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Nucléaire iranien

L’Union européenne veut encore négocier

Le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Javier Solana (à gauche), et le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja. Ils ont annoncé que l'Union européenne accordait à l'Iran un «délai» supplémentaire pour revenir à la table des négociations. 

		(Photo : AFP)
Le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Javier Solana (à gauche), et le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja. Ils ont annoncé que l'Union européenne accordait à l'Iran un «délai» supplémentaire pour revenir à la table des négociations.
(Photo : AFP)
Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne, réunis à Lappeenranta, en Finlande, ont décidé d’accorder à l’Iran un délai supplémentaire pour lui permettre de «clarifier» sa position concernant son programme nucléaire. Même si les Etats-Unis souhaitent la mise en œuvre de sanctions contre le régime de Téhéran, qui n’a pas respecté la demande du Conseil de sécurité de l’ONU de mettre un terme à ses activités liées à l'enrichissement de l'uranium, l’Union européenne entend laisser sa chance au dialogue jusqu’à la dernière limite.

L’Union européenne espère un signe de la part des autorités iraniennes. C’est pour cette raison que les ministres des Affaires étrangères des 25 ont décidé, lors de leur réunion de Lappeenranta, de leur accorder un nouveau délai pour manifester leur volonté de revenir négocier sur le dossier du nucléaire. Aucune date butoir n’a néanmoins été fixée de manière à donner le plus de chances à la reprise d’un dialogue. Pour autant, les Européens ne veulent pas laisser les choses s’enliser éternellement. Ils ont donc précisé que ce délai serait «court». Et de fait, leur prochaine réunion, le 15 septembre, sera l’occasion pour les ministres de faire le point de la situation sur cette question sensible.

C’est à Javier Solana, le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, que revient, d’ici là, la tâche de prendre contact avec le principal négociateur iranien, Ali Larijani. Une rencontre est d’ores et déjà annoncée entre les deux hommes pour la semaine prochaine, sans que la date précise et le lieu aient été révélés. Sa mission consiste à déterminer si le document de 21 pages transmis en guise de réponse à la demande de l’ONU de suspendre les activités liées à l’enrichissement de l’uranium en échange d’une coopération économique, politique et nucléaire avec l’UE, consiste en une fin de non recevoir. Ce qui n’est pas clair. Une chose est sûre : jusqu’ici l’Iran a refusé de répondre favorablement à la demande de gel formulée par les cinq membres permanent du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine) et l’Allemagne, et n’a tenu aucun compte de l’ultimatum fixé au 31 août pour répondre à la proposition des six puissances. Ni de la menace de sanctions qui lui était assortie.

Eviter l’escalade

Face à cette attitude de Téhéran, le président des Etats-Unis a réaffirmé qu’il était nécessaire de prendre des mesures de rétorsion. Selon George W. Bush, «l’attitude de défi de l’Iran doit avoir des conséquences et il ne faut pas [lui] permettre de fabriquer l’arme nucléaire». Même si les autres membres du Conseil de sécurité ont tous manifesté leur regret de ne pas avoir obtenu plus de bonne volonté de la part de Téhéran, l’hypothèse de la mise en œuvre de sanctions provoque des réticences. La Chine et la Russie y sont opposées. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne veulent l’éviter.

Le ministre des Affaires étrangères allemands, Frank-Walter Steinmeier, a été très clair lors de la réunion de Lappeenranta : «Nous n’avons aucun intérêt à ce que les consultations au sein du Conseil de sécurité débouchent sur une escalade dans les prochains jours ou prochaines semaines. C’est pour cela que nous n’allons laisser passer aucune chance d’essayer de savoir, dans les conversations avec l’Iran, s’il y a des possibilités de revenir à la table des négociations.» Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient se trouve en Iran, a lui aussi prôné «la patience» dans cette négociation. Malgré l’insistance américaine, rien ne devrait donc être examiné avant d’avoir obtenu les conclusions de la mission de Javier Solana.

Pour autant, cela n’empêche pas le scénario des différentes sanctions possibles pour contraindre l’Iran à renoncer à développer un programme susceptible de lui permettre d’accéder à terme à l’arme nucléaire, de commencer à circuler. Trois étapes sont ainsi évoquées. Il y aurait d’abord un embargo sur la vente de matériaux à usage nucléaire, un gel des avoirs à l’étranger, une interdiction de voyager pour certains responsables. Puis si nécessaire, on étendrait l’interdiction de voyager et le gel des avoirs aux membres du gouvernement. Et enfin, des restrictions aux vols commerciaux et des interdictions aux banques de prêter de l’argent à l’Iran, pourraient être décidées.

Des signaux contradictoires

Pour le moment, l’Iran n’a donné aucune indication de son intention d’aller dans le sens des demandes du Conseil de sécurité, même si le 22 août, après lui avoir envoyé son document réponse, Téhéran a fait part de sa volonté d’engager «des négociations sérieuses». Le président Ahmadinejad a, au contraire, multiplié les déclarations destinées à montrer sa détermination à poursuivre le programme nucléaire coûte que coûte : «Le peuple iranien ne cédera pas d’un iota dans sa volonté d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et les dirigeants doivent défendre ces objectifs lors de toutes négociations». Difficile d’en tirer des conclusions car les Iraniens ont l’habitude d’envoyer des signaux contradictoires et d’adapter leur message à leur interlocuteur. Lorsqu’il s’est exprimé, le président s’adressait à un auditoire iranien lors d’un discours en province. Cela fait dire à certains observateurs qu’une seule chose est sûre : l’Iran essaie de gagner du temps.



par Valérie  Gas

Article publié le 02/09/2006 Dernière mise à jour le 02/09/2006 à 17:05 TU