par Marc Verney
Article publié le 30/08/2007 Dernière mise à jour le 30/08/2007 à 15:55 TU
Arbitrage dans le tournoi des Six nations 2000 : l'arbitre australien Stuart Dickinson sanctionne le Français Olivier Magne pour un placage trop haut sur le joueur anglais Matt Dawson.
(Photo : AFP)
L’affaire a fait grand bruit dans les gazettes de cet été 2007. Bernard Laporte, l’entraîneur du XV de France a suggéré, dans un entretien paru dans le quotidien La Provence, que l’équipe néo-zélandaise de rugby, les fameux All Blacks, bénéficiait d’un certain « laxisme » de la part des arbitres : « Ils ont pris une option : ils jouent à la limite de la règle, et parfois au-delà. Ils ont cet art d’accompagner la règle jusqu’à la frontière de ce qui est permis ». Et « cela devient un problème si l’arbitre ne siffle pas quand ils commettent des fautes »…
Ces mots ne viennent pas uniquement d’un entraîneur dont l’équipe a lourdement perdu ses derniers tests matchs face aux célèbres rugbymen néo-zélandais, favoris du Mondial 2007. Ils sont aussi l’expression d’une réalité d’un sport tout sauf monolithique : les arbitres peuvent avoir une perception différentes des règles du rugby, notamment entre ceux issus des championnats du sud de l’équateur et ceux du nord, habitués aux confrontations hivernales du tournoi des Six nations.
Hémisphère sud contre hémisphère nord ?
Ainsi, dans les compétitions de l’hémisphère sud, les arbitres ont moins tendance à siffler les « passages à vide » (débouler devant un défenseur adverse sans ballon), le jeu au sol, les entrées par le côté dans les mêlées spontanées (rucks) ou bien encore l’écroulement des mêlées fermées. Autant de fautes systématiquement signalées et sanctionnées dans les rencontres situées dans l’hémisphère nord. Les arbitres du Sud seraient-ils plus laxistes que les autres ?
Tana Umaga, l’ancien capitaine des All Blacks et entraîneur de l’équipe française de Toulon l’affirmait, en mai 2007 : « Je pense que les arbitres dans cette partie du monde ont des lacunes », soulignant que leurs homologues du Nord avaient « une plus grande empathie pour le jeu »... Reste que les rencontres organisée dans l’hémisphère sud, Tri-nations ou Super 14, spectaculaires et débridées, semblent beaucoup plus taillées pour la diffusion télé que partout ailleurs dans le monde.
Les anciens contre les nouveaux ?
Mais il n’y pas que la différence entre arbitrage dans l’hémisphère nord et dans celui du sud qui inquiète les entraîneurs des équipes qualifiées pour ce Mondial 2007. Ainsi, Marcelo Loffreda, le sélectionneur argentin, a dénoncé l'arbitrage de l’Anglais Chris White, accusé de favoriser les « frères » gallois après le test match Galles-Argentine du 18 août 2007 : « Il y a des règles pour les uns et pas pour les autres, et tout cela dans le même match »…Y a-t-il aussi un arbitrage pour les nations « historiques » du rugby, et un autre pour les « nouvelles » équipes émergentes de ce sport ? Folklore ou réalité ?
Il est certain qu’une forme de « bizutage » a touché l’équipe de France à son entrée dans le tournoi des nations britannique, au début du XXe siècle… Et, parmi les douze arbitres titulaires de la Coupe de monde 2007, on ne trouve qu’un Français, Joël Jutge, pour trois Anglais, deux Néo-Zélandais, deux Sud-Africains, deux Irlandais, un Gallois mais aucun Roumain, Italien ou Argentin.
L’arbitre vidéo, la panacée ?
Le rugby est pourtant l’un des sports qui a le plus innové en matière d’arbitrage. Et dont le referee (nom anglais pour l’arbitre) a le moins de difficulté à faire respecter ses décisions, d’abord grâce à un dialogue constant avec les joueurs sur le terrain, mais aussi avec sa capacité à faire reculer « de dix mètres » l’équipe contestataire.
L’arrivée de la vidéo sur les terrains date de l’an 2000 dans l’hémisphère sud (un an plus tard dans le nord). L’image télévisée est actuellement utilisée lorsqu’il y a doute sur la validité de l’essai. En ce cas, et par un geste rituel, un carré dessiné avec ses mains, l’arbitre se met en rapport avec l’arbitre vidéo, qui visionne au ralenti, et sous plusieurs plans, l’action litigieuse. L’assistant vidéo ayant donné son avis, l’arbitre de terrain siffle ou pas l’essai.
L’International Rugby Board (IRB) réunit tous les arbitres de la Coupe du monde dans la station de ski de Tignes du 31 août au 2 septembre. Mission : tenter d’abolir les disparités et unifier l’arbitrage du Mondial qui approche. « Ce n’est pas mission impossible, mais c’est très difficile », indique à l’AFP le président de la Commission centrale des arbitres français, René Hourquet.