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XVème Conférence internationale sur le sida

Faire plus, et mieux

Nelson Mandela, lors de son allocution de clôture de la conférence de Bangkok. 

		(Photo : AFP)
Nelson Mandela, lors de son allocution de clôture de la conférence de Bangkok.
(Photo : AFP)
L’état des lieux réalisé lors de la conférence de Bangkok a, avant tout, permis de rappeler que le sida demeure une urgence sanitaire. Malgré les progrès en matière de financement, de recherche médicale et une mobilisation accrue de la communauté internationale comme des Etats, le virus continue sa progression sans ralentir. C’est donc sur un appel pressant à continuer, mais surtout à multiplier les efforts que les délégués se sont séparés.

Une fois encore, Nelson Mandela a fait le déplacement pour apporter son soutien à la lutte contre le VIH. Malgré son âge, l’ancien président sud-africain s’est rendu à Bangkok pour participer à la Conférence internationale sur le sida. Comme à Barcelone, il y a deux ans, ou à Paris, en 2003, lors de la conférence scientifique sur le VIH et les traitements, il a demandé aux bailleurs de fonds qu’ils accentuent leur mobilisation de manière «substantielle». Mais Nelson Mandela a aussi lancé un appel à «chaque citoyen du monde» pour qu’il participe à hauteur de ses moyens à la lutte contre un virus qui tue tous les ans plus de trois millions de personnes sur la planète. «Aucune somme d’argent n’est trop faible», a-t-il déclaré devant les délégués de la conférence et l’ensemble des médias internationaux réunis à Bangkok.

Ce point de vue est partagé par le sénateur thaïlandais Mechai Viravaidya, l’homme le plus engagé du pays en faveur de la lutte contre le sida, qui a même été surnommé «Monsieur préservatif» car il est à l’origine d’une campagne menée dans les années 90 en faveur de ce mode de prévention. C’est pourquoi il a lancé, durant la conférence de Bangkok, le «Fonds mondial populaire» en faisant circuler parmi les délégués une boite en carton destinée à recueillir des dons de un dollar. Cette initiative est symbolique mais n’en a pas moins vocation à perdurer. Dans un premier temps, les sommes recueillies iront sur un compte rémunéré dans une banque thaïlandaise et seront ensuite distribuées à des associations «communautaires» venant en aide aux malades. Et si l’argent continue à rentrer dans les caisses, il est déjà prévu de mettre en place un conseil de gérance dont l’Union européenne s’est engagé à assurer la prise en charge.

«Faire en sorte que l’argent marche pour les gens»

L’objectif est de montrer que le combat contre le sida doit être mené à tous les niveaux. Bien sûr, les initiatives populaires ne peuvent suffire. Et le principal effort doit être fourni par les gouvernements. Nelson Mandela a d’ailleurs une nouvelle fois insisté sur la nécessité de voir les dirigeants mondiaux prendre la tête de la «croisade» contre le sida. «L’histoire ne manquera pas de nous juger sévèrement si nous ne répondons pas avec toute l’énergie et les ressources que nous pouvons mobiliser pour combattre le sida», a-t-il déclaré, ajoutant en guise d’encouragement plein d’humour : «Laissez-moi profiter à plein de ma retraite en montrant que vous pouvez relever le défi».

Certains donateurs ont entendu ce message et profité de leur présence à la conférence pour annoncer de nouveaux engagements financiers dans la lutte contre le VIH. La France a ainsi appelé à assurer la pérennité du financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en lui assurant des contributions annuelles d’un montant de trois milliards de dollars répartis entre les Etats-Unis, l’Europe et les autres donateurs. La Commission de Bruxelles et la Fondation Bill et Melinda Gates ont entendu cet appel et y ont répondu en annonçant qu’elles allaient respectivement augmenter leurs contributions de 42 millions d’euros et de 50 millions de dollars.

Ces efforts sont encourageants mais pas suffisants pour répondre aux besoins de la lutte contre le VIH estimés à 12 milliards de dollars d’ici 2005. Les associations présentes à Bangkok ont d’ailleurs marqué leur désappointement face à l’absence d’engagement collectif en matière de financement. Khalil Elouardighi, représentant d’Act up Paris, a estimé que les malades étaient «en colère» vis-à-vis des «pays qui détiennent 65 % de la richesse mondiale» et qui n’ont pas tenu leurs promesses en matière de financement de la lutte contre le sida. L’Allemagne, dont la participation au Fonds global ne dépasse pas 95 millions de dollars, est particulièrement visée par les critiques des associations.

Du point de vue de Peter Piot, directeur général d’Onusida, le bilan est moins sévère. Il a même déclaré, à Bangkok, que «pour la première fois, il y avait une réelle chance de vaincre l’épidémie». Si tant est que l’on réussisse à utiliser l’argent de manière «efficace». «Il est maintenant de notre responsabilité collective de faire en sorte que l’argent marche pour les gens». De ce point de vue, la priorité est de mettre en place les moyens nécessaires pour permettre à tous les malades de bénéficier des traitements antirétroviraux disponibles. C’est à dire d’assurer une distribution rapide et sécurisée de médicaments à prix réduit, de former des personnels pour les délivrer et assurer le suivi des patients, d’équiper des laboratoires… Il n’est pas question néanmoins de négliger la prévention. Plus que jamais, elle est nécessaire. Car les chercheurs réunis à Bangkok ont insisté sur le fait que la mise au point d’un remède «définitif» au sida, un vaccin, n’était pas pour demain.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/07/2004 Dernière mise à jour le 16/07/2004 à 15:01 TU