par Dominique Raizon
Article publié le 30/11/2007 Dernière mise à jour le 30/11/2007 à 14:41 TU
Vision, action, innovation : « Sans [esprit d’initiative] nous ne prendrons jamais d'avance sur l'épidémie », a fortement souligné le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, après le constat que, depuis le début de l’épidémie de VIH/sida, l’action a significativement progressé lorsqu’il y a eu un leadership puissant et engagé. Or, dans la lutte contre le sida, le meilleur leadership s'est souvent révélé au sein des organisations de la société civile, dans leur refus du statu quo.
Les grands organismes internationaux impliqués dans la lutte contre le fléau préconisent l’encouragement du leadership à tous les niveaux de la prévention et dans tous les secteurs de la société et des pays. L’Onusida indique que moins d’une personne sur cinq, exposée au risque d’infection par le virus, dispose d’un accès suffisant à des services de prévention de base. Le même organisme déplore que seules 24% des personnes ayant besoin d’un traitement contre le VIH y avaient accès au milieu de 2006.
A la suite de l’engagement des membres du G8, puis de celui des chefs d’Etat et de gouvernement au sommet mondial de l’ONU, en 2005, l’Organisme mondial pour la santé (OMS), l’Onusida et l’Unicef ont publié en avril 2007, un rapport intitulé Vers un accès universel : étendre les interventions prioritaires liées au VIH/sida dans le secteur de la santé.Département sida de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
« Le Rwanda, l'Ouganda, la Namibie dépassent maintenant les 50% de couverture des besoins. »
Protéger les territoires indigènes
Le sida se répand chez les communautés indigènes, a averti Survival International dans un rapport intitulé Le progrès peut tuer publié jeudi, à deux jours de la Journée mondiale contre la pandémie. Parce que, précisément, le VIH/sida touche « les populations les plus vulnérables au monde : ceux qui n'ont aucune conscience des risques que représentent des relations sexuelles non protégées, qui n'ont pas accès à des préservatifs, à des soins appropriés et dont la population est déjà en petit nombre », indique le directeur de Survival International, Stephen Corry. « La première solution est la plus simple: les gouvernements doivent faire en sorte que les territoires indigènes soient protégés de manière adéquate », ajoute Stephen Corry.
A titre d’exemple, le taux de séropositifs ou malades du sida en Papouasie est « au moins quinze fois plus élevé [que dans le reste de l'archipel indonésien] », selon Survival. « La province est habitée par 312 tribus qui ont subi des violences et une oppression extrêmes depuis l'occupation indonésienne dans les années 60. De nombreux indigènes croient même que l'armée indonésienne introduit délibérément le sida (VIH) afin de les éliminer », souligne le rapport.
Au Brésil et au Botswana aussi …
Autres exemples rapportés : au Brésil, les indiens Yanomamis de l'Amazonie « disent que des soldats stationnés sur leurs terres ont apporté avec eux la blennorragie et la syphilis en raison de l'exploitation sexuelle des femmes de la communauté indigène ». « Ils craignent que les soldats leur transmettre également le sida (…). Les indigènes meurent car leur territoire est envahi et occupé et parce qu'ils sont victimes de maladies étrangères dont ils n'avaient auparavant aucune connaissance. Nous pouvons dorénavant ajouter de plus en plus le sida à cette liste de maladies mortelles », explique Stephen Corry.
Le constat est semblable chez les Bushmen du désert du Kalahari, au Botswana (Afrique). « Le sida y était virtuellement inconnu avant que le gouvernement ne les expulse de leurs terres. Mais, dans le camp de New Xade, au moins 40% des décès parmi les Bushmen étaient dus au sida en 2002 », selon le rapport.
Chercheur en immunologie à l’hôpital Henri-Mondor et directeur scientifique du programme vaccinal vih de l’ANRS
« On a fait des progrès considérables dans les dix dernières années, mais c'est toujours une course contre la montre. »
12/10/2007 à 17:35 TU