Etats-Unis
Une puce sous la peau
(Photo : AFP)
Une puce que l’on vous injecte sous la peau ayant en mémoire votre identité et votre dossier médical : ce n’est plus de la science-fiction, mais l’invention d’une entreprise américaine de haute technologie Applied Digital Solutions. Le plus étonnant c’est que la Food and Drug Administration (FDA), l'organisme du gouvernement américain chargé de tester et réglementer les produits alimentaires et les médicaments, vient de donner son feu vert à cette technologie dans les hôpitaux américains.
Baptisé «VeriChip», cette puce de la taille d’un grain de riz est en réalité une micro-puce radio RF-Id (pour Radio Frequency Identificator). Elle fonctionne comme un émetteur-récepteur microscopique. Quand on l’active, grâce à un scanner, elle livre un code d’identification. Il suffit alors d’introduire ce code dans une base de données (via par exemple un accès Internet sécurisé) pour recueillir les informations médicales de la personne concernée sur un assistant personnel (PDA) ou un ordinateur.
Une menace pour la vie privéeSelon ses inventeurs, c’est une technologie prometteuse dans le domaine du diagnostic médical. Elle permettra notamment aux équipes d’accéder à des informations médicales très importantes - groupes sanguins, allergies, traitements en cours, vaccinations - , même si le patient est inconscient. Cette puce peut également effectuer du «contrôle médical» de certaines fonctions biologiques du corps humain : rythme cardiaque ou taux de glycémie. Concrètement, «la puce est insérée sous la peau du bras à l’aide d’une seringue, sans anesthésie aucune, procédure qui dure une quinzaine de minutes et coûte de 150 à 200 dollars», a indiqué Applied Digital Solutions qui propose de fournir gratuitement deux cents scanners dans les hôpitaux et centres d’urgence aux Etats-Unis pour lancer son produit.
Ces étiquettes électroniques miniatures ont déjà été utilisées pour identifier les animaux domestiques ou le suivi du bétail, avant que la Food and Drug Administration n’autorise à les tester sur des êtres humains. Verichip fonctionne comme les codes-barres apposés sur les produits de supermarché : quand les marchandises arrivent sur le tapis roulant de la caissière, ils sont déchiffrés par un scanner qui en indique notamment le prix. La puce implantée sous le derme du patient peut donc être détournée de son usage pour des raisons de sécurité et servir de tatouage électronique. Plus inquiétant encore : couplé à un réseau de satellite type GPS (Global Positioning System), Verichip permet de localiser le patient en tout temps. Une avancée prometteuse selon ses concepteurs qui soulignent que l’on pourra ainsi retrouver plus aisément une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Au risque de porter atteinte à un principe élémentaire : la question du secret médical et de la protection de données dites sensibles.
Qui pourra accéder à ces informations ? Quand et comment ? Pour l’heure, ces données ne sont accessibles qu’au personnel médical. Mais on imagine les convoitises qu’elles suscitent chez les assureurs ou autres intermédiaires intéressés par une exploitation commerciale. Contrairement à la France, les Etats-Unis ne disposent pas en effet d’organisme comme la Cnil (Commission nationale Informatique et Libertés) particulièrement vigilant sur tous ces problèmes.
par Myriam Berber
Article publié le 16/10/2004 Dernière mise à jour le 16/10/2004 à 13:56 TU