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Irak

Dernier avertissement à Moqtada Al-Sadr

Un milicien de Moqtada al-Sadr défie les soldats de la coalition qui encerclent la ville de Najaf.
 

		(Photo : AFP)
Un milicien de Moqtada al-Sadr défie les soldats de la coalition qui encerclent la ville de Najaf.
(Photo : AFP)
L’imam chiite radical se déclare prêt à quitter le mausolée d’Ali à Najaf mais refuse de désarmer sa milice.

De notre envoyé spécial à Bagdad

Visiblement, Moqtada al-Sadr n’a pas convaincu de sa bonne foi. Son acceptation du départ de ses miliciens des lieux saints de Najaf et leur désarmement a été interprétée par les autorités provisoires irakiennes et l’armée américaine comme une ruse pour gagner du temps. « La sagesse et la patience ont leur limite », a dit Iyad Allaoui qui a qualifié l’Armée du Mehdi de « milice hors la loi » qui vise à « détruire le pays, saboter l’économie, et porter atteinte à l’intégrité des lieux saints de Najaf. » Il a donné au leader chiite une dernière chance de déposer les armes.

Avant ce nouvel et dernier ultimatum, les unités de la garde nationale appuyées par des blindés et des hélicoptères de l’US Army ont lancé une vaste offensive contre les assiégés à Naja mais aussi dans le quartier déshérité de Sadr City (ex-Saddam City) dans la banlieue de Bagdad, pour exiger le désarmement des miliciens chiites. Deux assauts simultanés destinés à mettre la pression sur  l’Armée du Mehdi.

« Moqtada Al-Sadr a recherché une trêve tactique plutôt que stratégique », commente Fadel Méchal, analyste politique. Il voulait d’abord se protéger lui-même. Sa ligne est claire  et cohérente: il veut poursuivre la lutte contre l’occupation américaine. Il était difficile pour lui d’intégrer le jeu politique irakien actuel avec un fusil américain braqué dans le dos.» En fait, personne ne croyait vraiment que le leader chiite ait l’intention sérieuse de désarmer sa milice.

« Ce n’est pas une armée conventionnelle avec un commandement structuré, poursuit Fadel Méchal. Ses miliciens, qui sont pour la plupart des jeunes volontaires, possèdent leur arme personnelle qu’ils gardent chez eux. Je suis persuadé que Moqtada Al-Sadr a constitué des stocks d’armes clandestins pour la confrontation finale. »

« mourir en martyr contre les ennemis de l’Islam »

Désormais, le jeune leader chiite a placé sa résistance dans une perspective religieuse : « Nous sommes là pour défendre nos lieux saints, a lancé sur la chaîne de télévision Al Jazira l’un de ses portes-paroles, nous affrontons une guerre de croisés, nous sommes prêts à mourir en martyr contre les ennemis de l’Islam » .

« Si Moqtada Al-Sadr est liquidé, explique Fadel Méchal, d’autres jeunes reprendront le flambeau. Regarder ce qui se passe à Fallouja, la résistance n’a pas besoin de mettre en avant un chef désigné pour mener le combat. » Pour certains observateurs, même si une trêve avait été conclue provisoirement, les problèmes de fond n’auraient pas disparu pour autant.

« On ne règle pas un conflit politique par la force militaire », commente Qais Al-Azzaoui, secrétaire général adjoint du Mouvement socialiste arabe. Le vrai défi, c’est de donner du travail à ces milliers de jeunes chômeurs de l’Armée du Mehdi qui sont les laissés-pour-compte de l’après Saddam. Que propose-t-on à ces jeunes ? Rien ou pas grand chose.»

Mohammed, 24 ans, fait partie des miliciens de Moqtada Al-Sadr qui harcèlent les troupes américaines dans le quartier de Sadr City. « Il n’est pas question pour moi de rendre mon RPG », explique-t-il. Pour lui, « Moqtada Al-Sadr restera à Najaf, mort ou vivant, car c’est un fils de la ville sainte. » Trêve ou pas trêve, pour Mohammed, le combat continue contre les soldats américains.



par Christian  Chesnot

Article publié le 20/08/2004 Dernière mise à jour le 20/08/2004 à 06:25 TU