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Union européenne

Polémique autour de l’euro

L'Eurogroupe a coupé court aux multiples remises en cause de l'euro.(Photo : AFP)
L'Eurogroupe a coupé court aux multiples remises en cause de l'euro.
(Photo : AFP)
Dans la foulée des «non» français et néerlandais à la Constitution européenne, des critiques sur l’impact de l’adoption de la monnaie commune ont été émises en Allemagne et en Italie. Ces attaques contre l’euro, formulées alors que l’échec des référendums en France et aux Pays-Bas a déjà fragilisé la monnaie sur le marché des changes, ont obligé les responsables des institutions européennes et les dirigeants des pays de l’Union à réagir fermement pour couper court à toute spéculation concernant une éventuelle sortie de certains Etats de la zone euro.

«Stupides», «absurdes», ou «irresponsables» : les dirigeants européens se sont livrés à un concours d’adjectifs désobligeants pour qualifier les propos de deux membres du gouvernement italien sur l’euro. Il est vrai qu’à quelques jours d’intervalle, le ministre italien aux Affaires sociales, Roberto Maroni, et celui des Réformes, Roberto Calderoni, avaient tout fait pour rendre les rapports entre les différents pays de l’Union encore plus difficiles après le «non» exprimé par les Français et les Néerlandais lors des référendums sur la Constitution européenne.

Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord, un parti populiste opposé à l’Europe, a lancé la première offensive contre la monnaie européenne en se déclarant favorable à une double circulation de l’euro et de la lire. Cette proposition était censée faire office de recette miracle pour résoudre les problèmes économiques rencontrés actuellement par son pays, menacé d’être placé sous le coup d’une procédure pour déficit excessif par la Commission de Bruxelles. Il a été suivi, trois jours plus tard, par un autre ministre lui aussi membre de la Ligue du Nord, Roberto Calderoli, qui a franchi une étape supplémentaire en imaginant la création d’une nouvelle monnaie nationale italienne liée au dollar.

Même si le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a immédiatement fait part de son désaccord avec ses ministres, ces déclarations ont fait dresser les cheveux sur la tête des dirigeants européens, déjà bien assez préoccupés par les conséquences politiques des référendums français et néerlandais pour ne pas souhaiter l’ouverture d’une crise supplémentaire autour de l’euro. La riposte a été cinglante et unanime. Le Luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, président en exercice de l’UE, a ainsi estimé à l’issue d’une rencontre entre les ministres des Finances européens, que le débat autour de la sortie de certains pays de l’euro «n’avait pas lieu d’être» et a qualifié les propos des deux ministres italiens de «stupidités». Karl Heinz Grasser, le ministre des Finances autrichien, n’a pas été plus tendre en traitant ces derniers d’«irresponsables». Avant eux,  Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, avait ouvert la voix de la riposte en déclarant qu’il s’agissait de suggestions «absurdes».

Pas de retour en arrière possible

Dans la pratique, un retour en arrière sur l’euro est difficilement envisageable. Cette éventualité n’a d’ailleurs pas été prévue par le Traité sur l’Union économique et monétaire qui ne contient aucune clause de sortie pour les Etats qui l’ont adopté. Le gouverneur de la Banque centrale de Belgique, Guy Quaden, a d’ailleurs de ce point de vue tenu à ajouter un argument pour montrer que, non seulement un éclatement de la zone euro n’était pas possible dans la pratique, mais qu’en plus, il n’y avait aucune raison d’évoquer cette hypothèse à la faveur des référendums français et néerlandais. Il a expliqué : «Certains gouvernements ont reçu de leur population le mandat de ne pas ratifier le projet de Constitution. Aucun gouvernement n’a reçu de sa population le mandat de quitter l’Union européenne ou la zone euro».

Il n’empêche que cette polémique autour des méfaits de l’adoption de l’euro n’arrive pas par hasard. Elle est révélatrice du malaise européen mis en évidence par le rejet du projet de Constitution en France et aux Pays-Bas. La mobilisation autour de l’idée européenne est en perte de vitesse. Même dans les pays où le traité constitutionnel a été ratifié par voix parlementaire, des sondages montrent que l’enthousiasme des populations est au point mort. Du coup, les critiques s’expriment tous azimuts et l’euro, dont la mise en place a nécessité des sacrifices importants dans certains pays sans pour autant provoquer d’améliorations notables de la situation économique, en fait les frais. La situation de l’Allemagne est de ce point de vue exemplaire. Un sondage publié par le magazine Stern montre que 56 % des Allemands souhaiteraient le retour au mark. Le ministre de l’Economie, Wolfang Clement, a d’ailleurs lui-même rendu l’euro responsable de la stagnation économique dans son pays, en déclarant que l’Allemagne «sacrifie une part non négligeable de sa croissance sur l’autel de l’union monétaire», en raison du niveau des taux d’intérêts imposés par la Banque centrale européenne. Partout, et en France notamment, le respect du pacte de stabilité engendre des contraintes budgétaires difficiles à faire accepter aux populations.

Entre les difficultés du processus de ratification de la Constitution et les mises en cause de l’euro, l’Union traverse décidément une zone de turbulences qui s’est traduite par une chute de la monnaie européenne face au dollar sur le marché des changes. Dans ce contexte troublé, les chefs d’Etat et de gouvernement vont avoir du pain sur la planche pour rétablir la confiance et relancer la dynamique européenne lors de leur prochaine rencontre les 16 et 17 juin. D’autant qu’ils devront aussi essayer de trouver un accord sur le budget de l’UE pour les années 2007-2013.


par Valérie  Gas

Article publié le 07/06/2005 Dernière mise à jour le 07/06/2005 à 17:37 TU

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Marc Lebeaupin

Envoyé spécial à Luxembourg

«Il était sans doute urgent d'obtenir un peu de discipline non seulement de la part des Italiens mais aussi de quelques dirigeants allemands qui ont contribué ces derniers jours à semer un peu le trouble concernant l'avenir de l'euro.»

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