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Ethologie

On n’apprend pas aux singes à faire des affaires

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 11/02/2008 Dernière mise à jour le 13/02/2008 à 17:05 TU

Le chimpanzé, un parfait businessman !(Photo : AFP)

Le chimpanzé, un parfait businessman !
(Photo : AFP)

Selon une étude américaine parue le 30 janvier 2008 dans la revue scientifique en ligne Plos One, les chimpanzés ne s'engageraient dans un troc qu'à condition de pouvoir en retirer un bénéfice immédiat. Ils n'accumuleraient pas de biens et auraient un sens peu développé de la propriété.

Les expériences sur le comportement des singes a été effectué sur deux groupes de chimpanzés vivant dans des conditions différentes. Tous les chimpanzés participant à l'expérience se sont montrés prêts à céder leurs carottes, un aliment qu'ils n'apprécient guère, contre des raisins, qu'ils adorent. Les chercheurs ont pu constater que, dans ces situations de convoitise, « les chimpanzés pratiquent le troc pour échanger des articles de valeur plus faible afin d'obtenir des biens de valeur supérieure (à leurs yeux), et non l'inverse ».

Les chimpanzés, en revanche, « ont montré plus de difficultés à entreprendre l'échange attendu lorsque les aliments avaient (pour eux) des valeurs plus proches », expliquent Sarah Brosnan et ses collègues du Michael Keeling Center de recherche et de médecine comparative de

l'Université du Texas. Dans ces cas, ils avaient tendance à consommer la friandise qu'ils appréciaient moins, plutôt que des aliments plus désirables qu'ils pouvaient obtenir grâce au troc.

Du troc chez les singes au troc chez les hommes

Les chercheurs avancent deux hypothèses pour expliquer ce comportement. La première explication serait  le risque élevé de « défection » du chimpanzé qui a reçu une marchandise et qui doit en donner une autre en retour, mais qui peut aussi … s'en aller en courant ! Dans le cas d'un échange avec l'homme, le singe ne craindra pas d'être dupé et sera plus enclin à effectuer la transaction. La deuxième hypothèse est l'absence d'accumulation de biens chez les chimpanzés.

Ces primates, commentent les scientifiques, « obéissent à des règles de possession de biens qu'ils contrôlent physiquement », mais un individu « ne peut pas se spécialiser dans la production ou dans du troc sur une grande échelle », comme dans le modèle de développement des sociétés humaines décrit au 18ème siècle par l'économiste Adam Smith. Mais, « les humains non plus ne maximisent pas toujours leurs gains, en particulier lorsque le coût des transactions est élevé », relèvent enfin les chercheurs qui espèrent que de futurs travaux révéleront comment le troc de produits à forte valeur « est devenu une forme importante de coopération chez les hommes ».