Espace
Mission Stardust accomplie
(Photo : AFP)
Une cuillère à café de poussières d’étoiles va nourrir quelque dix années de travaux de recherche scientifique. Ces grains de poussière interstellaire sont revenus sur terre après une odyssée de 4,5 milliards de kms -soit 10 000 fois la distance de la Terre à la Lune- et sept années de suspens. La capsule de 46 kg s'est posée à 10h12 GMT ce dimanche 15 janvier 2006, dans le désert de l’Utah (ouest des Etats-Unis), sur une base militaire américaine. Ce retour est accueilli non sans joie et fébrilité car il s'agit de la première mission robotique chargée de recueillir, au-delà de la lune, des particules datant d'avant la naissance du système solaire, voilà 4,5 milliards d'années. « Quelques éléments du système n'ont encore jamais été utilisés, cela représente une part d'inconnu », a déclaré Chris Jones, directeur des études d'exploration du système solaire au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa.
Après une double révolution autour du soleil, la sonde (385 kg) avait rencontré la comète Wild 2, près de Jupiter, le 2 janvier 2004. La capsule s'est posée en douceur après une plongée à 46 435 km/h dans l'atmosphère, une vitesse record de rentrée atmosphérique pour un objet de fabrication humaine. A 32 km d'altitude, un petit parachute a été déployé pour freiner cette chute, précédant l'ouverture d'un deuxième parachute à 10 000 mètres d'altitude. Des hélicoptères doivent maintenant procéder à la récupération de la précieuse cargaison céleste qui sera transportée, la semaine prochaine, au Centre Spatial Johnson à Houston (Texas, sud).
« Une manière d'explorer le temps »
La victoire est d’autant appréciée qu’en 2004, la sonde spatiale Genesis, qui rapportait des ions solaires, s'était écrasée à son retour sur terre, faute d’ouverture du parachute. Depuis la mission Apollo 17, en 1972, qui avait rapporté des pierres de lune, c'est donc la première fois que des matériaux « extraterrestres » sont rapportés sur terre. La plupart de ces poussières ne devraient pas dépasser en épaisseur un dixième de cheveu humain, mais leur importance est de taille car les chercheurs s’accordent à penser que les comètes sont des résidus du processus de formation des planètes.
« Prélever des particules de comète filante, c'est une manière d'explorer le temps », a déclaré Chris Jones : les scientifiques estiment qu'elles constituent une occasion sans précédent d'étudier l'état primitif de la matière du système solaire. Les informations tant chimiques que physiques détenues dans les particules des comètes devraient révéler l'histoire de la formation des planètes et renseigner sur les matériaux qui les composent. A terme, peut-être en saura-t-on un peu plus quant à l'origine de l'apparition de la vie sur la planète Terre.
par Dominique Raizon
Article publié le 15/01/2006 Dernière mise à jour le 17/01/2006 à 16:41 TU