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Cyclisme

Comment Virenque a acheté sa victoire de Courchevel

par Gérard Dreyfus

Article publié le 20/06/2001 Dernière mise à jour le 19/06/2001 à 22:00 TU

Comme si les différents scandales liés au dopage ne suffisaient pas à décrédibiliser le monde du cyclisme, un livre qui paraît aujourd'hui en France dénonce d'autres pratiques qui n'ont rien à voir avec l'idée qu'on se fait du sport. Dans Tour de vices qui paraît chez Hachette, Bruno Roussel révèle que la victoire d'étape remportée à Courchevel dans le Tour de France 1997 par Richard Virenque a été une victoire achetée à son compagnon d'échappée, l'Allemand Jan Ullrich. Voici comment.
Les révélations de Bruno Roussel, l'ancien directeur sportif de la formation Festina, celle qui provoqua le cataclysme que l'on sait en juillet 98, ont été aussitôt démenties par Richard Virenque. Pourtant Roussel raconte par le détail les circonstances de l'entente illicite entre les deux coureurs. Cela s'est passé à treize kilomètres du sommet. «Virenque et Ullrich s'étaient défiés à plusieurs reprises par démarrages interposés, mais aucun ne cédait. Dans le creux d'un bref répit, Richard s'adressa alors à son adversaire.
- Tu me laisses gagner, OK ?
Ullrich n'avait pas besoin d'interprète.
- Combien ? »
Le lendemain un proche du coureur allemand, sur le parking des voitures des directeurs sportifs, s'en vînt présenter la facture. Cent mille francs.

Et Dufaux a «négocié» sa victoire de Pampelune avec Riis

Et Bruno Roussel de raconter d'autres épisodes de la même veine. Celui, par exemple, qui avait permis, l'année précédente au Suisse Laurent Dufaux de gagner l'étape de Pampelune après l'avoir négociée avec le Danois Bjarne Riis, alors porteur du maillot jaune. Les deux hommes étaient ensemble, en tête de la course. L'intérêt commun leur commandait de rouler ensemble. Riis conforterait son maillot jaune, et la victoire d'étape n'ajouterait rien à sa gloire du moment. Montant de la transaction: trente mille francs. Dans son livre, le directeur sportif explique que, pour n'avoir pas voulu ouvrir suffisamment grande sa bourse, en 97, alors qu'on était à deux jours de l'arrivée à Paris et qu'Ullrich se trouvait en grande difficulté entre Colmar et Montbéliard, Richard Virenque est peut-être passé à côté de la victoire finale. Il n'a proposé à ses compagnons de route que la modique somme de dix mille francs chacun. On n'appâte pas les mouches avec du beurre!

Peut-on vraiment parler de révélations ? La pratique est connue depuis des décennies et des décennies, même si la loi de l'omerta (silence) a toujours régné dans les pelotons. Et le mal ne touche pas que le petit monde des coureurs professionnels. C'est pire encore chez les amateurs qui vont de kermesse en kermesse pour se partager les lots à quelques-uns. Il paraît même que les organisateurs connaissent à l'avance le nom du vainqueur. La corruption fait partie des m£urs du peloton. Le directeur du Tour de France, Jean-Marie Leblanc confessait, lui aussi, dans un livre paru il y a deux ans, qu'il avait accepté de rouler, moyennant un dédit de mille francs (soit le quart de son salaire mensuel, en 1971), pour le Belge Roger de Vlaeminck lors des Quatre jours de Dunkerque. «Dans tous les pelotons, ce sont des choses qui se font», avouait-il alors.

Après l'affaire Festina, après le dernier scandale du Giro d'Italie, on peut penser que le monde du cyclisme a décidé la mort du vélo. Le tout prochain Tour de France nous dira si le public a, oui ou non, fait son choix entre le vice et la vertu.


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