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Guinée

Gouvernement et syndicats : terrain d’accord à Conakry

Vendredi soir, syndicalistes et représentants du gouvernement (les ministres des Transports, de l'Economie et des Finances, du Commerce, de l'Education, et des Mines) se sont réunis pour trouver un accord sur des questions cruciales concernant la survie quotidienne des Guinéens. Les deux camps affichaient leur satisfaction : le gouvernement, pour avoir gagné la suspension de la grève et les dirigeants des syndicats, parce que leur mouvement a été particulièrement suivi et qu’ils ont obtenu un certains nombre d’avancées.

De notre envoyé spécial à Conakry

Curieuse ambiance vendredi soir au palais du peuple de Conakry. Alors que syndicalistes et représentants du gouvernement (les ministres des Transports, de l'Economie et des Finances, du Commerce, de l'Education, et des Mines) s’enfermaient dans une pièce pour trouver un accord sur des questions cruciales pour la survie quotidienne des guinéens, le bâtiment résonnait de sonorités salsa de la célèbre formation cubaine Orchestra Aragon, en concert dans la grande salle.

Quoi qu'il en soit, les deux camps affichent leur satisfaction : le gouvernement, parce qu’il a gagné la suspension de la grève, et les dirigeants des syndicats, parce que leur mouvement a été particulièrement suivi et qu’ils ont obtenu un certain nombre d’avancées.

Certes, pour les salaires de la fonction publique, on est loin de la revendication initiale d’une multiplication par quatre. Et les négociateurs des syndicats n’ont pas non plus formellement obtenu d’accord sur leur deuxième proposition, révisée à la baisse, de doublement des traitements. Mais, selon le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, Ibrahima Fofana, « une combinaison d’augmentations de points d’indice et de différentes mesures fiscales devraient permettre une revalorisation progressive d’ici avril 2007 ».

Quant à la stabilisation des prix …

Ensuite, l’accord comporte une série d’autres mesures, dont la création d’une commission mixte syndicats, gouvernement et patronat sur la stabilisation des prix. Ils ne cessent de flamber depuis de longs mois. Et cela ruine littéralement des Guinéens dont les salaires étaient déjà misérables. « Un sac de riz, par exemple, coûte à Conakry environ 115 000 francs guinéens alors que beaucoup ici gagnent moins de 100 000 FG », se désole Mamadou petit vendeur de pneus dans la capitale. Et cela alors que la Guinée est, potentiellement, l’un des pays les plus riches de la région, en raison notamment de ses formidables richesses minières.

Et c'est la raison pour laquelle le mouvement de protestation a pris une telle ampleur. « De mémoire de Guinéens, on n’a pas vu un mouvement de désobéissance civile aussi massif depuis des décennies », jubile un syndicaliste. La grève a effectivement largement suivie sur tout le territoire. De plus, elle a mobilisé toutes les catégories de la population, y compris les commerçants qui, vendredi encore, ont en majorité gardé porte close.

Reste maintenant a savoir, si l’accord signé va permettre une accalmie durable sur le front social. Ce samedi matin, les dirigeants syndicaux ont soumis le protocole à leurs militants qui ont avalisé sans vote la décision de leurs leaders. « C’est vrai que nous n’avons pas obtenu les augmentations que nous souhaitions, confie un employé de banque. Mais nous avons démontré notre capacité de mobilisation et celle de peser sur les décisions du gouvernement ». Mais au cours de cette réunion, les leaders des centrales syndicales ont réaffirmé avoir seulement suspendu leur mouvement en attendant de voir si le gouvernement va tenir ses promesses, ce qui a sans doute pesé sur le ralliement des militants.


par Christophe  Champin

Article publié le 04/03/2006 Dernière mise à jour le 04/03/2006 à 12:20 TU