Article publié le 18/03/2008 Dernière mise à jour le 18/03/2008 à 03:57 TU
L'accord a été présenté publiquement le 28 février par le médiateur Kofi Annan (gauche), le président Mwai Kibaki (centre) et le chef de l'opposition Raïla Odinga (droite).
(Photo : Reuters)
Le souhait affiché par les deux camps est que ces deux projets de loi soient approuvés le plus rapidement possible, voire dans la journée de mardi, pour pouvoir mettre en place un gouvernement de coalition et clarifier les pouvoirs du président et du Premier ministre.
De nombreuses personnes déplacées ont refusé de retourner dans leurs villages tant que l’accord de réconciliation ne serait pas transformé en loi. Malgré l’espoir suscité par cet accord, signé le 28 février dernier, entre Raila Odinga et Mwai Kibaki, l’insécurité prévaut toujours dans certaines zones de la vallée du Rift, où des affrontements ont fait plus de 20 morts, depuis deux semaines.
Lorsque le Parlement aura approuvé ces projets de loi, restera toutefois la tâche ardue de distribuer les ministères vacants. Le 8 janvier dernier, Mwai Kibaki avait nommé 17 membres du gouvernement, incluant des postes-clé, tels que l’Intérieur, la Défense, les Finances ou encore les Affaires étrangères. Le Mouvement démocratique orange a requis un partage équitable de ces postes. Reste à savoir quelles personnalités accepteront de se retirer.
Les deux postes de Premier ministre - adjoints devraient revenir à Musalia Mudavadi, un des membres du « Pentagone », et côté PNU, on évoque le nom de Martha Karua.
Se dessine donc pour ces prochaines semaines une lutte pour le partage du pouvoir, que les représentants des deux camps tentent de minimiser, assurant que la paix et la sécurité des populations ne devront pas être remises en cause.
Des urnes aux armes : le rapport de Human rights watch
L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch vient de publier un rapport sur les violences post-électorales qui ont ensanglanté le Kénya après le scrutin présidentiel, from ballots to bullets - des urnes aux armes. Le texte s’appuie sur deux mois d'enquête et 200 témoignages recueillis pour décrire de nombreux épisodes des massacres, notamment inter-éthniques, entre différentes communautés.
Les violences pos-électorales étaient préméditées, organisées, et même souvent financées, selon le rapport de Human Rights Watch. Le constat vaut dans les deux camps.
Depuis plusieurs années, les hommes politiques mettaient dos à dos les communautés, phénomène particulièrement visible pendant les présidentielles 2007.
Ainsi dans l'Est, dans la région d'Eldoret, les membres de l'éthnie Kalenjin, qui est majoritaire, ont pour la plupart voté en faveur de l'opposition. Or le rapport révèle que pendant la campagne, chefs coutumiers et responsables politiques locaux ont promis de rendre la terre aux Kalenjin. Peu de temps avant les résultats, ils ont organisé des meetings, donné de l'argent à ceux qui participaient. Une fois la victoire du président Kibaki proclamée, les membres de son ethnie, les Kikuyus, ont bien sûr aussitôt été pris pour cible.
Fin janvier, a eu lieu le début de la riposte Kikuyu, dans les zones où cette ethnie est majoritaire. Human Rights Watch raconte que là aussi, des milices se sont formées à l'appel de leaders locaux, politiques ou encore d'hommes d'affaires. Certains Kikuyus ont été payés jusqu'à 100 dollars pour participer aux massacres, avec un supplément pour chaque meurtre.
Si le rôle de leaders locaux est incontestable, Human Rights Watch ne peut pas dire à quel point les leaders nationaux sont impliqués. Mais selon l'organisation, ils étaient au moins au courant de ce qui se passait.
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