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Sri Lanka

Le conflit reprend

«<em>Dans la situation actuelle on a aucune raison d'être optimiste</em>», a déclaré Erik Solheim, le médiateur norvégien ministre à l’Aide au développement, face à l'escalade meurtrière depuis décembre 2005. 

		(Photo : AFP)
«Dans la situation actuelle on a aucune raison d'être optimiste», a déclaré Erik Solheim, le médiateur norvégien ministre à l’Aide au développement, face à l'escalade meurtrière depuis décembre 2005.
(Photo : AFP)
La table des négociations n’y aura rien fait, le Sri Lanka s’éloigne de plus en plus de la paix depuis la trêve signée en 2002. Lundi, l’armée sri lankaise a tenté de reprendre le contrôle d’une écluse que les rebelles tamouls ont fermée, privant d’eau toute une région où vivent quelque 50 000 habitants. Depuis mardi, l’armée poursuit son offensive. Tirs de mortiers et d’artillerie des deux côtés, importantes pertes humaines : quatre ans après la signature du cessez-le-feu, officiellement toujours en vigueur, le pays renoue avec ses années les plus sombres et les plus meurtrières. Le médiateur norvégien, Erik Solheim, appelle très fermement les deux parties à «arrêter immédiatement les offensives». Un envoyé spécial norvégien, Jon Hanssen-Bauer, est attendu vendredi à Colombo où il s’entretiendra essentiellement du sort de la mission d’observation de la trêve signée en 2002.

La mort d’au moins 118 personnes ces trois derniers jours rend plus que jamais théorique la trêve conclue en 2002 entre le gouvernement de Colombo et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Les combats font rage depuis que l’armée a déclenché une offensive, le 26 juillet dernier, pour reprendre le contrôle du canal d’irrigation de Maavilaru, dans la région de Trincomalee (nord-est). En fermant le canal, les Tigres ont privé d’eau des milliers de paysans, explique le gouvernement et fermer l’écluse revient à forcer les communautés cinghalaises et musulmanes à s’enfuir, ajoute-t-il. Les autorités accusent les Tigres de vouloir procéder à une forme de «nettoyage ethnique».

L’armée sri lankaise affirme avoir «répliqué à l’artillerie et au mortier pour repousser» une offensive rebelle. Le ministère de la Défense sri lankais justifie les bombardements aériens en profondeur comme une riposte : «Les soldats ont attaqué les terroristes en représailles, faisant de nombreuses victimes parmi eux. Ils ont tué plus de quarante cadres des Tigres et blessé soixante-dix autres terroristes». De leur côté, les rebelles accusent le gouvernement d’utiliser la question du canal comme prétexte pour une offensive d’envergure. «Il y avait une nécessité humanitaire urgente d'empêcher les attaques de l’armée sri lankaise visant des civils», déclare le porte-parole militaire des LTTE, Ilanthirayan, cité par le site internet pro-rebelles, tamilnet.

Les combats s’intensifient, mais le bilan des victimes de part et d’autre reste au conditionnel. On ne connaît pas les pertes dans les rangs des LTTE et les chiffres annoncés du côté gouvernemental n’ont pas été vérifiés par une source indépendante. D’après le site internet pro-rebelle, les séparatistes tamouls ont lancé mardi une intense attaque au mortier contre la principale base de la Marine sri lankaise dans le port de Trincomalee. Selon eux, quatre marins auraient été tués et trente autres, blessé. Les rebelles ont également attaqué la base militaire de Kattaparichchan et deux de ses détachements dans la même région. Selon les Tamouls, une vedette gouvernementale aurait été coulée, le navire de transport aurait été touché et au moins huit marins auraient été tués. Le ministère de la Défense a déclaré qu’une importante offensive au mortier, dans trois bases militaires autour et dans la ville de Muttur (nord-est), aurait blessé une vingtaine de militaires.

Depuis décembre dernier, plus de 950 personnes ont été tuées dans ce conflit vieux d’environ trente ans, qui oppose la minorité tamoule (3,2 millions de personnes) à la communauté cinghalaise, majoritaire dans l’île de Ceylan (14 millions d’habitants). Les Tamouls réclament l'indépendance pour leur fief régional au nord-est de Ceylan. Les deux parties se déclarent en faveur de la paix mais les engagements ne sont tenus ni d’un côté ni de l’autre.

«C’est aux parties de régler la situation

La guerre qui ne dit pas son nom a déjà provoqué plus de 65 000 victimes depuis 1983. La Suède a annoncé mardi -après le Danemark et la Finlande-, son retrait de la Mission de contrôle de la trêve au Sri Lanka (SLMM). Les trois pays ont cédé à une exigence des rebelles : ces derniers ont en effet sommé les pays membres de l’Union européenne de quitter la mission après que l’UE a inscrit fin mai les LTTE sur la liste des organisations terroristes. Leur départ de la mission réduit désormais celle-ci à vingt observateurs norvégiens et islandais.

Du point de vue norvégien, nous ne pouvons pas imputer la responsabilité à l’une ou à l’autre des parties. Nous estimons que les deux parties ont contribué à l’escalade. Nous appelons très fermement à immédiatement arrêter les offensives», a déclaré mercredi devant la presse Erik Solheim, le médiateur norvégien, exaspéré par le comportement des deux belligérants. Face à une situation qui ne cesse de se dégrader, Oslo manifeste de plus en plus d’impatience. «C’est aux parties de régler la situation. Nous ne pouvons pas fournir beaucoup de solutions», a déclaré Erik Solheim. L’envoyé spécial de la Norvège au Sri Lanka, Jon Hanssen-Bauer, est attendu vendredi à Colombo où il s’entretiendra essentiellement du sort de la SLMM avec des responsables des deux camps.



par Dominique  Raizon

Article publié le 02/08/2006Dernière mise à jour le 02/08/2006 à TU