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Constitution irakienne

Le principal parti sunnite appelle à voter «oui»

Tarek al-Hachimi, secrétaire général du Parti islamique irakien, lors d’une conférence de presse à Bagdad. La principale formation sunnite a appelé à voter «oui» au référendum de samedi.(Photo : AFP)
Tarek al-Hachimi, secrétaire général du Parti islamique irakien, lors d’une conférence de presse à Bagdad. La principale formation sunnite a appelé à voter «oui» au référendum de samedi.
(Photo : AFP)
Après plusieurs jours d’intenses négociations, un accord de dernière minute a été conclu mardi soir, sous l’égide des Américains, entre les principales communautés irakiennes, ouvrant la voie à la participation samedi de la minorité sunnite au référendum sur la Constitution. Cet accord prévoit que la Loi fondamentale, violemment critiquée par les sunnites et dont l’approbation devrait n’être désormais plus qu’une formalité, pourra être amendée par le nouveau Parlement qui doit être élu en décembre prochain.

Une Constitution irakienne en l’absence des sunnites qui représentent plus de 20% de la population ? L’hypothèse était difficilement envisageable, encore moins défendable. Les Américains l’ont bien compris à en juger les intenses pourparlers qui se sont déroulés ces derniers jours, à Bagdad, sous l’égide de leur ambassade, entre les représentants des principales communautés irakiennes Ces âpres tractations de dernière minute ont débouché mardi soir, soit quatre jours avant le référendum sur la Constitution, sur un accord qui devrait permettre un vote majoritaire en faveur de ce texte, y compris par les sunnites pourtant violemment hostile à son adoption il y a encore quelques jours. Cet accord prévoit en effet la création d’une commission au sein de la future Assemblée nationale –qui doit être élue le 15 décembre prochain– qui disposera de quatre mois pour discuter de la Constitution et l’amender. Les modifications apportées à la Loi fondamentale seront ensuite soumises au vote des députés qui doivent les approuver à la majorité simple. Puis un nouveau référendum sera organisé pour entériner la Constitution amendée.

Le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, qui s’est investi dans ces négociations de la dernière chance, s’est félicité de la participation des sunnites à la consultation de samedi. Selon lui, en participant au processus politique, cette minorité pourra avoir une bonne représentation dans le prochain Parlement –les sunnites avaient boycotté les législatives de janvier dernier– et surtout avoir son mot à dire sur la forme finale du régime politique de l’Irak. «Aujourd’hui est un jour historique. Je suis confiant dans le fait qu’il y aura un consensus sur la Constitution le jour du vote. Cette Constitution est un élément qui va renforcer l’unité du peuple irakien», a affirmé le chef de l’Etat.

La principale formation sunnite du pays, le Parti islamique irakien, a très vite appelé ses partisans à voter «oui» lors la consultation de samedi. L’accord conclu mardi soir «nous permettra d’amender la Constitution», a défendu Ayad Sammaraï, le porte-parole de ce mouvement qui jusque-là appelait à faire barrage à un texte qui, en reconnaissant le fédéralisme, menaçait l’intégrité territoriale de l’Irak. Selon lui, deux autres groupes politique et religieux au moins –le groupe Ahl as-Sunna et le Waqf (office des biens religieux)– ont également appelé à voter en faveur de la Constitution, ce qui devrait grandement faciliter son adoption.

Les sunnites restent divisés

Mais l’accord conclu mardi soir est loin de faire l’unanimité dans la communauté sunnite qui reste des plus divisée. Le très influent Comité des oulémas, la principale association religieuse sunnite, a ainsi vivement dénoncé toute participation politique qui se déroulerait «sous occupation» américaine. «Un vote en faveur de la Constitution légitime l'occupation», a notamment affirmé Abdel Salam Koubaïssi, l’un des responsables du Comité qui a condamné la position du Parti islamique irakien. Cette formation «a rejeté le consensus sans consulter les autres groupes sunnites, a-t-il déploré. Et nous demandons à Dieu de les faire revenir sur leur position». Le Conseil du dialogue national, autre mouvement sunnite, a également rejeté l'accord conclu avec les Kurdes et les chiites, estimant qu'il ne faisait que différer sans les régler les questions litigieuses, comme le fédéralisme qui menace l'unité du pays. Et le vice-président irakien, Ghazi al-Yaouar, pourtant favorable à une participation des sunnites au référendum de samedi, a reconnu que l’accord avait été obtenu «à la hâte». Il a cependant admis que dans les conditions actuelles il était «le meilleur» possible.  

Quoiqu’il en soit, et bien qu’obtenu à l’arraché, l’accord, qui a ouvert la voie à une participation des sunnites au processus politique en cours, a été accueilli avec soulagement par l’administration américaine. «Nous estimons que de telles initiatives vont aider l'Irak à progresser sur la voie d'une démocratie solide et durable. Cet accord va encourager les gens à participer au processus politique, non seulement ce week-end mais à l'avenir», s’est ainsi félicité le porte-parole de la Maison Blanche qui a rappelé que Washington avait toujours défendu l’idée d’«une participation au processus politique aussi large que possible». Scott McClellan a toutefois indiqué que les Etats-Unis s'attendaient à une poursuite des violences en Irak. «Plus les Irakiens progresseront sur le plan politique, plus les terroristes seront désespérés. Nous nous attendons à une poursuite de la violence car les terroristes savent combien les enjeux sont importants en Irak», a-t-il affirmé, ajoutant que ces derniers «savent bien qu'un Irak libre et démocratique sera un coup porté à leurs ambitions».

Trente personnes ont été tuées mercredi et 35 autres blessées dans un attentat suicide perpétré à Tall Afar, le deuxième en deux jours dans cette ville du nord-ouest de l'Irak. Les autorités, qui redoutent une recrudescence des violences à l’approche du référendum de samedi, ont commencé à mettre en place des mesures de sécurité draconiennes. La circulation automobile sera notamment interdite le jour du scrutin, les administrations fermées et le couvre-feu instauré.  


par Mounia  Daoudi

Article publié le 12/10/2005 Dernière mise à jour le 12/10/2005 à 17:55 TU