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Guinée-Bissau

Quel président pour un Etat en crise ?

Article publié le 27/06/2009 Dernière mise à jour le 28/06/2009 à 10:39 TU

Près de 600 000 électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle anticipée en Guinée Bissau. La Commission Nationale des Elections affirme que tout est prêt. L’élection fait suite à l’assassinat par des militaires, le 2 mars dernier, du président Nino Vieira. Un candidat et un ancien ministre ont eux-mêmes été tués au moment de l’ouverture de la campagne. Rien n’a été résolu depuis. Et beaucoup craignent que les violences politiques ne reprennent après l’élection…
Lors du dernier meeting de campagne de Malam Bacaï Sanha, vendredi 26 juin 2009, Place des héros nationaux à Bissau.(Photo : Laurent Correau/RFI)

Lors du dernier meeting de campagne de Malam Bacaï Sanha, vendredi 26 juin 2009, Place des héros nationaux à Bissau.
(Photo : Laurent Correau/RFI)

De notre envoyé spécial à Bissau, Laurent Correau

La sonorisation festive de la fin de campagne électorale a fini par couvrir le bruit des balles qui ont tué le candidat Baciro Dabo et le ministre Helder Proença le 5 juin dernier. La détente du climat politique bissau-guinéen, ces derniers jours, ferait presque oublier que les militaires qui ont assassiné le président Vieira n’ont toujours pas eu à rendre de comptes à la justice.

La poursuite de l’impunité et la persistance de conflits politiques au plus haut niveau de l’Etat font craindre à de nombreux observateurs que l’élection d’aujourd’hui ne parvienne pas à ramener la stabilité en Guinée-Bissau.

L’opposant Idrissa Diallo, estime ainsi qu’avec cette élection, « on cherche à légitimer un pouvoir politique qui n’existe pas. Ce scrutin, dit-il, va simplement faire ressortir les fragilités du système. Il faudrait plutôt, explique-t-il, que les Guinéens se mettent autour d’une table pour définir les contours d’un véritable Etat. »

L’universitaire Huco Monteiro pense lui aussi que le scrutin ne va rien résoudre : « Il ne faut pas penser, dit-il, que c’est grâce aux élections seulement qu’on va éclairer la situation politique, sortir de l’imbroglio ». Selon lui, la Guinée-Bissau devrait s’inspirer des expériences de dialogue national qui ont réussi.

L’organisation International Crisis Group, dans son dernier rapport sur la Guinée-Bissau, estime elle aussi qu’une élection seule ne suffira pas si on veut mettre fin à la militarisation de la vie politique. Il faut plus : l’organisation appelle le prochain président à mettre en oeuvre la réforme des forces armées. Elle appelle la communauté internationale à établir une force qui pourrait protéger les institutions de l’Etat et les hommes politiques.

Trois candidats sortent du lot

Difficile, pour les électeurs bissau-guinéens de véritablement oublier les drames qui ont marqué l’ouverture de la campagne. Dans le secret de l’isoloir, ils seront face à des bulletins de vote comprenant 13 noms. Des bulletins imprimés avant l’assassinat de Baciro Dabo, et avant que Pedro Infanda ne se désiste pour des raisons de sécurité.

Les observateurs s’accordent à dire que le scrutin d’aujourd’hui se joue entre trois candidats sur les onze qui restent en lice. Trois hommes qui ont tous déjà occupé le fauteuil présidentiel.

Malam Bacaï Sanha.(Photo : Laurent Correau/RFI)
Malam Bacaï Sanha est le candidat officiel du parti au pouvoir, le PAIGC. Un parti divisé, mais qui s’efforce, pour ce scrutin de préserver une unité de façade. La machine électorale du parti est un véritable atout.

 Kumba Yala.(Photo : AFP)
Kumba Yala porte les couleurs du principal parti d’opposition, le PRS. Et cherche à faire oublier sa très

forte identité balante. Ses origines lui donnent pourtant des soutiens dans l’armée et font de lui un homme craint.

Enrique Rosa.(Photo : Laurent Correau/RFI)
Troisième poids lourd de cette élection : Enrique Rosa. Ancien président intérimaire entre 2003 et 2005. Candidat indépendant. Sa popularité, notamment à Bissau, vient brouiller le jeu dans ce qui s’annonçait comme un duel entre le PAIGC et le PRS.


Photos : Laurent Correau/RFI et AFP.