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Bolivie

Une nouvelle région choisit « l’autonomie »

par Stefanie Schüler

Article publié le 23/06/2008 Dernière mise à jour le 23/06/2008 à 16:11 TU

Les opposants conservateurs d’Evo Morales ont remporté une nouvelle manche : lors d’un référendum organisé dans la région de Tarija dans le sud du pays, 80% des votants se seraient exprimés en faveur de l’autonomie, selon des sondages publiés à la sortie des urnes. En seulement trois mois, c’est le quatrième référendum défiant la volonté réformiste du président bolivien, déterminé à mettre en place une politique de redistribution en faveur des paysans pauvres des régions andines. 

Tarija est le quatrième des neuf départements de Bolivie à organiser un référendum autonomiste, après Santa Cruz, Beni et Pando.(Carte : RFI)

Tarija est le quatrième des neuf départements de Bolivie à organiser un référendum autonomiste, après Santa Cruz, Beni et Pando.
(Carte : RFI)


Il a fait exceptionnellement froid ce dimanche dans la région de Tarija au sud de la Bolivie. Mais ni la météo, ni quelques barrages routiers isolés, ni l’appel au boycott du référendum lancé par le président Evo Morales n'ont empêché les habitants de la province de se déplacer aux urnes.  

Les chaînes de télévision privées donnaient dimanche soir une victoire massive du « oui » : selon les sondages effectués à la sortie des urnes, environ 80 % des votants se seraient exprimés en faveur de l’autonomie de leur région, 19% pour le « non ». Le taux d’abstention s’élèverait aux alentours de 35%. Dans certains endroits, où les routes d'accès avaient été bloquées par des militants hostiles au référendum, l'abstention atteindrait 47,8%, selon la télévision ATB.

Face à ces chiffres, une certaine prudence reste de mise. Les résultats définitifs ne seront connus que mercredi, a annoncé le président de la Cour électorale régionale, Mario Guzman.

« L’autonomie : la nouvelle voie bolivienne »

Le gouverneur de Tarija, Mario Cossio.(Photo : Reuters)

Le gouverneur de Tarija, Mario Cossio.
(Photo : Reuters)

Après la publication des premiers sondages, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place d’armes au centre de Tarija, pour fêter la victoire du « oui ». Le gouverneur de la région, le conservateur Mario Cossio, s’est alors adressé à la foule : « C’est sur le fondement de l’autonomie que nous devons bâtir une Bolivie nouvelle. Le centralisme est un mauvais héritage. Nous sommes le deuxième pays le plus pauvre de l’Amérique latine. La nouvelle voie, c’est l’autonomie ».

Et, entouré de ses collègues gouverneurs des régions de Santa Cruz, Beni et Pando qui se sont toutes déjà exprimé en faveur de l’autonomie lors de scrutins similaires ces derniers mois, Mario Cossio a rajouté : « Si le gouvernement d’Evo Morales ne reconnaît pas les statuts d’autonomie et cette victoire du 'oui' au référendum, il ne pourra pas être considéré comme démocratique ».

Seulement voilà : d’un point de vue légal, le référendum de Tarija est anti-constitutionnel, tout comme les scrutins qui l’ont précédé dans trois autres provinces. Le président socialiste de la Bolivie, Evo Morales, n’est d’ailleurs pas le seul à fustiger l’illégalité des scrutins, organisés par ses adversaires conservateurs dans les régions riches du pays. Le mouvement d’opposition ne bénéficie pas non plus du moindre soutien au niveau international. Bien au contraire : l’Organisation des Etats américains (OEA) a même sévèrement condamné les référendums « autonomistes ». Après le premier vote dans la région de Santa Cruz au mois d’avril, l’OEA avait apporté son soutien aux institutions démocratiques et appelé au respect de la Constitution bolivienne.

Par ailleurs, les référendums pour l’autonomie des régions de Santa Cruz, de Pando et Beni n’ont jusqu’à présent pas été suivis d’effets concrets. 

Référendum révocatoire

Depuis des mois, le dialogue entre le gouvernement d’Evo Morales et l’opposition conservatrice – alliée aux gouverneurs des quatre provinces autonomistes – est au point mort.

Le président tente de mettre en place une politique de redistribution des richesses naturelles de la Bolivie en faveur des paysans quechuas et aymaras des régions andines pauvres. Ses adversaires lui reprochent une politique antilibérale qui fait fuir les investissements notamment dans le secteur énergétique.

Pour sortir de la crise, Evo Morales a décidé de tenter le tout pour le tout en acceptant le principe d’un référendum révocatoire, prévu le 10 août. La plupart des analystes estiment que le chef d’Etat devrait être confirmé dans ses fonctions, tout comme les gouverneurs « rebelles » dans les provinces autonomistes. Une victoire au référendum révocatoire ne devrait donc pas suffire à Evo Morales pour sortir le pays de la crise politique.