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Italie

Crise gouvernementale à Rome

Le ministre des Finances de Silvio Berlusconi, Giulio Tremonti (droite), a démissionné. 

		Photo: AFP
Le ministre des Finances de Silvio Berlusconi, Giulio Tremonti (droite), a démissionné.
Photo: AFP
Le ministre italien de l’Économie a démissionné quelques heures seulement avant une discussion budgétaire cruciale.

Ce samedi, le gouvernement de Silvio Berlusconi devait se réunir pour discuter des mesures à prendre pour remettre l’Italie dans le cadre budgétaire fixé par Bruxelles, autrement dit pour refaire passer le déficit budgétaire sous la barre des 3 % du PIB, conformément aux accords de Maastricht et au Pacte de stabilité. C’est bien entendu le ministre de l’Économie et des Finances Giulio Tremonti qui devait être au centre du débat qui traverse la coalition gouvernementale que dirige Silvio Berlusconi. Mais dans la nuit de vendredi à samedi, lors d’une réunion houleuse des partis de la majorité, Tremonti a présenté sa démission. Du moins, selon la version officielle.

Car en réalité, sa tête a été obtenue par l’Alliance nationale, le second parti de la majorité que dirige le numéro Deux du gouvernement, Gianfranco Fini. Pour sauver sa majorité, déjà bien mal en point depuis les élections européennes du 13 juin, Silvio Berlusconi a dû se résoudre à sacrifier l’un de ses proches devenu dernièrement la tête de Turc de son principal allié.

Le résultat des élections, mauvais pour Berlusconi, a en effet déclenché un séisme au sein de la coalition au pouvoir. L’Alliance nationale de Gianfranco Fini, dont le parti a progressé lors du dernier scrutin, contrairement à Forza Italia de Berlusconi, a exigé un recentrage de la politique économique pour tenir compte à la fois du résultat des urnes et des exigences européennes. Tremonti incarnait une politique de baisse continue des impôts qui, d’une part, ne profitait qu’à la frange aisée de la société italienne et d’autre part creusait le déficit à un moment où la menace de lourdes sanctions européennes se fait plus précise.

L’après-Berlusconi s’est ouvert à droite

Lundi, à Bruxelles, un conseil Ecofin (ministres de l’Économie et des Finances) doit, enter autres, se pencher sur le cas italien et devra se prononcer sur une éventuelle mise en demeure à l’Italie que demande la Commission de Bruxelles.

Mais au-delà de la divergence bien réelle sur la politique économique et budgétaire à conduire qui opposait Fini à Tremonti, au-delà même de leur inimitié notoire, la crise gouvernementale que vient de vivre l’Italie est le signe que les grandes manœuvres de l’après-Berlusconi sont désormais engagées à droite.

Fini, qui a réussi à faire du parti néo-fasciste MSI une grande formation de droite classique, ne cache plus son ambition de devenir le prochain chef de gouvernement si la droite reste majoritaire, en jouant ouvertement une carte pro-européenne alors que la Ligue du Nord de Bossi fédère les euro-sceptique et que les actes et les paroles de Silvio Berlusconi depuis son retour aux affaires n’ont pas convaincu de la sincérité de ses épisodiques proclamations pro-européennes.

En ce sens, le fait que la crise se soit nouée sur un sujet éminemment européen (le respect du Pacte de stabilité) et que Fini l’ait apparemment emporté est un signal fort envoyé à une opinion publique italienne qui reste très favorable à l’Europe, et aux partenaires de l’Italie au sein de l’Union.

par Olivier  Da Lage

Article publié le 03/07/2004 Dernière mise à jour le 03/07/2004 à 09:52 TU