Article publié le 16/07/2008 Dernière mise à jour le 17/07/2008 à 13:14 TU
Manifestation d'avocats soudanais à Khartoum mardi 15 juillet, pour protester contre la décision de la CPI.
( Photo : AFP )
Jusqu'ici, ce n'était pas son nom qui était le plus souvent cité par les spécialistes du Darfour. Jusqu'ici, Omar el-Béchir n'était pas considéré comme LE principal architecte de la répression au Darfour. Est-il mis en cause par la CPI en raison de ses fonctions politiques, au sommet de l'Etat, ou le procureur de la cour dispose-t-il de preuves sur sa participation personnelle, pratique, à la mise en place de la campagne de destruction qui a balayé l'ouest du Soudan ?
C'est bien Omar el-Béchir, lui-même, qui est visé par le procureur de la Cour pénale internationale, pour la façon dont il a personnellement orchestré les violences au Darfour à partir de 2003... et pas seulement pour sa responsabilité politique à la tête de l'Etat soudanais. Pour Luis Moreno Ocampo, Omar el-Béchir a ordonné l'incorporation dans les forces de sécurité des milices janjaweed responsables de la plupart des exactions. Il a ainsi pu exercer un contrôle formel et informel sur ces forces.
Le président soudanais s'est également assuré que toutes les composantes du gouvernement, de l'armée et des milices travaillaient ensemble à l'exécution de SON plan. Car selon le procureur, il existe bien un plan. Son existence serait établie par des documents du gouvernement soudanais que l'accusation dit détenir. Des documents qui détailleraient les mécanismes établis par el-Béchir pour s'assurer de la coordination requise.
Luis Moreno Ocampo affirme par ailleurs que le contrôle d'Omar el-Béchir sur l'appareil d'Etat a été renforcé par un véritable réseau qui lui rendait rapport. Le président soudanais, explique-t-il, a été tenu informé par des ministres, des officiers de l'armée, mais aussi directement par des chefs de milice janjaweed.
Procureur de la Cour pénale internationale
« Le bureau du Procureur de la CPI agit non pas parce que je le veux, mais parce que je suis mandaté par le Conseil de sécurité. C'est le Conseil de sécurité qui a décidé d'enquêter sur ce qui se passe au Darfour, en mars 2005... ».
Procureur de la CPI
« J'ai réussi à rassembler les preuves que demandait la Commission internationale de l'ONU pour prouver qu'il y a génocide... Même dans les camps de réfugiés... Si les juges décident de poursuivre le président el-Bechir, ce sera la responsabilité du gouvernement soudanais de l'arrêter, s'il refuse, ce sera au Conseil de sécurité de l'ONU de mettre en oeuvre le mandat d'arrêt ».
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Par crainte de représailles, les Nations unies ont décidé de faire partir leur personnel non essentiel en dehors du pays. Une décision qui inquiète.
« Le fait de réduire la présence du personnel de l'UNHCR nous empêche d'aller dans les camps de refugiés et des personnes déplacées, pour leur apporter de l'aide comme on a l'habitude de le faire ».
Ces réactions de crainte ont déçu certaines ONG, satisfaites de voir qu'enfin, la justice internationale va s'exercer en Afrique :
Président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH)
« Il n'y apas d'impérialisme judiciaire, il y a eu des poursuites contre Milosevic, contre Pinochet... C'est un immense espoir pour des millions de victimes... »
Les relations entre le Tchad et le Soudan sont très tendues. Les deux pays s'accusent notamment d'armer les groupes rebelles pour attaquer leurs pouvoirs respectifs. Chacun a même déjà déposé une plainte devant les Nations unies. Aujourd'hui, les Tchadiens estiment que la justice internationale leur donne enfin raison :
Ministre tchadien de la Communication
« Le gouvernement tchadien a suivi cette procédure avec intérêt. Le Tchad, est une victime directe et indirecte de la politique agressive du président el-Béchir... Cette demande de mandat d'arrêt confirme les plaintes que nous avions déjà déposées devant le Conseil de sécurité des Nations unies et devant le Conseil de paix et de sécurité de l'UA ».
A Tripoli par contre, on dénonce l'action de la CPI avec virulence :
Vice-ministre libyen en charge des Affaires africaines
« Cette action est plus politique que juridique... Elle va compliquer la situation internationale et la situation au Darfour... C'est grave d'inculper un chef d'Etat élu par un peuple...»
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