Article publié le 15/12/2007 Dernière mise à jour le 15/12/2007 à 11:06 TU
Le responsable climat à l'ONU Yvo de Boer, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, et le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono.
( Photo : AFP )
Avec notre envoyé spécial à Bali, Bruno Daroux
Les deux dernières heures ont été riches en rebondissements. Il y a d’abord eu le « patron » du climat de l’ONU, Yvo de Boer, qui s’est littéralement effondré, en larmes, lorsque la Chine lui a demandé instamment des excuses pour avoir repris une séance plénière alors que la délégation chinoise n’était pas encore entrée dans la grande salle des négociations. Il y a eu ensuite le coup de gueule de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, et celui du président indonésien, qui sont venus exhorter les délégués qui négociaient depuis déjà 16 heures à conclure un accord. Vous ne pouvez pas échouer, a dit Ban Ki-moon, il est temps pour vous de prendre une décision !
Et puis il y a eu dans la dernière heure ce revirement des Etats-Unis absolument spectaculaire, puisque dans un premier temps la patronne de la délégation américaine, Paula Dobriansky, a expliqué qu’en l’état actuel, les Etats-Unis ne pouvaient pas rejoindre le texte final, ce qui a déclenché des huées dans la salle. Le délégué de Papouasie-Nouvelle guinée s’est alors adressé à elle : eh bien si c’est comme ça partez, quittez cette salle... Mais quelques minutes plus tard, Paula Dobriansky, visiblement émue, annonçait que les Américains avaient décidé finalement d’aller de l’avant et rejoignaient au consensus.
Les avis divergent sur le texte. Pour les uns c'est un succès, pour les autres un échec… Le document final est en fait une feuille de route qui sauve l’avenir des négociations pendant les deux prochaines années. 2009 devra être l'année du grand traité qui devra succéder à Kyoto en 2012.
Du côté des bonnes nouvelles, c’est la première fois que la communauté internationale reconnaît que la situation climatique est urgente, et qu’il faut tout faire pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Mais les Européens ont échoué à faire inscrire dans le protocole l’obligation pour les pays développés de réduire ces émissions de 25 à 40% d’ici 2020, c’est la concession faite aux Américains.
Au cours des négociations, même une fois ce compromis fait, ce sont la Chine et l’Inde qui ont ralenti encore la suite des négociations en demandant que les pays développés fassent l’objet de contrôles dans leurs transferts de technologies vers les pays en voie de développement si ces derniers acceptent que soient contrôlés leurs réductions de gaz carbonique. Un accord a été trouvé en ce sens, il y aura davantage de financements pour des pays comme la Chine et l’Inde.
L'accord est laborieux, un peu boiteux, obtenu de haute lutte, mais il permet de poursuivre les négociations et de préserver l’après-Kyoto.
Ministre de l'Ecologie
« Imaginez que l’on puisse influencer le destin du climat dans le millénaire qui vient, c’est une idée un peu folle mais qui est indispensable… ».
15/12/2007
Directeur général de Greenpeace France
« La grande faiblesse de Bali reste l’absence de chiffre dans le texte donc l’absence de référence à la certitude scientifique ».
15/12/2007 par Bruno Daroux