «Blue rondo à la turk» de Dave Brubeck. C'est à cette période que se constitue sa famille musicale avec l'organiste Eddy Louiss et le pianiste Maurice Vander, que l'on retrouve tout au long de la carrière du chanteur.
En juillet, Audiberti meurt alors que Claude Nougaro est en tournée sur la Côte d'Azur. Le chanteur l'avait hébergé durant un an. Sa peine est immense. En hommage, il écrit et enregistre aussitôt «Chanson pour le maçon».
Puis viennent «Armstrong», arrangé par Maurice Vander et «Sing Sing Song» d'après un morceau de Nat Adderley. En 1966 et 1967 il écrit et compose respectivement «L'Amour sorcier» et «Toulouse». En 68, c'est «Paris Mai», titre inspiré des évènements socio-politiques. Il obtient la consécration en passant deux semaines à l'Olympia en mai. Il enregistre à cette occasion son premier disque live «Une soirée avec Claude Nougaro».
En 1971, il chante trois semaines à Bobino et autant au Théâtre de la Ville en 73, toujours à guichets fermés. Durant cette période, il élabore de grandes chansons comme «Sour âme», «Locomotive d'or» ou «Victor», accompagné d'un montage audiovisuel. Puis ce sera «Montparis», évocation politique de la capitale française.
En 1974, il crée les éditions du Chiffre Neuf, dorénavant propriétaire de tous ses textes et mélodies à partir de cette date. A l'automne, il investit l'Olympia durant cinq semaines en compagnie du guitariste brésilien Baden Powell avec lequel il va tourner en 1975, puis avec Tania Maria, autre artiste brésilienne en 76 et enfin avec le duo des Etoiles.
Jazz
Claude Nougaro propose aussi en 1976, un nouvel album, «Femmes et famine», son premier disque chez Barclay. En février de l'année suivante, il crée à l'Olympia «Victor» et «Plume d'Ange» avec Maurice Vander et d'autres musiciens, spectacle complété par des projections de diapositives à partir de toiles du jeune peintre Daniel Estrade qu'il a pris sous son aile depuis 72.
Le Prix Spécial de la chanson française de l'Académie du disque lui est décerné en 78 pour «Tu verras». Inlassable, il triomphe à nouveau à l'Olympia en 79, puis part en tournée. Sur sa lancée, il sort un nouvel album, «Assez». En 80, Maurice Vander va former son propre groupe comme Eddy Louiss l'avait fait quelques temps auparavant. Le chanteur recrute alors de nouveaux talents toujours issus du jazz : l'accordéoniste Richard Galliano et le batteur italien Aldo Romano, etc. C'est le début d'une grande formation. En 81, il sort un album intitulé «Chansons nettes», puis début 82, il tente une nouvelle expérience en se produisant dans un célèbre club de jazz parisien, le New Morning. Cela ne l'empêche pas de partir en tournée pendant environ trois ans en passant par Paris en 83, pour dix jours au Palais des Sports à guichets fermés.
Au printemps 84, c'est l'apparition d'une nouvelle formation plus petite et moins électrique, avec le retour de Maurice Vander et l'arrivée de Pierre Michelot à la contrebasse et Bernard Lubat à la batterie. Au cours de cette période de mutation, il y a aussi la rencontre déterminante avec Hélène qui sera sa troisième épouse et dont il dit que c'est «la femme de sa mort».
Deux albums «Bleu Blanc Blues» en 85 et «Nougaro sur scène» en 86, plus de 300 concerts avec son trio pourraient laisser penser que tout va bien pour l'artiste. Pourtant, le chiffre de vente de ses disques est jugé insuffisant par sa maison de disques Barclay qui décide de se séparer de lui.
Rock
Cette rupture constitue un véritable électrochoc pour Claude Nougaro. Il décide de vendre son appartement parisien et part à New York pour tenter de trouver une nouvelle voie. Il rencontre un jeune surdoué des claviers, Philippe Saisse. Ensemble, ils vont sortir «Nougayork», album mâtiné de funk et de rock qui propulsera Nougaro dans une nouvelle ère.
Disque d'or avant même sa sortie puisque 100.000 exemplaires sont précommandés par les disquaires, la chanson qui lui donne son titre est un grand succès. Cet album lui permet de toucher un public beaucoup plus jeune. Dans la foulée, il sort un autre album américain «Pacifique», un peu moins abouti que le précédent mais qui renferme quand même le tube «Vive l'Alexandrin».
Fort de son nouveau succès, il décroche même les Victoires de la Musique du meilleur artiste et du meilleur album pour l'année 88. Après un Olympia en février 89, il se produit dans la grande salle du Zénith (6000 places) en avril et part en tournée avec une formation américaine.
Puis c'est le retour aux sources avec Maurice Vander, formule voix et accompagnement d'un piano solo. En 91, sort chez Philips le disque «Une voix Dix doigts». L'année suivante, c'est l'Olympia pour trois semaines de concerts puis une tournée de 220 dates.
Après cette parenthèse intimiste, Claude Nougaro sort un nouvel album en 93,»Chansongs» pour lequel il s'est assuré les services de musiciens hors pairs : Maurice Vander évidemment, le violoniste Didier Lockwood, Richard Galliano ou le zaïrois Ray Lema. Entre rap et jazz, musique irlandaise et tango, Claude Nougaro propose un tour du monde musical qui finalement, donne une nouvelle couleur à ses chansons.
Swing
En avril 94, il se marie avec sa compagne Hélène et retourne à l'Olympia en novembre.
Après une grave opération du cour en avril 95 et un long repos dans sa maison du sud de la France, il doit cesser toute activité. Il revient en 1997 à l'âge de 68 ans avec un nouveau disque «L'Enfant phare», une chanson-titre que lui a inspiré la fanfare dirigée par son ami Eddy Louiss. Toujours aussi «swing», Claude Nougaro compose une musique pleine d'énergie et écrit des paroles où les mots se jouent les uns des autres. Il est un «motsicien» comme lui-même se définit.
Pendant plus de deux semaines du 1er au 19 octobre 97, il se produit sur la scène du Casino de Paris. Ses problèmes de santé n'ont en aucun cas ôté sa jeunesse et son enthousiasme au chanteur. Entouré d'une formation d'excellents musiciens dont le fidèle Maurice Vander au piano et quelques jeunes issus du groupe de Didier Lockwood, Nougaro habille une nouvelle fois son répertoire d'un jazz élégant entre swing et douceur.
A la fin de l'été 98, Claude Nougaro donne un concert lors du festival de théâtre de Ramatuelle. Il présente ainsi les nouvelles chansons qu'il a enregistré en public quelques semaines plus tôt à Toulouse au bord de la Garonne. Un album live, retraçant cette soirée, sort le 21 septembre. La tournée se prolonge jusqu'en janvier 99 avec un passage au Palais des Congrès en octobre pour un spectacle très jazz.
A l'issue de cette série de concerts, Nougaro rencontre le jeune arrangeur Yvan Cassar que les stars de la chanson française s'arrachent. Le chanteur lui confie ses textes et mélodies. Pendant six mois, les deux hommes vont se retrouver dans un home studio et concocter ce qui devient «Embarquement immédiat», album de l'an 2000 aux sonorités très jazzy (participation d'un big band comme dans «Jet set») mais aussi africaines («Bozambo») ou celtes, etc. Les chansons légères («les Bas») côtoient des chansons graves («la Vie en noir») donnant ainsi une image assez fidèle de l'esprit de Nougaro. De son propre aveu, l'artiste livre là les derniers titres originaux de sa carrière.
Dossier réalisé par www.rfimusique.com
Le site de Claude Nougaro
http://www.nougaro.com/
Article publié le 04/03/2004