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Economie, social : le bilan des années Chirac

Jacques Chirac, en 2005, dans une ANPE à Lyon. 

		(Photo : AFP)
Jacques Chirac, en 2005, dans une ANPE à Lyon.
(Photo : AFP)
Le président Jacques Chirac, qui passe le pouvoir mercredi à Nicolas Sarkozy après 12 ans à la tête de la France, quitte la scène politique sur un bilan mitigé. Très apprécié sur les questions internationales, Jacques Chirac s’est révélé moins à son affaire sur les dossiers économiques et sociaux

C’est le social qui a façonné pendant 12 ans la politique économique de Jacques Chirac. Avec en premier chef : la réduction du chômage. Son premier mandat démarre à 11,3% de chômeurs, avec un pic à 12,2% en 1997. Mais son second mandat s’achève par une éclaircie. Le taux s’établit officiellement à 8,4% de la population active, même si Eurostat, l’Office européen des statistiques, situe plutôt le taux de chômage en France à 8,8%. Un seuil au dessous duquel la courbe n’est plus redescendue depuis 24 ans, mais qui reste supérieur à la moyenne européenne. En dépit de l’action volontariste de Jean-Louis Borloo, sa politique n’a pas permis de réduire la précarité. 50 000 personnes pour la Fondation Abbé Pierre, 31 000 pour l’Insee, vivent toujours vivent dans des abris précaires. Elu en 1995 sur la promesse de réduire la «fracture sociale», dix plus tard, la fracture est toujours là.

Autre promesse partiellement tenue : la baisse des impôts. Le président avait fait de la baisse de 30% de l’impôt sur le revenu l’une de ses principales propositions de campagne en 2002. Confronté aux déficits publics, Jacques Chirac va moduler cette promesse au fil de son quinquennat. La réforme qui  vise la moitié des 35 millions de foyers, profite seulement aux bas et très hauts revenus. Par ailleurs, les prélèvements obligatoires sont, eux, passés de 42,7% en 1995 à 44,4% en 2006 et la dette publique a augmenté pour passer à 63,9% du PIB fin 2006, soit 9 points de plus qu’en 1995.

Trois chantiers prioritaires liés à la vie quotidienne

Jacques Chirac va devoir affronter pendant ses douze années de présidence plusieurs conflits sociaux majeurs. La réforme de la protection sociale qui intègre les régimes spéciaux de retraite, présentée par son premier ministre Alain Juppé fin 1995, a eu pour résultat trois semaines de grèves et de faire descendre près de deux millions de personnes dans la rue. Si une partie du plan sera appliquée, la réforme des régimes spéciaux sera abandonnée.  

Chaque mandat l’a placé au cœur d’une crise sociale. Des émeutes de banlieue en novembre 2005 à la fronde anti-contrat première embauche (CPE) en 2006, Jacques Chirac n’a pas su se faire entendre des jeunes. Destiné aux moins de 26 ans, le fameux CPE (un contrat à durée indéterminée qui peut être résilié sans motif par l’employeur pendant deux ans) a provoqué une levée de boucliers chez les étudiants. Ni retiré, ni suspendu, le CPE ne sera pourtant pas appliqué. Les trois mois de crise obligeront Jacques Chirac à se désolidariser publiquement de son Premier ministre Dominique de Villepin.

Après douze années au pouvoir, la France que laisse Jacques Chirac, sur le plan économique et social, ne va guère mieux que celle qu'il a trouvée. En revanche, il a mieux réussi dans trois chantiers prioritaires liés à la vie quotidienne: lutte contre l’insécurité routière, combat contre le cancer et insertion des handicapés. La plupart des 70 mesures du  plan contre le cancer, lancé en mars 2003 pour une durée de quatre ans, sont aujourd’hui effectives. Ce plan a permis de faire en sorte que plus de 60% des malades soient en rémission au bout de cinq ans et augmenté les budgets de recherche. Avec près de 8000 vies épargnées depuis 2002 et quelques 100 000 blessés évités, la sécurité routière est l’autre grande réussite du quinquennat de Jacques Chirac. Mauvaise élève de l’Europe au début du millénaire, la France s’est désormais hissée dans le peloton de tête. La loi handicap de 2005 consacre, quant à elle, la troisième priorité, en créant la prestation de compensation du handicap.

De la fracture sociale à la fracture Nord-Sud

Si Jacques Chirac n’a pas résorbé en France la fracture sociale, il a néanmoins exporté le concept sur le plan international, devenant le défenseur des pays en développement. Avec ses homologues du G8, en 2005, il est l’un des artisans de l’annulation de la dette d’une trentaine de pays pauvres, principalement des pays africains. Il présente, en juin 2006, à la tribune des Nations Unies son projet de taxe sur les billets d’avions afin de financer l’accès aux médicaments pour les plus pauvres. Une idée qu’il partage avec le président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva.

En 2006, Unitaid (ou FIAM, Facilité internationale pour l’achat de médicaments) voit le jour et rassemble actuellement les financements d’une trentaine de pays. Au total, un milliard de dollars sont attendus par an. En France, cette fameuse faxe a été mise en application le 1er juillet dernier. Depuis cette date, de 1 à 40 euros sont prélevés, selon la distance parcourue et la catégorie des places achetées, sur les billets d’avions au départ et à l’arrivée de la France. Déjà, Unitaid, par un accord signé avec deux laboratoires pharmaceutiques indiens, va permettre de financer dans 66 pays plusieurs médicaments antirétroviraux de deuxième ligne, pour les patients ayant développés des résistances aux traitements de première intention.

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par Myriam  Berber

Article publié le 15/05/2007 Dernière mise à jour le 15/05/2007 à 15:13 TU