par Dominique Raizon
Article publié le 12/02/2007 Dernière mise à jour le 12/02/2007 à 17:47 TU
«La dissection du génome des diabétiques permet d'élucider environ 70% de la prédisposition à faire un diabète de type 2 (DT2)», la forme la plus répandue du diabète, souligne le Pr Philippe Froguel, co-auteur de l'étude.
(Photo : AFP)
Il existe différentes formes de diabète (gras, maigre). Cette maladie multifactorielle est en partie liée à un trouble de l’assimilation des glucides par l’organisme, et caractérisée par une présence excessive de sucre dans le sang et dans les urines. La forme la plus communément répandue est le diabète de type 2 (DT2) appelé aussi «diabète non insulinodépendant» c’est-à-dire que les malades ne sont pas obligés de s’injecter quotidiennement de l’insuline.
Une équipe de chercheurs composée de Franco-Britanniques (du CNRS-Institut Pasteur de Lille et de l’Imperial Collège de Londres), dirigés par Philippe Froguel et de Canadiens (de l’université McGill, Montréal) dirigée par Rob Sladek, a annoncé une avancée considérable dans l’identification de gènes prédisposant à cette forme de diabète DT2. Avec ces travaux, soutiennent-ils, s’ouvre la perspective d’une mise en place d’un test de détection.
Maladie métabolique, le DT2 survient souvent tardivement entre 40 ans et 50 ans, dans un contexte de surpoids, parfois d’hypertension et de taux de cholestérol trop élevé. Elle est caractérisée par une hyperglycémie (excès chronique de sucre dans le sang), par une résistance des cellules à l’insuline et, le plus souvent, par une surcharge pondérale. On dénombre plus de deux cent millions de diabétiques dans le monde. Or, avec l’épidémie d’obésité qui touche actuellement plus d’un milliard de personnes dont cent cinquante millions d’enfants, le nombre de malades atteints de DT2 devrait doubler d’ici à 2030, d’après les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les chercheurs ont analysé et comparé l’ADN (*) de quelque sept cents diabétiques français ayant des antécédents diabétiques familiaux et l’ADN d’un nombre équivalent de non diabétiques. Pour ce faire, ils ont utilisé une puce ADN (1) capable de disséquer entièrement le génome d’une personne. Puis, les scientifiques ont confirmé leurs résultats sur plus de cinq mille cinq cents autres malades. En conclusion, le professeur Froguel a déclaré que «quatre gènes découverts pourraient expliquer jusqu’à 70% de l’hérédité pour le DT2».
«Un profil des personnes à risque pour des stratégies préventives personnalisées»
C’est en général le mode de vie associé à des pathologies chroniques qui conduit l’organisme à ne plus réguler correctement le métabolisme du sucre. Les médecins pointent, comme prévention primaire, une hygiène de vie fondée sur une activité physique régulière et une alimentation pauvre en graisses saturées et en sucres mais riche en légumes et en fruits. Ceci étant, la prédisposition héréditaire jouerait également un rôle dans la prise de poids. D’où l’importance de pouvoir, d’ici un à deux ans, «utiliser un test génétique qui permettra de dire [quels sont ses propres risques d’être un jour diabétique] à un adolescent un peu en surpoids, ayant par ailleurs un père ou une mère diabétique», explique le professeur Froguel.
«A un moment où le nombre de diabétiques est en augmentation constante, nous allons pouvoir établir un profil des personnes à risque pour des stratégies préventives personnalisées permettant de réduire les risques de diabète –[pathologie elle-même] cause de maladies cardiaques, rénales, de cécité, d’impuissance et d’amputations», a explique Philippe Froguel.
Les travaux ont été réalisé pour deux millions d’euros. Le projet a été principalement financé par le Canada, au grand regret du chercheur français, Philippe Froguel. En effet, outre «l’interdiction d’accès au Centre national de génotypage d’Evry», ce dernier a déploré : «Nous sommes compétitifs en recherche, nous faisons des découvertes avant les autres, mais les bénéfices quittent le France, faute de financement».
(*) ADN : constituant essentiel des chromosomes, support matériel de l’hérédité.
(1) La puce à ADN est une petite pièce en métal (ou en plastique) de quelques centimètres carrés sur laquelle sont gravés un demi-million de variants (ou mutations) génétiques qui différencient un individu d’un autre comme, par exemple, la couleur des yeux. En y déposant un peu d’ADN extrait du_ sang, on peut étudier tout le génome d’une personne.
30/11/2006 à 20:01 TU