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Politique française

Villepin, un an envers et contre tous

Le Premier ministre, Dominique de Villepin, concentre les critiques.(Photo: AFP)
Le Premier ministre, Dominique de Villepin, concentre les critiques.
(Photo: AFP)
Pour son premier anniversaire à la tête du gouvernement, Dominique de Villepin n’est pas à la fête. Sa cote de popularité auprès des Français est au plus bas. Il ne fait plus l’unanimité dans son camp politique. A peine sorti de la crise du contrat première embauche (CPE), il s’embourbe dans le scandale Clearstream. Et pourtant, malgré les rumeurs de remaniement, il ne cesse d’affirmer qu’il n’a pas l’intention de renoncer.

Il y a des anniversaires que l’on fête, et d’autres que l’on oublie. Que fera Dominique de Villepin pour celui qu’il vient de célébrer à l’issue de sa première année de chef du gouvernement ? La réponse interviendra vraisemblablement en 2007. Lorsqu’il saura si cette année a ruiné ses chances de candidat à l’Elysée, ou pas. Car c’est bien là l’enjeu du moment.

Les retournements de tendance ne sont pas exceptionnels en politique. Mais si l’on regarde l’instantané de la situation à J+365, le Premier ministre ne se trouve pas dans les meilleures conditions pour aborder la dernière ligne droite avant l’échéance électorale. Sollicité par Jacques Chirac pour succéder à un Jean-Pierre Raffarin anéanti par le «non» des Français à la Constitution européenne, il se retrouve, un an après, lui aussi dans un cul-de-sac. A tel point que lorsque le gouvernement annonce de bons résultats dans la lutte contre le chômage, on en attribue immédiatement la paternité à son ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, et pas à lui. Alors qu’il n’a eu de cesse, depuis son arrivée à Matignon, de présenter le combat pour l’emploi comme son principal objectif.

Villepin s’est cassé les dents sur le CPE

Il est vrai que plus que le gouvernement, c’est Dominique de Villepin lui-même qui concentre les critiques. Dans la crise du contrat première embauche (CPE), son obstination personnelle à refuser de négocier a participé à provoquer une crise de grande ampleur en facilitant le front commun des jeunes et des syndicats de salariés. Elle lui a valu aussi un certain nombre de ressentiments à l’intérieur même du gouvernement où sa méthode n’a pas fait l’unanimité. Nicolas Sarkozy, son rival, a fait valoir publiquement ses différences d’appréciation. D’autres, comme Jean-Louis Borloo, sont restés plus discrets mais n’en ont pas moins désapprouvé une politique de refus systématique qui n’a abouti qu’à amplifier le conflit social.

Dominique de Villepin avait résisté aux grèves à la SNCM (qui assure le transport maritime vers la Corse), et même aux émeutes de banlieues. Il s’est cassé les dents sur le CPE et a sombré dans les abîmes des sondages. Son image de fonceur, qui avait un temps séduit les Français (en janvier 2006, 58% d’entre eux affirmaient lui faire confiance), s’est transformée en réputation de hussard, qui a fait l’unanimité contre lui.

Le scandale de l’affaire Clearstream, qui a éclaté dans la foulée, n’a pas arrangé les choses. Le Premier ministre est soupçonné d’avoir joué un rôle dans la tentative de manipulation, qui a visé à nuire notamment à son adversaire politique Nicolas Sarkozy. Même si les Français marquent peu d’intérêt pour cette affaire, elle a provoqué des remous importants dans le monde politique. Le Parti socialiste a même déposé une motion de censure contre le gouvernement à cause d’elle. Cela aurait pu n’être qu’une péripétie de la vie parlementaire, le jeu normal entre l’opposition et la majorité. Si ce n’est que les députés de l’UMP en ont profité pour faire passer un message de ras-le-bol, en boycottant massivement la séance où leur chef était mis en cause.

Villepin se prend pour Zidane

Cet épisode n’est pas anodin. D’autant qu’il a été suivi par une nouvelle manifestation de désapprobation à l’encontre du Premier ministre par les mêmes députés UMP, lors de la séance des questions au gouvernement du 30 mai. La veille de l’anniversaire de Dominique de Villepin à Matignon, ils ont scandé le nom de Jean-Louis Borloo dans l’hémicycle comme pour le plébisciter. Un message sans ambiguïté à l’adresse du Premier ministre que celui-ci affirme pourtant n’avoir pas pris pour une expression de défiance à son encontre mais, au contraire, comme une reconnaissance du travail accompli par un membre de son équipe. Et pour employer une métaphore dans l’air du temps, alors que la Coupe du  monde de football va s’ouvrir, il s’est comparé à Zidane qui «se réjouit» quand il «voit Trézéguet marquer un but». Qu’on se le dise, Dominique de Villepin n’a pas l’intention d’abandonner son rôle de chef d’équipe.



par Valérie  Gas

Article publié le 31/05/2006Dernière mise à jour le 31/05/2006 à 17:31 TU