Article publié le 03/04/2008 Dernière mise à jour le 03/04/2008 à 06:34 TU
Avec notre envoyé spécial
Autant, lors des dîners de travail qui ont ouvert mercredi soir ce sommet de l’Otan, celui des ministres des Affaires étrangères a semblé tourner à la foire d’empoigne, au sujet de l’élargissement de l’Alliance en direction de l’Ukraine et de la Géorgie, autant ceux des chefs d’Etat ou des ministres de la Défense ont paru consensuels ou simplement techniques à propos de l'engagement en Aghanistan.
La situation y est jugée suffisamment grave pour qu’aucun Etat n’ait l’idée d’un repli. Le président français Nicolas Sarkozy a confirmé à ses collègues que Paris mettrait à la disposition de l’ISAF, la force d’assistance à la sécurité de l’Afghanistan, un contingent de la taille d’un bataillon, soit environ 800 hommes qui seraient déployés à l’est du pays, entre Kaboul et la frontière pakistanaise. C’est la solution qui avait la préférence de l’état-major français, pour être en continuité avec le bataillon déjà stationné à Kaboul et les groupes de conseillers insérés dans des régiments de l’armée afghane de la province de l’est.
L’idée d’un transfert progressif des responsabilités de sécurité aux Afghans, selon le mot du numéro un français, est acceptée de tous les pays membres, de même que celle de la nomination d’un coordonateur des Nations unies pour une meilleure efficacité dans le domaine du développement et notamment de la lutte contre le trafic de drogue, qui a explosé depuis la chute du régime des talibans. C’étaient les conditions mises par la France. Le déploiement militaire à l’Est libèrera des unités américaines qui pourront se porter au secours des Canadiens dans le sud du pays.
Le dernier sommet de l'OTAN pour George Bush |
George Bush ne ménage pas sa peine: il était en Ukraine au début de la semaine, il sera en Russie le week-end prochain chez le président Poutine, et il est à Bucarest donc jusque vendredi pour ce qui est le plus gros sommet de l’histoire de l‘OTAN, une organisation dont les présidents américains sont traditionnellement les parrains depuis sa création, il y a presque 60 ans. Depuis, l'Organisation du Traité Atlantique Nord n'a cessé de reculer ses frontières vers l’Est jusqu’à celles de la Russie, aspirant à devenir, comme le dit son Secrétaire général, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, « un instrument politico-militaire souple, mis au service de la planète entière ». L'OTAN a des partenariats en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique, et une opération emblématique mais difficile en Afghanistan, où, a encore répété le président Bush à l’ouverture de ce sommet, « l’on ne peut se permettre de perdre ». Les appels du n°1 américain à des renforts semblent plutôt entendus ici à Bucarest, où la Roumanie, le pays-hôte, accepte de faire un effort ; mais c’est l’annonce de la contribution renforcée des Français qui est considérée par les Américains comme un signal fort, susceptible d’avoir un effet d’entraînement. Sur d’autres dossiers comme l’intégration de la Macédoine et plus encore de l’Ukraine et de la Géorgie, ou sur la mise en oeuvre de ce bouclier anti-missiles qu’il cherche à faire accepter aux Russes, le bilan de George Bush, dans ce qui risque de rester son dernier sommet de l'OTAN, risque d’être plus mince. |
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