Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Football

Qui veut la peau de Zizou ?

Zinédine Zidane ne portera plus le maillot des Bleus. 

		(Photo: AFP)
Zinédine Zidane ne portera plus le maillot des Bleus.
(Photo: AFP)
Deux ans après l’humiliation de la Corée du Sud, l’équipe de France vient de resservir, dans des conditions presque semblables le même plat. Depuis vendredi dernier, soir de l’échec retentissant en quart de finale du championnat d’Europe contre la Grèce, les langues et les plumes se sont libérées. Contre tout ce qui bouge: joueurs, entraîneur, dirigeants, voire journalistes, coupables, eux, de toujours critiquer.

Les joueurs en ont pris pour leur grade, notamment les trentenaires. L’entraîneur, tout autant, qui aurait choisi son destin futur avant même le coup d’envoi de la compétition alors que ses patrons lui avaient dit: «on verra après». Les dirigeants, enfin, plus intéressés par la conservation de leur poste que par le bien-être de la sélection nationale. Et, aujourd’hui, on ne le savait pas et c’est le quotidien le Parisien qui nous l’apprend, il y aurait à l’intérieur de l’équipe, avec toute une série de relais à l’extérieur, un complot anti-Zidane.

Le meilleur joueur du monde ferait-il de l’ombre à ses petits camarades ? Cela ne fait aucun doute. Il est adoré des Français, il a devancé l’inamovible abbé Pierre au classement annuel du Français le plus populaire, il est la référence suprême en matière de football, de talent individuel, de simplicité et de gentillesse. Trop c’est trop. Cela ne peut plus durer. Et le journal de nous expliquer que le meilleur joueur du championnat d’Angleterre, Thierry Henry ne supporterait plus la situation, qu’il veut que l’équipe de France joue pour lui de la même manière que le font ses coéquipiers d’Arsenal. Il ne comprend toujours pas que Zidane ne lui ait jamais offert de balles de but depuis qu’ils jouent ensemble en sélection. Rancœur et jalousie, L’univers impitoyable d’une équipe qui perd. A défaut d’être l’instigateur de la conjuration, Thierry Henry en serait l’instrument. Certains s’activeraient dans le choix du remplaçant de Jacques Santini -on parle, par exemple de l'entraîneur d'Arsenal Arsène Wenger- pour faire en sorte que Zidane tire sa révérence. Ils voudraient la peu de Zizou qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

La bataille de succession

La bataille du chef a une importance capitale. Deux noms se dégagent actuellement. Jean Tigana, génération 80, élément du quatuor magique champion d’Europe en 1984 avec Platini, Giresse et Fernandez. Jean Tigana qui a déjà fait ses preuves comme entraîneur à Lyon, Monaco ou Fulham et qui a des qualités naturelles de meneur, même s’il manque parfois de sociabilité, en particulier avec la presse. Il a le soutien de Michel Platini, un des patrons du football français. Laurent Blanc est le deuxième prétendant à la succession de Santini. Jeune retraité, il vient de terminer brillamment ses examens d’entraîneur. Mais, il n’a jamais dirigé la moindre équipe. Comme Platini lorsqu’il a pris en main l’équipe de France, expliquent ses partisans. Zidane a dit qu’il souhaitait que ce soit Blanc et que cela serait déterminant dans son choix de rester ou de partir.

Pour alimenter cette grande bataille du futur sélectionneur, chacun avance ses pions, fait circuler des rumeurs vraies ou fausses. Sans s’intéresser au fond du débat, à savoir pourquoi l’équipe de France n’a-t-elle pas joué le football dont on la croyait capable. Ici une explication toute simple: l’équipe de 2004 n’est plus celle de 1998. Et ses adversaires non plus. On l’a vu au Portugal, elle n’est plus capable d’imposer son jeu face à des adversaires qui ont eu des années pour analyser son comportement sur le terrain. Et puis à la fatigue physique des grandes campagnes s’est ajoutée l’usure nerveuse plus difficile à maîtriser.

Toujours est-il que cette campagne pour ou contre Zidane qui se dessine est absurde mais finalement bien française. Sans lui, l’équipe de France aurait connu le même sort au Portugal qu’en Corée du Sud et aurait probablement été évincée à l’issue du  premier tour. Il est un magicien du football, pas un illusionniste. L’équipe ne peut pas s’en priver parce qu’il sait faire ce qu’aucun autre joueur ne sait faire. Le Brésil a su, lui, s’adapter au nouveau jeu de Ronaldo. Le plus intelligent, dans un groupe pas bien difficile pour les Français, serait de commencer sans lui les éliminatoires, de le laisser souffler, et de le rappeler dans un an, dans deux ans, pour aller en Allemagne. Mais Zizou dérange. De là à lui faire ce mauvais procès, il y a une attitude incompréhensible, sauf pour un Français!



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 29/06/2004 Dernière mise à jour le 29/06/2004 à 10:17 TU