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Politique française

Villepin dérape mais regrette

Dominique de Villepin a présenté ses «&nbsp;<em>regrets</em>&nbsp;» à François Hollande et affirmé qu'il n'avait pas voulu se livrer à «&nbsp;<em>des attaques personnelles&nbsp;</em>». 

		(Photo: AFP)
Dominique de Villepin a présenté ses « regrets » à François Hollande et affirmé qu'il n'avait pas voulu se livrer à « des attaques personnelles ».
(Photo: AFP)
Dominique de Villepin a provoqué un tollé à l’Assemblée nationale en accusant François Hollande de «lâcheté». Même si l’Hémicycle est traditionnellement une tribune de choix pour les échanges verbaux un peu vifs, l’attaque directe du Premier ministre contre le Premier secrétaire du Parti socialiste a fait bondir les députés de l’opposition qui ont hué le chef du gouvernement. Dans un contexte marqué par une succession d’erreurs politiques et d’affaires embarrassantes (CPE, Clearstream, EADS…) qui ont remis en cause sa crédibilité et son autorité, Dominique de Villepin semble avoir prononcé le mot de trop. Ses excuses risquent de n’y rien changer.

Rage à gauche, lassitude à droite. Décidément Dominique de Villepin n’a pas gagné grand-chose en s’en prenant à François Hollande. D’autant que le lendemain, il a été obligé de passer par l’épreuve des «regrets» publics pour éteindre l’incendie que ses propos avaient déclenché. Les socialistes, outrés de voir leur Premier secrétaire accusé de «lâcheté» par le Premier ministre, avaient exigé qu’il présente ses excuses à la reprise des débats, le 21 juin, et menacé, si ce n’était pas le cas, de quitter l’Assemblée sur le champ.

Dominique de Villepin s’est exécuté et a affirmé qu’il n’avait pas voulu se livrer «à des attaques personnelles». S’adressant à François Hollande directement, il a déclaré : «Si certains mots vous ont personnellement blessé, je les regrette et je les retire». C’est Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste, qui s’est chargé «de prendre acte» des excuses du Premier ministre. Et la séance de questions au gouvernement a repris son cours.

De l’exaspération au dérapage

Si l’incident est clos, il n’est certainement pas anodin. La violence de Dominique de Villepin dans sa réponse à François Hollande révèle une exaspération incontrôlable face aux attaques dont il est actuellement l’objet. Il a suffi que le Premier secrétaire du Parti socialiste l’interroge sur le dernier dossier délicat pour le gouvernement, la mauvaise gestion de Noël Forgeard, le président français du groupe aéronautique EADS (dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 15%), qui a vendu des actions juste avant l’annonce des retards dans la livraison de l’Airbus A380, pour qu’il se fâche tout rouge jusqu’à prononcer des mots déplacés.

Il est vrai que Dominique de Villepin n’en finit pas d’être sur la sellette. Depuis la crise du contrat première embauche (CPE), sa démission est demandée à chaque occasion. Occasions qui se sont succédé sans interruption. Notamment avec l’affaire Clearstream dans laquelle on le soupçonne d’avoir essayé de porter préjudice à son concurrent, et néanmoins ministre (de l’Intérieur), Nicolas Sarkozy. François Hollande a d’ailleurs aussi évoqué, lors des questions à l’Assemblée, la plainte pour diffamation que le Premier ministre entend déposer contre des journalistes qui ont enquêté sur Clearstream, en déclarant que ce n’était certainement pas «dans les procédures judiciaires» que Dominique de Villepin retrouverait la confiance perdue des Français. De l’art d’appuyer là où ça fait mal.

Critiqué dans son camp

Quelle qu’en soit l’explication, le dérapage verbal du chef du gouvernement ne lui aura rien apporté si ce n’est des critiques supplémentaires. A gauche, au centre, mais aussi dans son camp. Les députés UMP (Union pour un mouvement populaire) sont, en effet, de plus en plus nombreux à se désolidariser de Dominique de Villepin. Personne n’est monté au créneau pour le défendre : ni pendant la séance où a eu lieu l’altercation, ni après. Au contraire, ils ont été nombreux à manifester leur désapprobation et leur mécontentement.

Dans les couloirs de l’Assemblée, la démission du Premier ministre a été de nouveau présentée comme la seule solution pour arrêter les polémiques. Hervé de Charrette, il est vrai proche de Nicolas Sarkozy, a même appelé Jacques Chirac à intervenir : «Le président de la République ne peut pas ne pas constater la situation de crise dans laquelle le Premier ministre s’enfonce. Un remaniement est absolument indispensable». Alain Gest, proche de Jean-Pierre Raffarin, s’est quant à lui inquiété des conséquences de ces crises à répétition autour du chef du gouvernement : «Les députés ont peur qu’à force d’accumuler les erreurs, on fasse gagner Ségolène Royal ou quelqu’un d’autre». Pour le moment, le chef de l’Etat est resté muet. Certains attendent qu’il reprenne la situation en main d’ici le 14 juillet.



par Valérie  Gas

Article publié le 21/06/2006Dernière mise à jour le 21/06/2006 à TU