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Immigration

Les Maliens tentent leur chance au Liberia

Dramane Traoré, jeune immigrant malien au Liberia se lève très tôt pour aller vendre des boissons au centre de Monrovia. 

		(Photo: Zoom Dosso/RFI)
Dramane Traoré, jeune immigrant malien au Liberia se lève très tôt pour aller vendre des boissons au centre de Monrovia.
(Photo: Zoom Dosso/RFI)
Les clandestins maliens qui ont été rapatriés de force du Maroc et de la Mauritanie, sont en train de tenter à nouveau leur chance en passant cette fois par le Liberia, dans l’espoir de se rendre aux Etats-Unis. On leur a fait miroiter qu’aucun visa n’était nécessaire pour aller dans ce pays. Ils se rendent compte, arrivés sur place, que ce n’est pas le cas. Mais ils n’ont plus le choix. Ils se transforment en vendeurs ambulants, espérant avoir, un jour, l’opportunité de partir pour l’Europe ou les Etats-Unis.

De notre correspondant à Monrovia

Les immigrants maliens ont pris d’assaut la capitale du Liberia. Ils passent tous par la Guinée. Les autorités de l’immigration libérienne disent que plus de 10 000 personnes ont traversé la frontière de la Guinée au Liberia en 3 mois. Ils n’ont pas réussi à atteindre l’Europe en passant par le Maroc, alors ils tentent un nouvel itinéraire.«Nous avons essayé d’aller en Europe en passant par le Maroc, mais nous n’avons pas eu la chance de pouvoir franchir l’étape marocaine. Après avoir été gardé longtemps dans la forêt, les forces de l’ordre ont finalement mis la main sur nous. On nous a ligoté comme des bœufs pour nous renvoyer au Mali. Mais là-bas, on ne peut rien faire pour avoir de l’argent, alors que les parents sombrent dans la pauvreté. Il fallait donc tenter sa chance ailleurs. Au Mali, on nous a dit que la guerre était finie au Liberia et qu’il était très facile d’aller aux Etats-Unis à partir de ce pays. On nous a même dit qu’au Liberia on n’a pas besoin de visa pour se rendre aux Etats-Unis», explique Dramane Kéïta. «C’est une fois arrivé ici qu’on a su que ce qu’on nous disait au Mali n’était pas vrai. Mais il était trop tard pour faire demi-tour. Nous avons décidé de rester pour chercher un peu d’argent en attendant de voir quelles sont les possibilités d’atteindre l’autre côté (Europe ou Etats-Unis).»

Des jeunes à la recherche d’une vie meilleure

Ces immigrants sont quasiment tous des jeunes, âgés de 18 à 30 ans. Ils sont à la recherche d’une vie meilleure. Le Liberia étant un pays convalescent, qui sort de 14 années de guerre fratricide, le secteur industriel est quasiment inexistant. Il n’y a donc pas d’emplois. Le taux de chômage est supérieur à 80%. Pour avoir de l’argent, la seule possibilité qui s’offre aux immigrants maliens est le petit commerce. Ils se promènent à longueur de journée dans les rues de la capitale libérienne pour vendre des DVD piratés et du thé, qu’on appelle ici Ataï. «En tout cas, je peux dire Alhamdulilaï. La vente de Ataï ça marche un peu. C’est mieux ici qu’au Mali. Je gagne un bénéfice de 500 dollars libériens [5 mille francs CFA] chaque jour.» Abdoulaye Diaby poursuit : «Vous savez, personne au monde ne peut dire qu’il adore quitter les siens pour aller ailleurs. C’est parce que dans notre pays aucune opportunité ne s’offre à nous, que nous avons décidé de choisir l’aventure. Mais au Maroc, on nous a traité comme des animaux, des criminels ou encore des fous

Pour réduire les dépenses, les immigrants habitent par dizaines dans une même chambre. «Et comme ici il ne fait pas aussi chaud qu’au Mali, on arrive à s’en sortir», explique Dramane. Les migrants habitent pour la plupart dans la banlieue de Monrovia où le loyer est à la portée de tous. Mais il y a un inconvénient : «Ceux qui consomment plus le Ataï sont en ville. Il faut donc se lever très tôt pour marcher sur une distance d’environ trente kilomètres pour aller au centre-ville afin de pouvoir vendre une bonne quantité de Ataï», indique Abdoulaye.

Le gouvernement libérien envisage de prendre des mesures pour limiter l’affluence de migrants maliens qui pourrait avoir des graves conséquences sur la sécurité intérieure. «Notre pays essaie de recouvrer la tranquillité et la paix après de longues années de guerre. Il n’y a pas de travail. Si nous ne limitons pas l’immigration, nous risquons de nous retrouver devant une situation sécuritaire difficile à contrôler», affirme Christ Massaquoi, commissaire du bureau d’immigration et de naturalisation. «Ces gens sont des frères ouest-africains. Nous sommes en train de préparer de nouvelles mesures qui nous permettront de limiter l’afflux que nous constatons ces temps-ci. Vous savez, la grande publicité qui a caractérisé l’arrivée au pouvoir de la présidente Ellen Sirleaf, fait que tout le monde pense que le Liberia est désormais un paradis. Nous luttons pour en arriver là mais nous n’y sommes pas encore. »



par Zoom  Dosso

Article publié le 18/06/2006Dernière mise à jour le 18/06/2006 à TU