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Cerveau

1, 2, 3 … Le nourrisson a le sens des nombres

par Dominique Raizon

Article publié le 29/02/2008 Dernière mise à jour le 29/02/2008 à 17:12 TU

Précoce ? Non, dans les « normes » ! Dès trois mois, tous les nourrissons, quelles que soient leur culture et leur éducation, possèderaient cette faculté de saisir en une fraction de seconde combien d'objets contient un ensemble. Ce sens du nombre, dès les premiers mois de la vie, a été prouvé par imagerie médicale par une équipe de chercheurs français dans une unité de recherche commune au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), au laboratoire Neurospin à Orsay, près de Paris.

Réponse au changement de nombre.© CEA/Inserm

Réponse au changement de nombre.
© CEA/Inserm

« Pendant très longtemps on a cru que le cerveau du bébé à la naissance n'était pas du tout spécialisé et que tout était fait par apprentissage à partir de la naissance », a déclaré Véronique Izard, qui a fait sa thèse à Neurospin sur ce sujet et poursuit aujourd'hui ses recherches à Harvard (Etats-Unis). Depuis 20 ans, des recherches fondées sur des méthodes comportementales montrent que le sens du nombre est présent chez le bébé dès 5 à 6 mois et « on est en train de montrer que dès la naissance il y a des régions qui sont très spécialisées », a-t-elle ajouté.

Les chercheurs ont eu recours à la technique de l’électro-encéphalographie (EEG), qui a consisté à mesurer l’activité électrique des cerveaux des bébés. Ils ont alors constaté que « les zones d'activation du cerveau ne sont pas les mêmes en cas de changement d'objet présenté et en cas de changement du nombre d'objets » : en d’autres termes, les nourrissons réagissaient aux changements.

Les matheux sont-ils des ‘bien configurés’ ?

Des études chez des singes, chez des hommes adultes et des enfants de quatre ans ont montré qu'il existe dans le cerveau des neurones spécialisés, qui « préfèrent » certains nombres. « Un neurone va par exemple réagir beaucoup plus si on lui montre deux objets que si on lui en montre un ou trois », explique Véronique Izard. « Chez le bébé, ajoute-t-elle, on n'a pas été jusqu'à ce niveau de finesse, mais toutes les études de comportement suggèrent la présence des mêmes propriétés ».

Ces travaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement et le développement du cerveau. Une étude de chercheurs de Harvard a notamment montré que, « au niveau de l'apprentissage des mathématiques vers 5-6 ans et même vers 10-12 ans, la finesse de ce sens des nombres était tout à fait corrélée avec la réussite des enfants en maths à l'école », selon Véronique Izard. « Des chercheurs américains ont aussi utilisé ces connaissances pour développer un logiciel afin d'aider les enfants dyscalculiques, qui ont beaucoup de mal à comprendre la notion de quantité ».

Pour en savoir plus :

Site de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

Site du Commissariat à l'énergie atomique (CEA)