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Commission européenne

Barroso doit remanier son équipe

La tache s'avère difficile pour José Manuel Durao Barroso qui doit remanier son équipe. 

		(Photo : AFP)
La tache s'avère difficile pour José Manuel Durao Barroso qui doit remanier son équipe.
(Photo : AFP)
Le président de la future Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a du pain sur la planche. Après avoir été obligé de retirer l’équipe qu’il avait constituée à cause du refus des parlementaires de lui accorder l’investiture, il lui faut maintenant trouver des solutions concernant les commissaires controversés, au premier rang desquels l’Italien Rocco Buttiglione. Et cela sans perdre de temps, car le programme européen des prochains mois est chargé. Certains Etats de l’Union vont, en effet, entrer rapidement en période de ratification de la nouvelle Constitution. Un texte que les dirigeants des Vingt-Cinq doivent signer, à Rome, le 29 octobre.

Le Parlement européen n’est plus ce qu’il était. C’est peut-être la principale leçon à retenir de l’échec cinglant subi par José Manuel Durao Barrroso qui a préféré jeter l’éponge et retirer sa Commission, plutôt que de risquer de se voir refuser l’investiture par les eurodéputés. En tout cas, c’est sur ce point qu’un grand nombre de personnalités politiques ont insisté pour commenter l’événement, y voyant la plupart du temps l’expression d’une avancée démocratique dans le fonctionnement des institutions européennes, où le Parlement élu au suffrage universel représente la population.

Cet affrontement autour de la composition de la nouvelle Commission a montré que la séance d’investiture n’était plus une simple formalité et que les parlementaires, qui avaient déjà émis des réticences concernant plusieurs commissaires lors des auditions préliminaires, entendaient bel et bien que l’on tienne compte de leur point de vue. Le Parlement de Strasbourg a donc conquis dans cette affaire un peu plus de poids face à l’exécutif européen et aux gouvernements. Martin Schulz, le chef du groupe socialiste qui a mené la fronde des eurodéputés, s’en est d’ailleurs réjoui et a qualifié le retrait de la Commission Barroso de «victoire du Parlement européen». Le président de l’assemblée, le socialiste espagnol Josep Borrell, a abondé dans le même sens : «Ce qui vient d’arriver va augmenter l’intérêt des Européens pour leur parlement, on va voir que c’est une institution vivante, capable d’influencer les choses».

C’est la première fois que la constitution d’une équipe de commissaires européens fait autant débat et se trouve en position d’être refusée par le Parlement. José Manuel Durao Barroso devra tenir compte de cette situation dans les choix qu’il fera pour remanier sa Commission. De même que les Etats qui ont la responsabilité de proposer au président les candidats qu’ils désirent voir figurer dans la Commission. L’Italie a fait savoir, dès mercredi, qu’elle entendait maintenir Rocco Buttiglione. Une position qui pourrait tout de même évoluer si l’on en croit les déclarations subsidiaires du ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, qui a estimé que les discussions de Silvio Berlusconi avec les autres dirigeants européens devraient «à son avis» être «constructives» sur le problème de la composition de la Commission.

Des «changements ponctuels» ou un remaniement en profondeur ?

Ces tractations devraient débuter sans attendre à l’occasion du sommet au cours duquel les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Cinq doivent se retrouver, à Rome, pour signer la nouvelle Constitution. José Manuel Durao Barroso est d’ailleurs convié lui aussi dans la Ville Eternelle pour y rencontrer les représentants des Etats et préparer avec eux les «changements ponctuels» qu’il a annoncé. Car s’il a concédé qu’il lui était impossible de conserver des commissaires qui auraient «des problèmes» avec le Parlement, il entend tout de même limiter les changements au «nécessaire» et au «suffisant».

Mais déjà les noms de tous les candidats qui ont fait l’objet de critiques reviennent au cœur du débat. Au-delà du cas emblématique de Rocco Buttiglione qui a fait l’unanimité contre lui en qualifiant l’homosexualité de «péché» et en estimant que le rôle des femmes était avant tout d’«être protégées par leurs maris», d’autres candidats-commissaires ont été mis en cause par les eurodéputés. Le Hongrois Lazlo Kovacs (Energie), la Lettone Ingrida Udre (Taxation, Fiscalité), la Danoise Mariann Fischer Boel (Agriculture), la Hollandaise Neelie Kroes (Concurrence), le Grec Stavros Dimas (Environnement) n’ont, en effet, pas convaincu non plus les parlementaires qu’ils avaient la compétence et l’indépendance requises pour occuper le poste qui leur était attribué.

Dans ce contexte, la marge de manœuvre de José Manuel Durao Barroso est limitée d’un côté par les attentes des eurodéputés et de l’autre par les exigences des gouvernements. Car si le président de la Commission peut décider de l’attribution des portefeuilles, il n’a pas le pouvoir de refuser les candidats présentés par les Etats. Dans ce contexte, il va lui falloir beaucoup de persuasion pour trouver un équilibre acceptable et proposer une équipe dont l’autorité et la légitimité ne seront pas contestées. D’autant qu’il ne lui faut pas tergiverser. Car si aucun délai n’a été officiellement précisé à José Manuel Durao Barroso pour faire aboutir les négociations, tout le monde attend une nouvelle proposition pour le 17 novembre, date à laquelle doit se réunir la prochaine séance plénière du Parlement.



par Valérie  Gas

Article publié le 28/10/2004 Dernière mise à jour le 22/11/2005 à 11:04 TU