France
Le Paris numérique de Delanoë
(Photo : AFP)
Bertrand Delanoë n’a pas réussi à faire de Paris une ville olympique, il a donc décidé d’en faire une capitale numérique. A l’instar de San Francisco, l’une des villes les plus équipées en nouvelles technologies, le maire socialiste a décidé d’engager la capitale française dans la voie du très haut débit. Il a dévoilé, mardi 4 juillet, au cours d’une conférence de presse, les grandes orientations de son projet baptisé «PARVI, Paris Ville Numérique» qui vise à faire de Paris l’une des villes les plus connectées au monde.
Pour parvenir à son objectif, Bertrand Delanoë compte, dans une première étape, étendre la couverture de la ville en points d’accès Wi-Fi (internet sans fil) qui permet de se connecter en haut débit par ondes hertziennes, sans câble. Concrètement, la mairie prévoit d’installer près de 400 points Wi-Fi gratuits d’ici la fin 2007 dans des espaces publics : les jardins publics, les squares et les bibliothèques. Pour permettre à Paris de disposer de plusieurs réseaux hertziens complets et de qualité d'ici la fin 2007, la Ville mettra à la disposition de tous les opérateurs son domaine public, ses immeubles sociaux et le mobilier urbain. Deux expérimentations destinées à tester les nouveaux usages de la mobilité seront conduites dans le nord-est parisien et dans le quartier Montorgueil dans le IIème arrondissement qui va être ainsi transformé en quartier 100% numérique avec de l’internet gratuit pour tout le monde.
Un réseau de 10 000 kilomètres de fibre optique
A côté des points d’accès Wi-Fi, la ville veut aussi développer le très haut débit par fibre optique. «60% des foyers parisiens disposent déjà d’une connexion à haut débit», a déclaré le maire ajoutant que le but était non seulement de maintenir ce chiffre mais aussi de le faire progresser. A l’heure actuelle, les opérateurs proposent des offres haut débit à 24 mégabits par seconde au maximum pour les liaisons ADSL ou câble. L’objectif est de passer à la vitesse supérieure, c’est-à-dire des connexions à une puissance atteignant au moins 100 mégabits par seconde.
Pour parvenir à cet objectif, la mairie veut développer la fibre optique : de 1 800 kilomètres on passera à 10 000 kilomètres en trois ans. Pour déployer ce réseau fibre optique, Paris utilisera ses égouts qui permettent de développer de nouvelles infrastructures sans effectuer des travaux de voirie. Afin d’inciter les entreprises, il est également envisagé de réduire de 25% les redevances pour les opérateurs installant des fibres optiques. D’ici 2010, 80 % des immeubles de Paris devraient disposer de connexions optiques à très haut débit. Mais pour quoi faire ? Plus de Web, des discussions en direct, des chats plus rythmés ou de la téléphonie. Qui dit «vitesse» dit plutôt «vidéo à la demande», «télévision haute définition» et «jeux en réseau». Des accès ultra-rapides, c’est également pour le consommateur la possibilité de connecter plusieurs postes en réseau ou de faire de son ordinateur le centre multimédia de sa résidence, permettant d’avoir à tout moment accès à une vidéothèque ou de commander tous les appareils électroniques de la maison.
Des immeubles «intelligents»
Ce dispositif qui vise à rendre Paris, la ville la plus compétitive dans le domaine des nouvelles technologies, tend également à promouvoir toute initiative pour réduire la fracture numérique en rendant accessibles ces technologies à tous. Les nouveaux immeubles construits dans les zones d’aménagement concerté (ZAC) devront être des immeubles «intelligents» comprenant des logements équipés en fibre optique pour bénéficier du très haut débit. La ville s’engage également à créer, tous les ans, deux espaces publics numériques (EPN). Aujourd’hui, dix-sept EPN accueillent les Parisiens qui souhaitent se connecter.
Dans cette ambiance d’euphorie au tout-communiquant, il n’est pas de bon ton d’évoquer que dans le domaine du très haut débit, les réseaux internet sans fil (ou WLAN pour Wireless Local Area Network) ont également leurs opposants. Ces réseaux faciles à installer, sont également faciles à pénétrer par des pirates. Des détracteurs également en matière de santé publique. En cause : les antennes-relais, ces émetteurs-recepteurs déjà fort nombreux depuis l’arrivée du téléphone cellulaire, vont se multiplier avec le déploiement des réseaux internet sans fil. En ville, ces bornes se relaient à quelques centaines de mètres. Cette exposition croissante aux antennes-relais suscite bon nombre de réactions. Car si le téléphone portable peut être modulé à la convenance, les antennes-relais, celles-ci émettent en permanence. D’où bon nombre de procès, de pétitions, et d’interpellations auprès des pouvoirs publics. Des experts ont mis en évidence un effet biologique des ondes radio sur la santé : migraines, fatigues chroniques, insomnies… Si l’effet des ondes sur le vivant est établi, les seuils de sensibilité et les normes admissibles sont âprement discutées, avec des résultats contradictoires. On n’a pas fini de s’inquiéter…
par Myriam Berber
Article publié le 06/07/2006Dernière mise à jour le 06/07/2006 à TU