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Environnement

Alerte à la pollution sur les côtes britanniques

Au dernier décompte, le porte-conteneurs aurait perdu 101 conteneurs. 

		(Photo : AFP)
Au dernier décompte, le porte-conteneurs aurait perdu 101 conteneurs.
(Photo : AFP)
Il reste encore plus de 3 500 tonnes de fuel à bord du MSC Napoli, le porte-conteneurs battant pavillon britannique qui menaçait de couler et qui a été volontairement échoué au large de Branscombe (sud-ouest de l'Angleterre). Les écologistes sont inquiets car la zone est située non loin d'un site naturel classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Plus de 1 700 tonnes de matières toxiques restent à évacuer par pompage et la France a envoyé, lundi matin, un navire spécialisé dans le remorquage côtier et la lutte anti-pollution.

Le porte-conteneurs MSC Napoli, transportant à bord quelque 2 394 conteneurs, a été dérouté samedi 20 janvier après que la violente tempête Kyrill l’a mis en difficulté, jeudi dernier. Le Napoli se rendait de Belgique au Portugal lorsque l’équipage a dû l’abandonner. De nombreux conteneurs étant chargés de produits explosifs et de produits toxiques, de solides et de gaz inflammables, la décision de faire échouer le bâtiment a été prise dans le but d’éviter une catastrophe écologique de grande ampleur. Les deux plus puissants remorqueurs français, l’Abeille Bourbon et l’Abeille Liberté, ont tracté le navire pour le rapprocher de la côte.

Le MSC Napoli se trouve, actuellement, immobilisé sur des fonds de faible profondeur entre deux estuaires protégés, celui de l’Otter et de l’Axe, lesquels abritent plusieurs espèces d’oiseaux dont des guillemots, des macareux moines et des fous de Bassan qui s’apprêtent à entamer leur saison de reproduction. Des nappes d'hydrocarbures ont été repérées sur une bande de huit kilomètres de long et cinq cents mètres de large et des oiseaux couverts de mazout ont déjà été signalés. «Les opérations de nettoyage ont commencé, des barrages sont en train d’être déployés sur le rivage», a indiqué Paul Coley, représentant des garde-côtes britanniques.

Stabilisé depuis dimanche soir, le bâtiment, qui mesure 275 mètres de long, présente trois fissures sur la coque. Quelque deux cents tonnes de mazout se sont déjà répandues, mais le navire  contient encore environ 3 500 tonnes de carburant lourd ainsi que des parfums, des gaz pour airbags et de l’acide pour batteries de voitures, potentiellement dangereux. La France a envoyé lundi matin un navire de soutien, l’Elan, pour aider les autorités britanniques à décharger le porte-conteneur. La vidange des soutes de combustible est la priorité et «l’opération, pour vider le porte-conteneurs de son contenu, pourrait prendre une semaine», a déclaré la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord. «Les hydrocarbures doivent d'abord être chauffés pour améliorer leur fluidité avant l'opération», a précisé une porte-parole de l'agence maritime et des garde-côtes britanniques, agence selon laquelle le risque d'une marée noire de grande ampleur semble cependant écarté car «aucun réservoir important n'a été percé».

Le bâtiment français doit, en outre, récupérer les conteneurs tombés à l’eau. Au dernier décompte, sur 101 conteneurs, soixante-trois d’entre eux ont été localisés et leur contenu identifié, d'autres se sont échoué sur le littoral, à l’intérieur de la baie de Lyme (Angleterre). Les habitants des environs de Branscombe, sur la côte sud-ouest, en ont profité, dans la nuit de dimanche à lundi, pour glaner, à la lumière de lampes électriques, de multiples objets échappés des conteneurs tels que tonneaux, chaussures, motos d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de livres, pots d’échappement et autres pièces détachées de voitures. Cette pratique ne violant aucune loi, les policiers sont restés impassibles.

D’importants moyens nautiques et aériens franco-britanniques

Aucune perte humaine n’a été enregistré. Jeudi, au moment de l’avarie, le porte-conteneur a lancé des appels de détresse alors que l’eau commençait à envahir les cales du bateau et risquait de le faire sombrer. D’importants moyens nautiques et aériens franco-britanniques ont aussitôt été déployés pour sauver les vingt-six membres d’équipage. Avant d’être transportés sur la terre ferme, par des hélicoptères Super Frelon de la Marine nationale française et deux hélicoptères d’intervention Sea King, les hommes avaient «embarqué dans des chaloupes de sauvetage par des creux de six mètres et des rafales sous grain à 80-90 km/heure», a expliqué le porte-parole de la préfecture maritime de l’Atlantique. Les secours britanniques avaient également dépêché un remorqueur de haute mer.

Quant au Napoli, vieux de seize ans et qui appartient à une compagnie suisse réputée sérieuse, il avait été inspecté pour la dernière fois par les garde-côtes, en mai 2005. Les autorités avaient alors souligné que le navire satisfaisait aux exigences de sécurité.



par Dominique  Raizon

Article publié le 22/01/2007 Dernière mise à jour le 22/01/2007 à 18:01 TU