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Energie

Veaux, vaches, et ... voiture au salon de l’Agriculture

Les biocarburants: «une manne pour les agriculteurs dont les productions ou leurs déchets peuvent trouver de nouveaux débouchés au bénéfice de l'environnement et du maintien ou de la création d'emplois locaux.» 

		(Photo : AFP)
Les biocarburants: «une manne pour les agriculteurs dont les productions ou leurs déchets peuvent trouver de nouveaux débouchés au bénéfice de l'environnement et du maintien ou de la création d'emplois locaux.»
(Photo : AFP)
A base de canne à sucre, de betterave, d’huiles végétales, les nouvelles énergies occupent une place importante au 44e Salon international de l’Agriculture, qui se tient à Paris (Porte de Versailles), jusqu’au 11 mars. Les biocarburants à base de canne à sucre, de betterave et d’huiles végétales, représentent en effet les nouveaux débouchés économiques, non alimentaires, pour les agriculteurs : les secteurs de l’énergie, de la chimie, du bâtiment et du transport multiplient les innovations pour lutter contre les émissions de CO2, pointées par les scientifiques comme fortement responsables du réchauffement planétaire. Avec Citroën, Renault et Peugeot, la voiture de demain rentre au Salon de l’Agriculture (SIA).

Pour sa 44e édition, le Salon international de l’agriculture va exposer volailles, veaux, vaches, cochons, moutons  et… voitures ! Des voitures appelées à rouler grâce à des «carburants verts». Après les constructeurs automobiles Peugeot et Renault, c’est au tour de Citroën de prendre ses quartiers au SIA, en présentant deux véhicules respectueux de l’environnement et fonctionnant avec des biocarburants (méthane, bioéthanol et biodiesel), c’est-à-dire avec des «énergies propres», dérivées de végétaux. Le réchauffement de la planète appelant impérativement à une réduction des émissions de gaz à effet de serre ou CO2, le gouvernement français s’est engagé à «parvenir à incorporer 7% de biocarburants dans l’essence et le gazole d’ici 2010». Un engagement qui devrait mobiliser 60 000 agriculteurs pour produire, d’ici 2008, 800 000 tonnes d’«or vert» et générer près de 20 000 emplois -le double d’ici 2015.

Issus de la biomasse, ces «carburants verts» sont produits à partir de plantes cultivées dans ce but ou bien encore à partir de déchets organiques, comme l’éthanol –à base de cellulose dérivée de la paille. Deux types de plantes intéressent les fabricants de biocarburants, les plantes à huile (telles que le colza, le tournesol) et les plantes à sucre (comme la betterave, la canne à sucre, le blé). Ces biocarburants possèdent des propriétés proches de celles de certains dérivés du pétrole, se substituent partiellement ou totalement aux carburants pétroliers, notamment pour faire rouler les véhicules équipés d'un moteur flex fuel (ou « polycarburant »). Ainsi, en 2009, tous les véhicules diesel Renault en Europe pourront fonctionner avec 30% de biodiesel et mi-2007, Peugeot-Citroën offrira, en Europe, des voitures flex fuel, acceptant jusqu'à 85% d'éthanol dans l'essence.

 Ecologiques et économiques, le biogazole ou diester issu d’huiles d’oléagineux et le bioéthanol, mélangé à l’essence, s’inscrivent pleinement dans le vœu européen de substituer au pétrole des carburants alternatifs à hauteur de 10% d’ici 2015. Pour l’heure, le coût des unités de liquéfaction freine encore leur développement, mais les projets d'usines se multiplient financés par Shell, Qatar Petroleum, ou Sasol (Afrique du Sud). Aux Etats-Unis, «des centaines de milliards de dollars sont investis dans les énergies vertes, en particulier dans la Silicon Valley», selon l'hebdomadaire américain Time. D’ici 2015, les biocarburants devraient représenter, à l'échelle de la planète, un marché de 52 milliards de dollars soit plus de trois fois plus que les quinze milliards actuels.

La Confédération paysanne n’est pas convaincue

Toutefois, d’après la Confédération paysanne, opposée à l'agriculture intensive, les biocarburants pourraient également se révéler une autre fausse bonne idée. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a exprimé récemment des doutes sur le bilan énergétique des agro-carburants, expliquant que ces biocarburants proviennent de zones de grandes cultures, nécessitant à la fois de grandes quantités d'engrais fabriquées à partir de pétrole et de l'énergie pour les tracteurs, les transports des récoltes et leur transformation. En vertu de quoi, conclut l’enquête, «si l'on tient compte de l'énergie consommée tout au long du processus de fabrication, le biocarburant ne présente aucun intérêt, car le gain énergétique est nul tant sa production consomme d'énergie».

Par ailleurs, le moteur diesel, présenté comme plus «propre» que le moteur à essence par les constructeurs automobiles, du fait qu'il consomme 20% à 30% de moins et qu'il dégage ainsi moins de CO2, est néanmoins «plus nocif que l'essence pour l'air ambiant, car il émet plus de particules et d'oxydes d'azote». Les particules diesel font partie des particules fines en suspension dans la pollution atmosphérique, dangereuses dans la mesure où elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et atteindre la région alvéolaire, selon l'Agence santé-environnement, l'Afsset. Or, le filtre à particules permet d'éviter cette pollution mais sa généralisation n'est pas prévue avant 2010 et, pour que la totalité du parc diesel soit renouvelée, il faudra s'armer de patience, la durée de vie moyenne d'une voiture étant d'environ 13 ans.

Les ministres de l'Energie doivent largement consacrer le prochain sommet européen des 8-9 mars 2007 à cette question des énergies et à l’amélioration technique et commerciale des biocarburants.

par Dominique  Raizon

Article publié le 02/03/2007 Dernière mise à jour le 02/03/2007 à 16:39 TU