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Politique française

Sarkozy assure qu’il va «bien»

Les éventuelles mésententes au sein du couple Sarkozy font la Une de la presse française.(Photo : AFP)
Les éventuelles mésententes au sein du couple Sarkozy font la Une de la presse française.
(Photo : AFP)
Il aura suffi que Nicolas Sarkozy annule au dernier moment une intervention télévisée pour qu’une rumeur sur les «problèmes familiaux» que le président de l’Union pour un mouvement populaire rencontrerait actuellement, enfle très rapidement. La fatigue invoquée par son entourage pour justifier son remplacement par le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, en pleine campagne référendaire serait, en fait, liée à une tension entre Nicolas Sarkozy et son épouse Cécilia. Le principal intéressé n’a ni démenti, ni confirmé. Il a simplement demandé : «Respectez ma famille». Une exigence justifiée puisqu’il s’agit de sa vie privée, mais difficile à respecter tant le couple Sarkozy a fait d’un savant mélange de la vie de couple avec la vie politique et médiatique un mode de fonctionnement depuis de nombreuses années.

S’il y a bien une chose dont on n’aurait pas pu soupçonner Nicolas Sarkozy, c’est d’être sujet à la fatigue. Le président de l’Union pour un mouvement populaire a toujours donné l’image d’un homme plutôt trop, que pas assez énergique. Cela a certainement contribué à faire de son rendez-vous manqué avec le journal de 20 heures sur TF1, le 22 mai, un sujet d’étonnement et d’interrogation. D’autant qu’à une semaine du référendum sur la Constitution européenne pour lequel tous les derniers sondages donnent le «non» gagnant, il fallait vraiment que Nicolas Sarkozy en ait une bonne, de raison, pour se faire remplacer par Jean-Louis Borloo au pied levé…

Officiellement, le président de l’UMP était «fatigué». Trop de stress, trop de meetings, auraient conduit Nicolas Sarkozy à s’accorder un jour de repos pour souffler un peu. Officieusement, M. et Mme Sarkozy rencontreraient des difficultés dans leur couple. Difficile de savoir quelle hypothèse est la plus crédible. Mais le fait que la rumeur d’une tension entre Cécilia et Nicolas ait enflé en vingt- quatre heures, a obligé le président de l’UMP à répondre. Il l’a d’abord fait par l’intermédiaire de l’un des membres de son proche entourage. Brice Hortefeux, secrétaire général délégué de l’UMP, a déclaré lors d’une conférence de presse lundi : «Une calomnie est une guêpe contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement. Donc, pas de mouvement».

Où est Cécilia ?

Mais la stratégie du mépris n’a pas semblé suffisante au président de l’UMP. Il a donc contre-attaqué directement en deux temps. Lors d’une interview sur la radio RTL, il s’est fait moralisateur pour couper court aux questions et aux spéculations sur l’état de ses relations avec son épouse en déclarant : «Respectez ma famille». Et pour relativiser l’impact de son absence à un grand rendez-vous médiatique, il a ironisé : «Quand je passe tous les jours à la télévision, certains s’inquiètent. Quand je n’y vais pas un jour, d’autres s’inquiètent. Faut pas s’inquiéter».

Nicolas Sarkozy a ensuite saisi l’occasion de sa participation à un meeting avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, à Poitiers, où Cécilia n’était pas présente, pour revenir sur la rumeur avec l’une de ses habituelles pirouettes : «C’est Jean-Pierre Raffarin qui se fait opérer et c’est moi dont on dit que je suis fatigué». Et de poursuivre : «J’ai envie de dire à mes amis que je vais bien. Et transmettez à mes adversaires, c’est plus préoccupant encore, que je vais très très bien». Humour mis à part, Nicolas Sarkozy n’apprécie pas tellement que son couple soit l’objet de tant d’attention et son état psychologique de tant d’évaluations. Il n’a pas manqué de le faire savoir aussi en déclarant : «La vie politique ne devrait pas tout autoriser. Au nom de la vie politique, on devrait respecter quelques valeurs. Mais je sais que je n’ai aucune chance d’être entendu de ceux qui n’ont aucune valeur».

Reste que cette attitude, compréhensible sur le fond, est tout de même un peu surprenante de la part de Nicolas Sarkozy. Lui qui n’a pas hésité, depuis des années, à utiliser le couple qu’il forme avec Cécilia, en privé comme en politique, comme une arme de séduction totalement intégrée dans sa stratégie médiatique. Car son épouse est aussi l’une de ses plus proches collaboratrices. Elle l’a suivi de ministère en ministère pour devenir aujourd’hui son chef de cabinet à l’UMP. Il a toujours imposé sa présence à son entourage comme un «élément non négociable», quitte à s’attirer parfois des critiques acerbes.

Le couple Sarkozy est donc devenu un binôme conjugal et politique dans lequel madame a été de plus en plus placée sous les projecteurs. Il y a quelques jours encore, Cécilia Sarkozy était l’invitée d’une émission people sur la chaîne de télévision Paris Première, intitulée «Petites confidences entre amis». Le genre d’exercice médiatique où l’on confie son intimité et où elle est revenue sur le choix de la transparence que les conjoints ont fait en assumant aux yeux de tous le fait de vivre et de travailler ensemble. Impossible dans ce contexte que l’hypothèse d’une querelle entre les deux époux les plus proches du paysage politique français passe inaperçue ou ne soit pas commentée.


par Valérie  Gas

Article publié le 24/05/2005 Dernière mise à jour le 25/05/2005 à 10:42 TU