Audiovisuel
L'avenir de la TNT reste incertain
(Photo : DR)
Encore du retard annoncé pour la télévision numérique terrestre… Le Conseil d’Etat a donné raison au groupe TF1 dans sa requête administrative pour contester des autorisations de diffusion aux groupes Canal Plus et Lagardère pour la télévision numérique terrestre (TNT). Les six autorisations concernent les chaînes (Canal J, i-MCM, Sport Plus, I-Télé, Ciné-Cinéma Première et Planète) toutes détenues par les deux groupes par le biais de participations croisées.
Dans son avis, le Conseil d’Etat considère en effet que Canal Plus détient «directement ou indirectement, seul ou conjointement, sept autorisations d’émettre» dans le futur paysage de la TNT, soit un nombre supérieur fixé par la loi qui était de cinq chaînes en juin 2003, lors de l’accord du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). En revanche, le Conseil d’Etat n’a pas annulé l’autorisation accordée à Canal Plus pour la reprise en numérique de son programme hertzien, «cette autorisation revêtant, en vertu de la loi un caractère prioritaire».
Pour l’heure, 75% des Français ne reçoivent que cinq chaînes en clair par voie hertzienne, puisque ils ne sont abonnés ni au câble, ni au satellite, ni à Canal+. La TNT va leur offrir trois fois plus de programmes sur une installation télévisée conventionnelle, avec un simple décodeur. Reste que le pari de la TNT est loin d’être gagné. L’ opposant déclaré à ce projet, le groupe TF1, vient de marquer un point supplémentaire, avec cette décision du Conseil d’Etat. Pour le PDG de TF1, Patrick Le Lay, le projet de la TNT est mauvais. Il va ruiner les entreprises existantes qui ont déjà investi 40 milliards d’euros dans le câble ou le satellite. Par ailleurs, le marché français de la publicité n’est pas suffisant pour faire vivre toutes ces nouvelles chaînes.
Deux voies pour la TNTLe CSA se prépare maintenant à relancer un appel à candidatures pour les six fréquences vacantes. La consultation publique sera ouverte jusqu’au 1er décembre. Les groupes Canal Plus et Lagardère ont d’ores et déjà annoncé «vouloir repostuler pour leurs autorisations perdues». Mais depuis l’adoption de la loi dite «paquet télécoms» en juillet 2004, le nombre maximum d’autorisations par opérateur de TNT est passé de cinq à sept, donnant la possibilité aux deux groupes de postuler à une offre de chaînes différentes de celles précédemment, ce qui pourrait à terme modifier tout l’équilibre de la TNT.
L’autre inconnue majeure du lancement de la TNT porte sur le volet technique, et notamment sur le choix de la norme de diffusion entre les formats vidéo Mpeg-2 et Mpeg-4. D’un côté, le CSA défend le lancement de la TNT avec la norme numérique Mpeg-2, actuellement disponible. De l’autre, le ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian soutient la future norme de haute définition Mpeg-4. Rappelons le, seul ce format dit MPEG-4 permet d’introduire des chaînes haute définition (HD), avec une qualité d’image exceptionnelle bien supérieure à celle des DVD. Un certain nombre d’acteurs du secteur qu’ils soient industriels (Thomson, Sagem), diffuseurs (TF1, M6) ou opérateurs (Noos) militent activement pour l’adoption de cette norme technique.
Ce point de vue est partagé Daniel Boudet de Montplaisir, auteur d’un rapport commandé par le gouvernement. Le rapport Boudet suggère ainsi «deux voies» pour la TNT : un lancement avec la norme existante Mpeg-2 doublé d’une expérimentation avec la norme Mpeg-4, ou bien une cohabitation temporaire des deux normes. Le modèle de la TNT en haute définition repousserait le lancement en 2007, selon le CSA qui plaide pour «le Mpeg-2, une norme expérimentée, fiable et bon marché». Le Mpeg-4, plus performant va en effet entraîner des dépenses supplémentaires pour les téléspectateurs. Sur cette question, le CSA sera reçu début novembre par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à qu’il revient de prendre la décision.
par Myriam Berber
Article publié le 22/10/2004 Dernière mise à jour le 22/10/2004 à 15:40 TU