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Chronique Médias

La crise de la presse américaine

Douze milliards de dollars... C’est le montant de la dette contractée par Sam Zell, le milliardaire et magnat de l’immobilier qui possède par ailleurs deux fleurons de la presse américaine : le Los Angeles Times et le Chicago Tribune. Le groupe Tribune, auquel les deux quotidiens appartiennent, a annoncé lundi qu’il s’était placé sous la protection du célèbre Chapter eleven, la loi américaine sur les faillites. Le groupe devrait néanmoins continuer à publier ses journaux, et ses chaînes de télévision ne cesseront pas de fonctionner.

Pour expliquer cette débâcle, le groupe évoque le déclin des revenus publicitaires et l’effritement du lectorat, un refrain malheureusement bien connu des éditeurs de presse. D’ailleurs même la référence absolue, le mythique New York Times, n’échappe pas à la sinistrose : son propriétaire, le groupe Times Company, a récemment annoncé qu’il comptait emprunter 225 millions de dollars en hypothéquant son siège de Manhattan, une tour de 52 étages conçue par l’architecte Renzo Piano. L’heure n’est pas plus aux réjouissances à l’hebdomadaire Newsweek, où l’on prévoit une diminution d’effectifs. Le magazine n’arrive plus à endiguer l’hémorragie de ses lecteurs, malgré une politique éditoriale agressive, avec la couverture de thèmes plus provocateurs que ceux auquel le titre était accoutumé, comme le mariage homosexuel dans un numéro récent. En octobre dernier, Gannet, le premier groupe de presse américain, qui édite notamment USA Today, a  annoncé le licenciement de 10% de ses effectifs, tout comme l’agence de presse Associated Press, qui réduira également ses effectifs en 2009.

Aucun groupe de presse ne l’ignore : il s’agit de se mettre en ordre de bataille pour 2009, qui promet de sérieuses turbulences dans le secteur des médias. Ernesto Mauri, patron du groupe Mondadori France, est même allé jusqu’à prédire une « Annus horribilis » pour l’année à venir, déclarant, je cite : « Je n’ai jamais vécu de période aussi négative »… Car en France aussi, les plans d’économie se succèdent aux plans d’économie, que ce soit à L’Express, dans le groupe Prisma Presse ou encore chez Mondadori.

Pour faire face à ce climat pesant, les éditeurs essaient de faire feu de tout bois. Les plus optimistes parient sur un renouveau de la presse, et le recentrage sur les marques de presse pour trouver des relais de croissance en développant les produits dérivés comme les livres, la vente à distance ou bien encore les DVD. Le magnat de News Corp, Rupert Murdoch, a qui l’on peut reprocher beaucoup de choses sauf de manquer de sens de la formule, n’a-t-il pas récemment déclaré que les journaux atteindraient de nouveaux sommets au XXIe siècle ?

Cette chronique a été réalisée en partenariat avec Stratégies


par Delphine   Le Goff

[13/12/2008]