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Soudan

Crimes contre l’humanité au Darfour

Actuellement, la situation sur place est caractérisée par des attaques répétées contre les civils par l’armée gouvernementale et ses milices, particulièrement les Djandjawids. 

		(Carte: Stéphanie BOURGOING/RFI)
Actuellement, la situation sur place est caractérisée par des attaques répétées contre les civils par l’armée gouvernementale et ses milices, particulièrement les Djandjawids.
(Carte: Stéphanie BOURGOING/RFI)
En dépit de la conclusion d’un cessez-le-feu, le mois dernier, une mission conduite par le Haut commissariat au droits de l’Homme de l’Onu de retour du Darfour dresse un tableau épouvantable de la situation des droits de l’Homme et humanitaire qui règne dans la province occidentale soudanaise. Elle appelle les autorités de Khartoum à permettre d’urgence aux travailleurs humanitaires à se rendre sur place.

Le rapport remis vendredi au Conseil de sécurité reconnaît la responsabilité des mouvements rebelles dans le déclenchement du conflit au Darfour et convient qu’ils sont également à l’origine d’exactions, mais il ne laisse planer aucun doute sur la responsabilité des crimes de masse commis ces dernières semaines dans la province soudanaise. Actuellement, la situation sur place est caractérisée par des attaques répétées contre les civils par l’armée gouvernementale et ses milices, particulièrement les Djandjawids; l’usage de la force par ces mêmes groupes armés y est «disproportionné»; les Djandjawids, qui opèrent en étroite collaboration avec les soldats gouvernementaux, jouissent d’une totale impunité; ils commettent des crimes, des viols, des pillages et des destructions, notamment de stocks alimentaires et de puits.

«Il est évident que le Darfour vit sous un régime de terreur» et les exactions perpétrées dans cette région «pourraient constituer des crimes de guerre et/ou des crimes contre l’humanité», dénonce le rapport. Selon le document, les civils sont les principales victimes de ces attaques commises dans la province occidentale soudanaise et celles-ci ont une base largement ethnique et visent principalement les communautés Zaghawas, Massalit et Fours, accusées de soutenir les rebelles en lutte contre le régime de Khartoum.

Selon les nombreux témoins interrogés par les experts de l’Onu, les autorités soudanaises pratiquent une politique de la terre brûlée visant à un déplacement massif des populations locales «de manière à permettre aux milices, qui sont ses alliées, de prendre le contrôle du territoire». L’organisation internationale évalue à un million de personnes, le nombre des déplacés, auxquels s’ajoutent 110 000 réfugiés au Tchad voisin.

Parmi ses recommandations, le Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme appelle le gouvernement du Soudan à condamner les crimes perpétrés par ses supplétifs djandjawids et à s’assurer du désarmement et de la démobilisation des miliciens. Il recommande un accès total et sans entrave des travailleurs humanitaires au Darfour et rappelle l’urgence de la situation alors qu’approche la saison des pluies. Il appelle à la réunion d’une commission d’enquête chargée d’identifier la nature des crimes commis, ainsi que leurs responsables et commanditaires. Il exhorte les autorités de Khartoum de permettre le déploiement par les Nations unies et l’Union africaine d’observateurs des droits de l’Homme au Darfour.

Incursions au Tchad

Ce rapport de l’Onu confirme la gravité d’une situation longuement dénoncée depuis plusieurs mois par de nombreuses organisations non gouvernementales de défense des droits de l’Homme parmi lesquelles Human rights watch qui accuse Khartoum de mener une véritable épuration ethnique du Darfour. Depuis février 2003, deux groupes rebelles se sont soulevés dans cette région contre le pouvoir central, l’accusant de négligence à l’égard des populations locales et d’armer des milices arabes chargées de chasser les Africains originaires de la province.

Cette situation a de sérieuses conséquences internationales. Sur la région tout d’abord en raison des incursions en territoire tchadien des miliciens djandjawids dont le président Idriss Déby du Tchad dénonce les «agressions» et qui appelle à son homologue soudanais à les «maîtriser». N’Djamena est à l’origine de la médiation qui avait abouti le 8 avril à la trêve de 45 jours (renouvelables) entre les rébellions du Mouvement de libération du Soudan et du Mouvement pour la justice et l’égalité. Mais la partie tchadienne a constaté la poursuite des exactions au Darfour en violation du cessez-le-feu. Vendredi, le ministère français des Affaires étrangères déclarait sa préoccupation et appelait «instamment» le gouvernement soudanais «à tout mettre en oeuvre pour respecter l’accord de N’Djamena et mettre un terme aux activités de ces miliciens (djandjawids)».

Un mission internationale conduite par l’Union africaine a quitté Addis-Abeba vendredi pour le Darfour. Parmi ses membres figurent des représentants de l’Onu, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la France. Elle doit évaluer la situation sur place en vue de créer une commission de surveillance du cessez-le-feu conclu en avril. Avec l’accord de Khartoum, selon un membre de la médiation tchadienne.

Le Soudan a été réélu le 4 mai à la commission des droits de l’Homme de l’Onu.



par Georges  Abou

Article publié le 08/05/2004 Dernière mise à jour le 08/05/2004 à 12:41 TU

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Stewart Holiday

Membre de la mission américaine auprès de l'ONU

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[08/05/2004]

Bertrand Ramcharan

Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme par interim

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