Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Israël / Gaza

L'embarras de la diplomatie face à l'escalade de la violence

par  RFI

Article publié le 04/01/2009 Dernière mise à jour le 04/01/2009 à 13:27 TU

Les troupes israéliennes, appuyées par des chars et des hélicoptères, sont entrées dans Gaza, où elles affrontent les islamistes du mouvement Hamas. Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence samedi soir, sur la situation à Gaza, s'est séparé sans parvenir à un accord. Les Etats-Unis appellent à un cessez-le-feu durable. Une délégation européenne est attendue aujourd'hui dans la région. Bruxelles a demandé à Israël de laisser passer l'aide humanitaire. Depuis le début de l'offensive terrestre, Israël déplore près de 30 blessés dans ses rangs, tandis que le Hamas a reconnu la mort de quatre de ses combattants.
Des soldats israéliens lors d'une opération au nord de la bande de Gaza, le 3 janvier 2009.(Photo : Reuters)

Des soldats israéliens lors d'une opération au nord de la bande de Gaza, le 3 janvier 2009.
(Photo : Reuters)

Une semaine après le début de ses bombardements aériens sur la bande de Gaza, l'armée israélienne a finalement lancé, samedi soir, son offensive terrestre sur le territoire palestinien. Des colonnes de chars et des milliers de réservistes ont franchi la frontière par le nord. Difficile pour l'instant d'établir un bilan précis. Selon l'armée israélienne, des dizaines de combattants palestiniens ont été tués. De son côté, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam affirme que neuf soldats israéliens sont morts. Les Israéliens démentent, mais reconnaissent une trentaine de blessés dans leurs rangs.

Détermination des belligérants

Pour empêcher la progression israélienne, les Palestiniens tirent au mortier et font exploser des bombes cachées au bord des routes. Les Israéliens, quant à eux, ont fait sauter un dépôt de gaz au nord de Gaza. L'armée a indiqué que cette offensive durerait plusieurs jours. Son objectif : prendre le contrôle des secteurs de Gaza d'où les Palestiniens tirent des roquettes sur le sud d'Israël.

Le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, a justifié hier soir cette offensive, la plus importante opération contre Gaza depuis l'évacuation du territoire par Tsahal en 2005. « Nous sommes épris de paix. Nous nous sommes retenus longtemps. Mais le temps est venu de faire ce que nous devons faire (…) Il s’agit d'une opération complexe. Mais nous sommes persuadés que le combat est juste et nous sommes plus déterminés et unis que jamais. Nous en sortirons vainqueurs », a déclaré Ehud Barak.

Même détermination du côté du Hamas qui a prévenu : « Israël va payer un lourd tribut pour son offensive à Gaza ». Le mouvement islamiste menace de transformer Gaza en « cimetière » pour Tsahal. Le Hamas est encourgé par Hassan Nasrallah, le chef du parti chiite libanais Hezbollah, qui l'incite à infliger « le plus grand nombre de pertes à Israël ».

Impuissance diplomatique

Une mission de la troïka européenne conduite par le chef de la diplomatie tchèque dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, est attendue au Proche-Orient aujourd'hui.

Le faux-pas de la présidence tchèque

« La position tchèque ressemble beaucoup à une volonté maladroite d'alignement sur les positions de Washington. »

04/01/2009 par Quentin Dickinson


Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, est accompagné de ses homologues suédois et français ainsi que du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.

La France, dont le président Nicolas Sarkozy se rend demain dans la région, condamne l'opération terrestre. Pour Paris, cette opération complique les efforts engagés par la communauté internationale « pour mettre un terme aux hostilités ».

Eric Chevallier

Porte-parole du Quai d’Orsay

« Nous sommes extrêmement préoccupés par l'évolution de la situation... Nous insistons pour qu'il y ait une trêve humanitaire.»

04/01/2009 par Sylvie Rys


Les Américains, quant à eux, appellent à un cessez-le-feu durable. Le département d'Etat américain estime cependant qu'il faut éviter de revenir au statu quo où le Hamas pourrait continuer de tirer des roquettes sur Israël.

Les Etats-Unis demandent un cessez-le-feu durable

« George Bush a consacré son allocution hebdomadaire à la crise de Gaza et souligné la nécessité d'un cessez-le-feu qui s'inscrirait dans la durée. »

04/01/2009 par Anne Toulouse


Le Conseil de sécurité de l'Onu a été convoqué d'urgence, samedi soir, pour réagir à la situation à Gaza. La Libye, seul membre arabe du Conseil, souhaitait un appel à un cessez-le-feu, similaire à celui que le Conseil avait adopté il y a exactement une semaine. Mais cette fois, les Etats-Unis, alliés d'Israël, s'y sont opposés, officiellement parce qu'ils estiment que le Hamas n'a aucune intention de respecter les appels au calme.

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Le Conseil de sécurité s'est séparé en pleine nuit sur un constat d'échec. Plusieurs ambassadeurs affichaient une mine sombre. En dépit de quatre heures de négociations, les Etats-Unis ont refusé toute déclaration officielle, qui aurait pu gêner Israël, qui est de leur point de vue en état de légitime défense.

Washington dispose d'un droit de veto, et n'a jamais hésité, par le passé, à l'utiliser, pour épargner à son allié israélien l'embarras des injonctions onusiennes.

L'ambassadeur de la France à l'ONU, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, s'est donc retrouvé dans une position inconfortable. Il a dû admettre l'incapacité des membres du Conseil à parvenir à un accord, tout en évoquant de sérieuses convergences de vue, pour appeler à un cessez-le-feu immédiat. Comprenne qui pourra.

L'ambassadeur de la Libye a dénoncé une journée triste pour le Conseil de sécurité, tandis que son homologue palestinien évoquait une situation tragique.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, n'a pas mâché ses mots. Il s'est dit déçu par l'offensive israélienne, qui représente selon lui une escalade de la violence dont les civils vont inévitablement souffrir. Il a appelé à l'arrêt immédiat de l'opération militaire, qui complique selon lui les efforts de paix.


Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France à l'ONU

«Il y a une convergence de vue au sein du Conseil de sécurité. Il y a eu un désaccord sur la façon de l'exprimer, et nous ne pouvons qu'être déçus par le fait que la forme ait primé sur le fond. Ce qui compte, c'est que la situation s'arrange sur le terrain. »

04/01/2009 par Philippe Bolopion