Article publié le 15/10/2009 Dernière mise à jour le 16/10/2009 à 07:46 TU
Des Somaliens suspectés de piraterie devant la cour de Mombassa, le 8 octobre 2009.
(Photo : Reuters)
Dans son bureau, l'avocat Francis Kadima défend déjà ses sept clients somaliens : «Difficile de savoir quelle loi internationale s'applique à eux. L'Union européenne a un accord formel avec le Kenya sur ce point. Mais ce n'est pas le cas des Etats-Unis. Quelle est la solution à ce problème ? Est-ce qu'il s'agit juste d'envoyer ces gens au Kenya et de les juger ? Comment se fait-il qu'on ne règle pas ce problème en plein essor ? Ce sont juste des gamins. Vous croyez qu'un gamin de 19 ans sait comment obtenir une rançon de 2 ou 300 millions ? Ils sont manipulés par qui ? Par les seigneurs de guerre en Somalie évidemment. Et eux, personne ne va les importuner. Comment cela se fait-il ? ».
Le procès a démarré la semaine dernière devant le tribunal central de Mombasa. Ils sont les sept premiers à être jugés, sur la centaine de suspects accusés de piraterie.
Dans sa combinaison orange de détenu, entouré par les gardes, celui qui semble être le chef des pirates présumés affirme qu'il est un simple pêcheur : « Depuis que notre pays est instable, qu'il y a la guerre, on n'a pas d'autre moyen de subsister. La seule chose qui nous permettait de faire vivre notre famille, c'était la pêche. Et c'est ce que nous faisons depuis la chute du gouvernement ».
Depuis février denier, Abdi Kheye et les six autres pirates présumés, sont dans leur prison kenyanne, sans aucun contact avec leur pays. « On est détenus avec des prisonniers kenyans, témoigne-t-il. On ne comprend pas leur langue. Ils ne comprennent pas la nôtre. On ne connait pas leur culture et eux ne connaissent pas la nôtre. Ici, on est détenus avec presque mille autres prisonniers ».
Abdi Kheye ajoute que « si on demande de l'eau, cela provoque une bagarre et c'est pareil avec la nourriture. Et quand une bagarre éclate et qu'ensuite, on se plaint aux soldats kenyans, en général ils nous répondent : "ici c'est le Kenya et vous n'avez aucun droit, à part celui de vous taire" ».
La Cour de Mombasa a suspendu ses audiences. Le procès reprendra en novembre prochain.
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