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France

La pauvreté et l’exclusion augmentent

Pour Martin Hirsch, président d'Emmaüs France, «en France, la pauvreté augmente, les dépenses sociales augmentent, les déficits sociaux augmentent et l'exaspération sociale augmente chez les riches comme chez les pauvres». 

		(Photo : AFP)
Pour Martin Hirsch, président d'Emmaüs France, «en France, la pauvreté augmente, les dépenses sociales augmentent, les déficits sociaux augmentent et l'exaspération sociale augmente chez les riches comme chez les pauvres».
(Photo : AFP)
A l’occasion de la Journée mondiale 2006 du refus de la misère, ce mardi, et à la veille d’échéances électorales, plusieurs associations pointent la France comme un pays à la «dérive». Avec trois millions de mal logés ou de sans logements et une précarité qui s’est développée sur un mode exponentiel, de plus en plus de foyers français peinent à accéder aux droits fondamentaux (santé, logement, éducation). Dans la France de 2006, un million d’enfants vivent dans la grande pauvreté. Médecins du monde (MDM) a rendu lundi le rapport 2005 de l’Observatoire de l’accès aux soins de sa mission France et signale que «sur 100 personnes, il y en a 20 qui n’ont pas accès aux soins, soit 10% de plus par rapport à l’année précédente».

Comment trouver un emploi sans adresse ? Comment rester en bonne santé sans avoir un toit ? Comment étudier sans eau, sans électricité et sans chauffage ? comment trouver du travail sans aucune formation ? Comment garder le courage pour lutter quand on ne connaît que la détresse ? A l’occasion de cette Journée mondiale 2006 du refus de la misère et à la veille d’échéances électorales, ATD Quart monde, Amnesty international France, le Secours catholique et le réseau Action mondiale contre la pauvreté France ont déclaré dans un appel public commun : «Exigeons que l’accès aux droits fondamentaux [logement, santé, éducation] devienne, dans la réalité, la priorité des politiques publiques et que l’Etat n’abandonne pas sa responsabilité de garant du droit». Les associations caritatives multiplient leurs efforts pour aider à soulager la souffrance des familles en difficulté mais les organisations dénoncent une dégradation du tissu social en France où l’exclusion gagne du terrain. Elles ne peuvent suppléer et insistent sur le devoir d’Etat. Le président d’Emmaüs France, Martin Hirsch, déplore pour sa part une «France à la dérive» et souligne tous les épiphénomènes liés à la pauvreté : troubles psychologiques, démotivation et comportements d’atteinte à soi-même (drogue, alcoolisme, suicides).

Qu’entend-on exactement lorsqu’on parle de «pauvreté» ? D’après l’Observatoire des inégalités, en France, «un individu est officiellement considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 645 euros, le seuil de pauvreté étant défini comme la moitié du revenu médian (lien). Pour tenir compte de la composition des ménages, on élève ce seuil en fonction du nombre de personnes du foyer (adultes et enfants, l’âge de ces derniers, de plus ou de moins de 14 ans, entrant également en compte).» Par exemple, un couple avec deux enfants en bas âge est pauvre si ses ressources ne dépassent pas 1 355 euros mensuels.

Un million d’enfants vit dans la grande pauvreté

Martin Hirsch estime que «La France a un problème. Elle dérive. La pauvreté augmente, les dépenses sociales augmentent, les déficits sociaux augmentent (…). On a réussi à réduire assez considérablement la pauvreté chez les plus de 60 ans, mais cela a masqué l’augmentation de la pauvreté et des processus d’exclusion chez les jeunes et chez les actifs». En France, d’après l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale, 60 000 jeunes quittent l’école chaque année sans qualification. En 2006 un million d’enfants vit dans la grande pauvreté dans le pays. En juin 2006, 1 266 000 Rmistes (détenteurs du RMI = revenu minimum d'insertion) étaient recensés, soit 66 000 de plus qu’en 2004.

D’après l’association ATD Quart monde, le pays compte à ce jour quelque «trois millions de personnes en situations de logement difficiles, dont près d’un million n’ont pas de logement ou en tout cas pas un chez soi, et environ 100 000 personnes qui vivent dans la rue». A propos de cette Journée de lutte pour le recul de la misère, la commune d’Aubervilliers, en périphérie de Paris, a organisé une exposition intitulée Les bidonvilles aux portes de Paris pour évoquer les populations qui vivent sur les terrains vagues ou sous les bretelles d’autoroutes autour de la capitale. Le Samu social est de plus sollicité pour intervenir dans des cas d’urgence : le nombre de nuitées accordées par le Samu social est passé de 178 445 en 1998 à plus de 950 000 en 2005. La proportion des travailleurs en situation de précarité dans les centres d’accueil d’urgence représente 16% de la population hébergée.

Droit au logement opposable, donc effectif

Parmi ces sans logis figurent aussi bien des citoyens totalement marginalisés en fin de droit d’allocation chômage que des «actifs pauvres», c’est-à-dire des travailleurs aux revenus insuffisants et dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Selon l’Insee, un tiers des sans-domicile fixe de la capitale déclarent avoir un emploi. Les familles mono-parentales sont de plus en plus touchées. Outre les demandeurs d’asile déboutés, ce sont aussi des retraités aux revenus insuffisants ainsi que des jeunes qui ne parviennent pas à rentrer durablement dans la vie active. L’engrenage pointé par Médecins du monde est terrible : le nombre de malades qui, faute d’adresse et de cotisations sociales ouvrant droit aux remboursements des soins, tardent à se faire soigner et se fragilisent est en augmentation : dans le rapport paru lundi sur l’année 2005, MDM rapporte que ««22% des personnes rencontrées dans leurs centres de soins ne pouvaient bénéficier, de par le droit, d’aucune couverture maladie».

Plusieurs manifestations ont rythmé la journée pour soutenir les associations de lutte contre la précarité qui revendiquent aux côtés de ATD Quart monde «le droit au logement opposable», c’est-à-dire susceptible de donner lieu à un recours devant les tribunaux en cas d’impossibilité à se loger. ATD Quart monde souligne que ce droit implique que le droit au logement n’est plus un objectif mais qu’il devient une obligation pour les politiques publiques, Etat ou collectivités locales : le tribunal pourrait astreindre l’autorité responsable de loger un plaignant si celui-ci fait valoir de bonne foi qu’aucune offre ne lui a été proposée. Jean Toussaint, un des responsables de ATD Quart monde, a demandé aux «futurs élus» de faire avancer l’idée de ce «droit au logement opposable, donc effectif» au même titre que le droit à la santé et à l’éducation pour tous.



par Dominique  Raizon

Article publié le 17/10/2006 Dernière mise à jour le 17/10/2006 à 17:48 TU

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Véronique Davienne

Déléguée nationale de l'association ATD Quart-Monde

«Les droits qui ne sont pas partagés par tous deviennent des privilèges. Lorsque l'on se bat pour ses propres droits, il faut se battre de la même manière pour ceux des autres»

[17/10/2006]

Martine Roure

Députée socialiste au Parlement européen

«Même si on choisit les personnes qui doivent venir, on n’empêchera jamais l’immigration clandestine qui est une immigration de la misère, de la pauvreté et pour la survie.»

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