Burundi
Premier pas vers un cessez-le-feu
(Photo: AFP)
Les hostilités vont s’arrêter pendant quinze jours. Le temps pour le gouvernement burundais et les Forces nationales de libération (FNL), qui ont négocié l’accord signé dimanche, de trouver le moyen d’arriver à un cessez-le-feu total. Pour le président tanzanien, Jakaya Kikwete, dont le pays a accueilli les négociateurs, la signature de ce document «donne une chance à la paix au Burundi».
Ce pays d’Afrique centrale tente, en effet, de sortir d’une terrible guerre civile déclenchée il y a 13 ans par l’assassinat du président hutu Melchior Ndadaye, et qui a fait plus de 300 000 morts en opposant l’armée, longtemps dominée par les tutsis, aux hutus. Les FNL représentent le seul mouvement rebelle -sur les sept les plus actifs durant le conflit- à n’avoir toujours pas déposé les armes. Fin mai encore, ils ont été à l’origine de tirs de mortier sur la capitale Bujumbura qui ont fait plusieurs morts.
Des élections organisées en 2005 ont pourtant permis au hutu Pierre Nkurunziza, ancien chef d’un autre mouvement rebelle, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD), d’accéder à la présidence. Mais jusqu’à récemment, les FNL refusaient de reconnaître ce nouveau pouvoir. Agathon Rwasa n’a déclaré être prêt à engager des pourparlers avec le gouvernement qu’en mars 2006. Ce qui a permis d’arriver aux négociations de Dar es-Salaam et à la signature d’un accord.
Régler la question de l’armée
Si finalement les deux parties ont réussi à trouver un terrain d’entente, il y a eu jusqu’au dernier moment des incertitudes. La signature était annoncée pour le samedi 17 juin, elle n’a finalement eu lieu que le dimanche 18. L’objectif des négociations était de permettre aux FNL de s’intégrer dans le processus politique et de jouer un rôle dans la reconstruction du pays en tant que parti et non groupe rebelle. Du point de vue du gouvernement, cela signifiait qu’une condition préalable devait être remplie : à savoir l’instauration d’un cessez-le-feu. De leur côté, les FNL ne voulaient pas s’engager immédiatement sur ce point. Une solution intermédiaire a été trouvée. La cessation des hostilités pendant deux semaines doit permettre de continuer les discussions pour réunir les conditions nécessaires afin de mettre en œuvre un cessez-le-feu total.
La question de l’armée représentait un autre point de divergences. Les FNL souhaitent qu’elle soit totalement démantelée et réformée. Le gouvernement burundais ne voit pas les choses exactement de la même façon. Il estime que les forces rebelles -les FNL comptent entre 1 500 et 3 000 combattants- doivent y être simplement intégrées.
Tout n’est donc pas réglé et l’accord signé, qui fixe des principes, ne représente pas un aboutissement mais une étape dans un processus de négociation de paix. Il semble néanmoins marquer la volonté des deux parties de poursuivre «des discussions sérieuses» et de continuer à avancer.
par Valérie Gas
Article publié le 18/06/2006Dernière mise à jour le 18/06/2006 à TU