Tsunami et séisme en Asie
Un désastre sans précédent
(Photo : AFP)
Quarante-huit heures après le tremblement de terre, on commence à saisir la réelle ampleur de la catastrophe qu’est en train de vivre l’Asie. Les derniers bilans sont effroyables et encore provisoires. C’est en milliers qu'il faut évaluer le nombre de morts et disparus. Le Sri Lanka est le pays le plus affecté par le raz-de-marée. Le dernier bilan est de plus de 17 600 morts et plus de 20 000 blessés. Ce bilan est valable pour l’ensemble de l’île et comprend les victimes des zones du nord contrôlées par la rébellion tamoule. Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), la guérilla, déclarent avoir mis en place des comités spéciaux pour coordonner des secours pour des dizaines de milliers de personnes sans-abri. La situation est également très préoccupante au Sri Lanka car le tsunami s’est abattu sur des régions déjà gorgées d’eau par les inondations de ces derniers jours. Le ministre français des Affaires étrangères s'est envolé mardi matin pour la capitale Colombo, pour accompagner une importante mission humanitaire.
Autre pays gravement touché : l’Indonésie où la catastrophe a fait au moins 27 000 morts dans le nord de l’île de Sumatra. Selon un responsable du ministère des Affaires sociales, près de 9 000 morts ont déjà été recensés dans la région de Banda Aceh et 10 000 dans celle de Meulaboh. En Inde, les autorités donnent également des chiffres effroyables : 8 500 morts dont 4 500 dans l’Etat du Tamil Nadu. Les îles indiennes Andaman et Nicobar, situées dans le golfe du Bengale, non loin de l’épicentre du séisme, payent également un lourd tribu: plus de 4 000 morts et quelque 30 000 personnes sont portées disparues.
La plus grande opération humanitaire de l’histoireEn Thaïlande, les autorités donnent un bilan provisoire de près de 1000 morts dont quelque 790 touristes étrangers. Parmi ces touristes, on dénombrait 22 Français. Des centaines de touristes sont également portés disparus ou n’avaient pu être contactés et recensés. Cette catastrophe est intervenue en pleine saison touristique à une période où les hôtels et les bungalows du bord de mer sont pleins. Le coup est donc rude pour la Thaïlande déjà affectée par les crises de grippe aviaire et l’épidémie de pneumonie atypique (SRAS).
Ce raz-de-marée qui s’est abattu sur l’Asie du Sud a été ressenti dans le monde entier. Les îles Maldives situées à plus de 2 000 km de l’épicentre, ont été touchées, tout comme la Malaisie. Les autorités sur l’archipel des Maldives font état d’une cinquantaine de morts. De son côté, le gouvernement malaisien recense une soixantaine de morts. La junte de Birmanie rapporte 55 morts, mais la situation du pays et les conditions de vie de ses habitants font redouter un bilan beaucoup plus important. Cette onde marine a eu également des répercussions jusqu’en Afrique de l’Est, le long de l’océan Indien. Plus de 40 personnes sont mortes en Somalie et 60 pêcheurs sont toujours portés disparus, jusqu’en Tanzanie, où le gouvernement recense une dizaine de morts.
Mobilisation et donateursDans ces pays, sur des milliers de kilomètres de côtes, les mêmes scènes de désolation et de désespoir se répètent. Des dégâts considérables, des maisons éventrées, des villages entiers dévastés et des centaines de milliers de personnes démunies, un million de sans abri pour le seul Sri Lanka, 29 000 en Thailande et un millier en Inde. La tâche que devront accomplir les secouristes est gigantesque et compliquée par les difficultés rencontrées pour atteindre les régions reculées, comme aux Maldives et à Sumatra. Les pays dévastés manquent cruellement d'eau potable: les puits situés le long des côtes ont, en effet, été contaminés par l'eau de mer. Autre inquiétude, la décomposition de milliers de corps qui favorise également la propagation des épidémies.
Devant ce cataclysme sans précédent, la communauté internationale s’organise pour venir en aide aux victimes. Une réunion se déroule ce mardi à Genève entre les gouvernements des pays donateurs, les pays victimes et les organisations de secours. Les Nations unies ont d’ores et déjà annoncé qu'une centaine d'avions chargés de secours vont gagner la région dans les prochaines 48 heures à partir d'une vingtaine de pays. L’Union européenne a été la première à débloquer une aide d’urgence de 3 millions d’euros destinés aux besoins vitaux. Les Etats-Unis offre quelque 15 millions de dollars d’aide immédiate, le Japon annonce 30 millions de dollars. Un responsable des Nations unies a qualifié l’effort en cours de «plus grande opération d'aide humanitaire de l'histoire. Le coût des destructions se chiffrera en milliards de dollars».
par Myriam Berber
Article publié le 28/12/2004 Dernière mise à jour le 28/12/2004 à 16:30 TU