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Tchad

Accalmie à N’Djamena, incertitude à l’est

(Carte : C.Wissing / RFI)
(Carte : C.Wissing / RFI)
Les forces gouvernementales ont repris le contrôle de la capitale vers midi. Pendant la matinée, l’incertitude a prévalu. Des tirs sporadiques à l’arme lourde, mais également à l’arme légère dans certains quartiers, s’entendaient. Le gouvernement a garanti très rapidement que la situation était sous contrôle, mais les informations militaires françaises et tchadiennes étaient moins optimistes. Actuellement, l’issue est toujours incertaine à Adré, à l’est du pays, où un front s’est également ouvert à l’aube et se serait refermé vers la mi-journée.

De notre correspondante à N’Djamena

Dans l’après-midi, les rues reprenaient timidement vie. Quelques groupes de personnes marchaient sur le goudron, les taxis reprenaient la circulation sur les principaux axes de la capitale. Ici ou là, un commerçant en boubou ouvrait les verrous des portes en fer de son échoppe. Dans toute la capitale, des militaires tchadiens en Toyota ou en char circulaient affublés d’un bandeau rouge, signe de reconnaissance des forces loyalistes depuis hier.

Sur la place de l’Indépendance qui fait face à la présidence, en revanche, la zone était délimitée par un important dispositif de sécurité plusieurs chars de la garde républicaine stationnant aux alentours. A l’hôpital général, un attroupement a débuté vers midi. Une vingtaine de corps gisaient sur le sol dans une mare de sang à l’entrée. « Ce sont surtout des civils qui ont été touchés dans les quartiers sud », explique un des médecins tchadiens de l’hôpital. « Mais nous n’avons pas assez de lit pour les accueillir, nous sommes totalement débordés ».

« Et la mine a explosé »

Assise par terre, une femme pleure son fils. Ses jambes ont été arrachées par des tirs d’obus. Il attend sous antalgiques, l’œil hagard de passer au bloc. « Nous ne sommes pas assez nombreux. Nous ne pouvons pas opérer tout le monde », déclare le médecin. Une équipe de MSF arrive en renfort pour les médicaments et les soins. Et certains partent sillonner la ville toute la journée pour recueillir des blessés qui n’ont pas pu venir jusqu’au centre-ville.

Un peu plus loin, un patient explique : « je montais sur ma moto sur le goudron et j’ai entendu une détonation. Et soudain, je ne pouvais plus bouger. Je me suis écroulé, je ne sais même pas si ce sont les rebelles qui m’ont blessé ou l’armée». Une dizaine de blessés aux membres arrachés sanguinolents attendaient aussi des soins. « Ils se sont approchés d’un véhicule avec un groupe d’enfants. Et la mine a explosé », murmure une proche parente de l’un d’entre eux.

« Pilonnage » ou « coups de semonce » ?

Devant l’assemblée nationale, au palais du Quinze janvier, là où ont eu lieu une partie des combats à l’arme lourde contre une colonne de rebelles infiltrée dans la ville, le ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Ali Abdallah, tenait un point de presse. Entourés de nombreux militaires affublés d’un ruban rouge, signe de reconnaissance de l’armée tchadienne depuis hier, il explique aux journalistes qui s’attroupent autour de lui, enjambant les cadavres ou les blessés rebelles gisant sur les marches, que la « situation est sous contrôle. Nous avons eu trois séries d’attaques, les ratissages continuent à l’est. Le Tchad est vaste, on ne pouvait pas mettre un soldat à tous les kilomètres. Les rebelles ont contourné les positions gouvernementales, et finalement on les a trouvés à N’Djamena. » Puis il se reprend : « Nous les avons laissés venir. Pour eux, N’Djamena est un coup médiatique, mais nous les avons écartés ».

Même tonalité de la part du président tchadien, qui affirme à nouveau que « c’est la fin des aventures », comme il l’avait affirmé à l’issue de la bataille d’Hadjer Marfaïn, contre les rebelles du Scud au mois de mars. Durant la matinée, une polémique a gonflé à l’encontre de l’armée française. Les rebelles et même certains responsables militaires tchadiens dénonçant le « double jeu de la France qui aurait pilonné les positions rebelles ». Démenti catégorique de l’état-major à Paris : seuls des coups de semonce ont été tirés selon Paris, « pour rappeler que la France assurait la sécurité de ses ressortissants », a affirmé le porte parole de l’état-major.


par Stéphanie  Braquehais

Article publié le 13/04/2006 Dernière mise à jour le 13/04/2006 à 16:13 TU