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Sida

Des progrès dans l'accès aux traitements

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(Source : OMS)
L’objectif défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida de mettre des traitements antirétroviraux à disposition de 3 millions de malades des pays pauvres d’ici 2005 ne pourra pas être atteint. Le rapport d’étape sur cette initiative intitulée «3by5» présenté par les deux organisations montre, en effet, que pour le moment, seul le cap du million de malades soignés a été dépassé. Cela représente déjà une avancée significative. D’autant que le rythme de diffusion des traitements durant les derniers mois laisse penser que d’autres progrès peuvent être réalisés rapidement. Avec un espoir : essayer de permettre un accès universel aux antirétroviraux d’ici 2010.

A six mois du terme de l’initiative «3by5», l’OMS et l’Onusida estiment que la progression de la diffusion des traitements antirétroviraux (ARV) est au-dessous du niveau espéré. Avec un million de malades du sida pris en charge au lieu de 1,6 million mi-2005, il ne paraît pas envisageable de réussir à rattraper le retard d’ici la fin de l’année pour se placer au niveau de l’objectif de 3 millions défini en 2003. Pour autant, les deux organisations qui se sont associées afin de lancer cette campagne en faveur de l’accès de tous les malades des pays en développement aux ARV, ne sont pas mécontentes des résultats obtenus. Car les progrès de la diffusion des traitements sur les derniers mois sont très encourageants. Globalement, il y a deux fois plus de patients traités en 2005 qu’en 2003.

En Afrique subsaharienne, le continent le plus durement frappé par les ravages du VIH mais aussi celui où les infrastructures sanitaires sont les plus déficientes, on dénombre aujourd’hui 500 000 malades qui ont accès aux antirétroviraux. En un an, leur nombre a d’ailleurs été multiplié par trois. Ce rythme accéléré montre à la fois que lorsqu’il y a un engagement important des institutions internationales et des Etats dans les programmes sur le sida on peut obtenir des résultats, mais aussi qu’il reste beaucoup à faire. Car ces 500 000 malades qui ont accès aux traitements ne représentent qu’une petite proportion des quelque 4,7 millions qui, au total, auraient besoin d’en bénéficier sur le continent.

L’Afrique n’est pas la seule région à avoir enregistré une amélioration notable dans l’accès aux traitements. En Asie du Sud et de l’Est, la deuxième zone la plus touchée par le VIH où 1,1 million de malades ont besoin des antirétroviraux, la progression de la diffusion des ARV a aussi été très importante. On est de passé de 55 000 à 155 000 malades pris en charge entre juin 2004 et juin 2005. L’OMS et l’Onusida estiment donc qu’à l’heure actuelle, 14 % des sujets ayant besoin d’un traitement y ont accès.

Trouver 18 milliards de dollars supplémentaires

Deux ans après avoir été proposée à la communauté internationale, la stratégie «3by5» a donc permis d’engager une dynamique en faveur de la diffusion des ARV dans les pays les plus pauvres. Sur les 49 Etats ciblés pour mettre en œuvre ce programme, une quarantaine se sont déjà fixés des objectifs thérapeutiques et 34 ont mis au point des plans nationaux d’extension des traitements. Bien sûr, la mise en œuvre reste difficile. Et seuls 14 pays en développement ont réussi, pour le moment, à donner accès aux ARV à au moins 50 % des malades du sida qui en ont besoin, c’est-à-dire à respecter les objectifs définis dans le cadre de la stratégie de l’OMS et de l’Onusida.

Les progrès réalisés ne doivent pas faire oublier que certains obstacles continuent à empêcher la diffusion des traitements auprès de tous ceux qui en ont besoin. Le plus important d’entre eux étant le manque de moyens. De ce point de vue, l’OMS et l’Onusida estiment que malgré l’augmentation significative des contributions promises par les principaux donateurs internationaux (27 milliards pour les 3 prochaines années), il manque encore 18 milliards de dollars pour la période 2005-2007, si l’on veut continuer les politiques engagées depuis deux ans en faveur de la diffusion des traitements dans les pays à faibles revenus. Au-delà des besoins financiers immédiats, il faut aussi penser à l’installation de mécanismes susceptibles de pérenniser les actions dans le long terme. Car les ressources des pays en développement ne seront jamais suffisantes pour leur permettre d’agir contre le sida sans aide extérieure. Même si la proposition des Etats du G8 d’annuler la dette des pays visés par l’initiative «3by5» envers le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement est susceptible de dégager des ressources nationales pour la lutte contre le VIH.

Les résultats obtenus grâce aux premiers programmes de diffusion des ARV représentent pour les bailleurs de fonds un encouragement à poursuivre leurs efforts. Notamment parce qu’ils ont montré qu’en finançant l’accès aux soins, on agit aussi au niveau du dépistage et de la prévention, qui représentent les deux autres piliers de la lutte contre le sida. Le fait de savoir qu’ils peuvent obtenir un traitement permet de lever certaines réticences des malades qui, du coup, acceptent de faire le test pour connaître leur statut sérologique mais aussi d’écouter plus sereinement et d’appliquer les conseils en matière de prévention. En Ouganda, par exemple, l’introduction des traitements antirétroviraux a entraîné une multiplication par 27 de la demande de dépistage et de conseil. Plus que jamais, il apparaît que pour mieux lutter contre le sida, il est indispensable de mener des programmes intégrés grâce auxquels il est possible de prévenir, de dépister et de traiter.


par Valérie  Gas

Article publié le 29/06/2005 Dernière mise à jour le 30/06/2005 à 08:54 TU