Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

Sarkozy reste, malgré Clearstream

Nicolas Sarkozy : «<em>Je me suis constitué partie civile en janvier 2006, une fois que la calomnie était avérée.</em>»(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy : «Je me suis constitué partie civile en janvier 2006, une fois que la calomnie était avérée.»
(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy reste au gouvernement. Il l’a annoncé devant les cadres de son parti, l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Malgré l’affaire Clearstream qui empoisonne la vie politique et crée un climat de suspicion au sein même de l’équipe gouvernementale, le ministre de l’Intérieur a décidé de ne pas quitter le navire pour ne pas «créer une crise politique qui ne profiterait qu’à la gauche ou aux extrêmes».

Entre les élans du «cœur» et les injonctions de la «raison», Nicolas Sarkozy a choisi. Il reste au gouvernement. Le ministre de l’Intérieur a, semble-t-il, mûrement réfléchi avant de prendre cette décision. Et la question de son départ a été véritablement posée. Un certain nombre de ses proches lui conseillaient d’ailleurs de ne plus attendre pour se désolidariser d’un gouvernement en perdition. Les mises en cause de plus en plus précises de Dominique de Villepin et de Jacques Chirac dans l’affaire Clearstream lui offraient une raison de partir sans avoir l’air de jouer uniquement une carte personnelle et de suivre une stratégie électorale. Lui qui a fait l’objet d’une dénonciation calomnieuse dont il affirme être persuadé qu’elle visait à le déstabiliser politiquement.

Nicolas Sarkozy ne renonce pas pour autant à obtenir que la justice fasse toute la lumière sur cette affaire : «Je veux juste la vérité pour qu’une fois la République aille jusqu’au bout et soit débarrassée des officines, des comploteurs, des falsificateurs». En attendant, il ne souhaite pas «créer les conditions d’une crise politique qui ne profiterait qu’à la gauche ou aux extrêmes». Son départ aurait, il est vrai, presque inévitablement condamné le gouvernement à l’implosion et provoqué une situation politique encore plus complexe qu’actuellement pour la majorité. Avec de nouveaux ravages dans une opinion publique déjà échaudée par la multiplication des dissensions gouvernementales et gavée de scandales. Dans ces conditions, le ministre de l’Intérieur préfère prolonger ce qui ressemble à s’y méprendre à une cohabitation droite-droite, quitte à ce qu’elle devienne de plus en plus difficile. Il présente cette décision comme le choix du devoir. Nicolas Sarkozy s’est engagé «au service de la sécurité des Français», il poursuit donc cette tâche.

Stratégie ou devoir ?

De cette manière, le ministre de l’Intérieur entend rester dans la logique qu’il s’était fixé en fonction de l’échéance électorale de 2007 et ne pas faire évoluer prématurément «le calendrier». Il tente, d’autre part, de parer les attaques qu’il commence lui aussi à subir dans le cadre de l’affaire Clearstream. S’il se présente comme LA victime de la tentative de manipulation, cela n’empêche pas un certain nombre de commentateurs ou adversaires politiques de l’accuser de vouloir exploiter un peu trop cette situation et de manipuler une part de l’information. Le journaliste Stéphane Denis, un proche du général Rondot qui a enquêté sur les faux listings de comptes occultes Clearstream sur lesquels le nom de Nicolas Sarkozy avait été inscrit, affirme qu’il l’a prévenu de la manipulation en 2004. Ce qui voudrait dire que le président de l’UMP aurait menti sur la date à laquelle il a découvert qu’on enquêtait sur lui. Une version des faits que celui-ci dément formellement mais qui contribue à alimenter les accusations de «mise en scène» de son statut de victime dont il fait l’objet.

François Hollande partage cette vision des faits. Le Premier secrétaire du Parti socialiste a réagi avec sévérité après l’annonce du choix du ministre de l’Intérieur de rester au gouvernement et l’a accusé de calculs purement politiciens : «M. Sarkozy prétend que c’est pour servir la France, en réalité, en restant au gouvernement il ne sert que ce qu’il croit être ses intérêts : déstabiliser, attendre la déstabilisation du Premier ministre, user de la protection du ministère de l’Intérieur et poursuivre aux frais de l’Etat sa campagne présidentielle».

Nicolas Sarkozy a eu beau réaffirmer qu’il n’était pas motivé par une volonté de «régler des comptes politiques» en demandant la vérité dans l’affaire Clearstream, il ne fait de doute pour personne que ce dossier représente le point paroxystique de son affrontement avec le Premier ministre, qui dure depuis de nombreuses années, mais est devenu singulièrement acharné à l’approche de l’élection présidentielle. Cela n’empêche pas les deux hommes de continuer à donner l’illusion d’une entente de raison. Ils se sont d’ailleurs entretenus en tête à tête, vendredi 12 mai, pour faire le point. Et peut-être se mettre d’accord sur un statu quo provisoire. Le seul commentaire du porte-parole du Premier ministre à l’issue de cette rencontre a été à la fois limité et révélateur, puisqu’il a simplement indiqué que l’entretien s’était «bien passé» !


par Valérie  Gas

Article publié le 13/05/2006 Dernière mise à jour le 13/05/2006 à 18:20 TU

Audio

Nicolas Sarkozy

Ministre français de l'Intérieur

«Je continuerai mon travail au gouvernement, au service de la sécurité des Français.»

[13/05/2006]

Nicolas Sarkozy

Ministre français de l'Intérieur

«Je veux la justice et non la revanche politique.»

[13/05/2006]

Isabelle Chenu

Journaliste à RFI

«'C’est lui [Nicolas Sarkozy] la victime, il n’a pas à s’effacer', expliquent ses partisans.»

[13/05/2006]

Articles